Voici votre Dieu : c’est
la vengeance qui vient, la revanche de Dieu ! Vengeance,
revanche : voilà bien des mots auxquels nous ne sommes pas habitués
lorsque l’on parle de Dieu. Des générations de prédicateurs ont tout fait pour
évacuer l’image d’un Dieu jaloux, d’un Dieu méchant, d’un Dieu dont il faut
avoir peur. Et voilà que la liturgie nous parle de la vengeance de Dieu !
Nous aurait-on trompés ?
Il
faut bien lire tout l’extrait proposé à notre méditation pour bien comprendre
de quoi il s’agit. Rien ne serait pire aujourd’hui que de sortir ces mots de
leur contexte. Quand Dieu se venge, c’est pour sauver son peuple. Il vient apporter un mieux-être à ceux qui sont marqués par une limite : les yeux des aveugles se dessilleront, les
oreilles des sourds s’ouvriront. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la
bouche du muet criera de joie ; car l’eau jaillira dans le désert…
Quand Dieu se venge, il supprime le Mal qui frappe l’homme. Nous pourrions
citer encore ici le psaume 145 qui a servi de réponse à la Parole entendue en
Isaïe. Nous constaterions encore que, quand le Seigneur se venge, c’est le Mal
qui recule ; c’est la fidélité de Dieu à son Alliance qui est rappelée. J’aime
cette idée que Dieu se venge du Mal qui nous frappe, parce qu’il nous aime et
nous veut heureux et libres ! Le thème de la vengeance de Dieu vient nous
rappeler que la patience de Dieu est grande, certes ; mais si le péché
surabonde, son sens de la justice ouvre la voie à sa vengeance. Pour Dieu, le
Mal ne peut, ni ne doit, prendre le pas sur l’homme. L’homme est à Dieu, et Dieu
protège son œuvre.
Peut-être
est-ce pour éviter au peuple, renouvelé dans la mort et la résurrection du Christ,
la vengeance de Dieu, que saint Jacques rappelle aux premiers croyants au Christ
qu’il ne faut pas faire de différences
entre [les hommes]. S’ils s’entêtaient à mettre à l’honneur les gens riches
et à repousser les pauvres en bout d’assemblée, sans doute risqueraient-ils d’attirer
sur eux la vengeance de Dieu ! D’où son invitation à aucune partialité envers les personnes, rappelant au passage que
les pauvres sont le choix de Dieu, les préférés de Dieu. La charité inventive
et active est le meilleur rempart à la vengeance de Dieu. S’il l’homme est
juste en toutes ses voies, Dieu n’aura pas à exercer sa vengeance pour rétablir
l’équilibre entre les hommes.
Dans
l’Evangile, Marc nous montre Jésus qui, à sa manière, exerce la vengeance de Dieu
lorsqu’il rend l’ouïe et la parole à un sourd. Il accomplit ce qu’Isaïe a
annoncé. Mais surtout il exerce cette vengeance en faveur de tous les hommes. En
effet, Marc insiste lourdement sur le lieu où passe Jésus, en plein territoire de la Décapole. Autant dire qu’il est chez les
étrangers ! Et c’est là, sans doute en faveur de l’un d’eux, qu’il réalise
ce miracle et qu’il ouvre un homme à la tendresse de Dieu à son égard. Il le
venge de son passé d’exclusion qui l’empêchait d’entendre et de parler
correctement. Avec Jésus, Dieu ne venge pas seulement ceux de son peuple qui
auraient à souffrir du Mal ; il venge tout homme. L’origine géographique,
voire religieuse, n’a aucune importance ; Dieu aime tout homme et
intervient en faveur de tout homme soumis à la loi du Mal. Il vient refaire
toutes choses nouvelles pour chacun et pour tous. La vengeance de Dieu ne
discrimine personne ; elle porte le salut à tous. Quiconque a besoin d’être
libéré, quiconque a besoin d’un mieux dans sa vie, peut se tourner vers lui et
espérer de lui qu’il exerce sa justice, qu’il rétablisse le bon droit.
Quand
Dieu se venge, il exerce sa justice envers tout homme qui en a besoin. En posant
des actes de charité et de miséricorde, nous aidons Dieu à accomplir sa
vengeance et à rétablir chacun dans ses droits, dans sa dignité de fils de Dieu,
créé à son image et à sa ressemblance. La vengeance de Dieu est loin de nos
petites vengeances mesquines. Quand Dieu se venge, le monde et l’homme s’en
portent mieux. Avec le psalmiste, nous pouvons louer Dieu qui prend soin de
chacun et répand le bon droit et la justice. Amen.
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