Bienvenue sur ce blog !

Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 31 octobre 2015

Toussaint - 01er novembre 2015

Heureux !




Heureux ! C’est le premier mot de Jésus à la foule venue se rassembler autour de lui, le premier mot de son ministère. Il précise ainsi, dès son premier discours, pourquoi il est venu, quelle est sa mission : rappeler aux hommes qu’ils sont faits pour vivre, heureux et libres, avec Dieu et tous les hommes, leurs frères. Et l’on comprend alors aisément pourquoi il est écouté. Qui n’a pas envie d’être heureux ? Qui ne cherche pas le bonheur ici bas ? 
 
Heureux ! Ce premier mot de Jésus est une invitation faite à tout homme. Il n’est pas une loi morale, il n’est pas un commandement ; il est une invitation ! Tu peux être heureux, vraiment, si tu écoutes ce que je te dis et si tu essaies d’en vivre. Nous ne le savons que trop bien : le bonheur ne se commande pas, le bonheur ne se programme pas. Mais, semble nous dire Jésus, il est des chemins qui y mènent, assurément !  Celui qui accepte de suivre l’un de ces chemins parvient au bonheur véritable. Quels sont ces chemins ? Les béatitudes les égrainent l’un après l’autre, par 9 fois. Heureux les pauvres de cœurs ! Heureux les doux ! Heureux ceux qui pleurent ! Heureux ceux qui ont faim et soif de justice ! Heureux les miséricordieux ! Heureux les cœurs purs ! Heureux les artisans de paix ! Heureux les persécutés pour la justice ! Heureux ceux qui sont persécutés à cause de Jésus ! Voilà les chemins de bonheur que Jésus propose ! Reconnaissons qu’ils ont l’air bien raide ! Ils sont, en tous les cas, à l’opposé des bonheurs proposés par la publicité aujourd’hui : pour elle, vous ne pouvez être heureux que si vous êtes jeune, beau, riche, et en bonne santé. Et si vous n’appartenez pas à l’une de ces catégories, rassurez-vous, il existe un produit qui peut supprimer ce manque : celui que nous ne possédez pas encore et que la publicité vous propose justement d’acquérir ! Les chemins de bonheur de Jésus ne sont pas des argumentaires publicitaires. Ils ne proposent pas d’acquérir quelque chose d’extérieur pour devenir  heureux. Ils proposent, au contraire, de changer notre intérieur, pour nous faire comprendre où est le vrai bonheur. Il n’est pas dans ce que l’homme possède, mais dans ce qu’il est. Les chemins vers le bonheur que Jésus propose ne s’achètent pas ; ils supposent désir de conversion, ouverture aux autres, attention à ce qui fait la vie des hommes. 
 
Heureux ! Il y a une béatitude qui permet de comprendre que ces chemins vers le bonheur que Jésus propose ne sont pas aussi difficiles ou inatteignables qu’ils le paraissent. C’est curieusement la dernière. Et celle-ci ne s’adresse plus à tous les hommes (heureux ceux qui …), mais elle ne s’adresse qu’aux disciples de Jésus : Heureux serez vous lorsque … à cause de moi ! C’est dans la relation personnelle à Jésus que se révèle le vrai bonheur. C’est dans la relation à Jésus que l’ouverture aux autres et à Dieu prend tout son sens. C’est dans la relation à Jésus que l’homme trouve la force de suivre ces chemins, parce que le Christ, le premier, les a empruntés et vécus pleinement. Il est venu proposer le vrai bonheur aux hommes ; et pour que les hommes puissent s’y convertir, il s’est offert sur la croix, afin de nous recentrer sur Dieu et sur son œuvre de salut pour tous. En mourant sur la croix, il nous ouvre définitivement la possibilité d’être heureux, puisque le dernier obstacle au bonheur, à savoir la mort, est vaincu alors même que nous croyions que tout était fini et que Jésus s’était trompé. Sur la croix, Jésus ne nous trompe pas : il nous sauve ! Sur la croix, il révèle sa toute puissance et nous ouvre au vrai bonheur. Parce qu’il y a de la joie à être sauvé du mal et de la mort par le Christ ! Parce qu’il y a de la joie à connaître enfin un règne de justice et de paix ! Parce qu’il y a de la joie à se savoir aimé ainsi, jusqu’au bout, jusqu’au plus profond de la mort. 
 
Heureux ! Ce bonheur que Jésus nous propose n’est pas pour plus tard. C’est un vrai bonheur pour aujourd’hui. Et tous ceux qui marchent déjà, fidèlement, à la suite de Jésus, connaissent un bout de ce vrai bonheur dont ils attendent la réalisation totale lorsqu’ils seront appelés à voir Dieu. La fête de la Toussaint vient heureusement nous redire que ce bonheur promis se réalise, dès ici-bas et pour l’éternité : à preuve, la foule immense de celles et de ceux qui, au long de notre histoire, ont accordé foi et confiance au Sauveur, ont reconnu en lui celui qui est venu sauver les hommes de la désespérance et de la mort ; avec lui, ils ont trouvé le chemin du bonheur, dès ici-bas. Avec lui, ils sont parvenus au vrai bonheur, celui que même la mort ne saurait nous enlever. Près de lui, ils nous attendent, pour qu’avec eux, nous formions cette foule immense qui chante la gloire de Dieu ! Que la célébration de leur fête nous stimule et oriente notre vie vers le Christ. Que cette Toussaint nous permette de redécouvrir à quel bonheur nous sommes appelés. Aujourd’hui et toujours. Amen.
 
(Dessin extrait de L'image de notre paroisse, n° 203, éd. Marguerite, nov. 2003)

samedi 24 octobre 2015

30ème dimanche ordinaire B - 25 octobre 2015

Jésus, prends pitié de moi !




Le pauvre Bartimée doit se retourner dans sa tombe lorsqu’il entend une réflexion assez récurrente dans certains milieux, et qui consiste à dire qu’il y a trop de « prends pitié de nous » dans notre célébration eucharistique. En fait, il y a trois moments de la messe qui nous font prononcer ses paroles : le rite pénitentiel, le chant du Gloire à Dieu et celui de l’Agneau de Dieu. Ce qui est plus surprenant, c’est que les mêmes qui trouvent que cela fait vraiment trop vont s’extasier devant Bartimée qui crie à qui-mieux-mieux : Fils de David, prends pitié de moi !  
Il a dû le répéter, son cri, pour être entendu de Jésus au milieu de cette foule nombreuse qui l’accompagnait. Il a bien senti que c’était là sa chance. Il avait entendu parler de Jésus, de ce qu’il a fait pour d’autres. Pourquoi son tour ne viendrait-il pas ? Pourquoi ce jour précis ne serait-il pas son jour ? Il a crié à l’envi vers Jésus, alors même que beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire. Apparemment, à l’époque déjà, ce cri lancé vers Jésus dérangeait. A moins que des bien-pensants pensaient justement que Jésus avait mieux à faire que de s’occuper d’un mendiant, aveugle de surcroît. Il aurait pu crier autre chose vers Jésus ; il aurait aussi bien pu se taire. Mais voilà, Jésus passe par là ; il est hors de question pour Bartimée qu’il ne passe pas dans sa vie. Fils de David, prends pitié de moi. 
A force de crier, il est entendu. Imaginez sa joie lorsqu’on lui dit : Confiance, lève-toi ; Il t’appelle. Les gestes qu’il pose à ce moment-là disent mieux que des mots tout ce qu’il attend de cette rencontre : il jette son manteau (le seul bien qu’il a), bondit et court vers Jésus. Pour un aveugle, il fait fort ! Comme s’il savait instinctivement où il devait aller. Quand Jésus appelle, rien ne peut vous retenir loin de lui longtemps. Même la cécité ne peut empêcher la rencontre. Jésus l’interroge : Que veux-tu que je fasse pour toi ? Et la réponse jaillit, comme l’éclair dans la nuit : Rabbouni, que je retrouve la vue ! Cela semblait évident, mais le désir de l’aveugle crié si fort vers Jésus quand il était encore au bord de la route se devait d’être précisé. Le Prends pitié de moi devient une demande claire : Que je vois ! Et ce désir est exaucé ! Bartimée voit désormais. Tout cela parce qu’il a osé crier vers Jésus quand bien même les autres voulaient le faire taire. Voyez la puissance de ces simples mots : Fils de David, prends pitié de moi ! 
Je crois qu’on ne les dira jamais assez, qu’on ne les criera jamais assez vers Jésus, ces quatre mots : prends pitié de moi ! Ils sont notre cri de confiance vers Jésus dont nous savons qu’il peut quelque chose pour nous. Quand l’homme ne peut plus rien pour l’homme, quand tout va mal, il reste cette espérance : Jésus peut quelque chose pour moi. C’est tellement vrai qu’il a donné sa vie pour moi sur la croix. Il est allé jusqu’à la mort, et Dieu l’a ressuscité. Dans le parcours vers la Première communion que notre diocèse avait choisi de mettre en œuvre (Secrets de vie), c’est là le premier secret que découvrent les enfants. Parce que c’est ce secret qui nous met en route, chaque dimanche pour aller à la messe. Nous allons rencontrer quelqu’un qui peut quelque chose pour nous. Nous avons tous besoin de crier vers Jésus : Prends pitié de moi ! Non pas parce que nous serions de plus grand pécheur que d’autres, mais parce que nous faisons immensément confiance à Jésus, qui jamais ne nous abandonne. Quelle que soit notre vie, quelles que soient les épreuves que nous traversons, nous savons qu’en Jésus, nous avons un soutien, un guide, qui nous permettra d’arriver sur l’autre rive. Mais comment Jésus peut-il nous aider si nous ne lui demandons rien ? Comment Jésus peut-il nous aider si nous ne reconnaissons pas, avec ces simples mots (prends pitié de moi) que nous avons besoin de lui ? Jésus nous aime tellement qu’il respecte notre liberté ; il n’est pas un magicien qui viendrait, d’un coup de baguette, changer notre vie, simplement parce qu’elle lui semble de travers. Il a besoin que nous prenions conscience de notre manque, que nous prenions conscience qu’il peut quelque chose pour nous, pour qu’il puisse agir dans notre vie. Si Bartimée n’avait pas crié vers Jésus, ou s’il avait cédé à la foule qui lui enjoignait de se taire, comment aurait-il été guéri ? Comment la rencontre aurait-elle pu se faire ? 
Plutôt que de nous interroger sur le nombre de Prends pitié de nous que compte notre célébration, interrogeons-nous sur la qualité de notre cri vers Jésus. Que lui disons-nous, au fond de nous-mêmes, lorsque la liturgie nous fait dire ou chanter : Prends pitié de nous ? En faisons-nous un cri rituel, que nous disons parce qu’il faut le dire à ce moment précis ou en faisons-nous l’expression de notre désir profond et de notre confiance en Jésus qui peut tout pour nous ? Merci à toi, Bartimée de nous apprendre la persévérance quand nous crions vers Jésus ; merci à toi, Bartimée, de nous apprendre la confiance la plus absolue en celui vers qui nous crions. Puissions-nous, comme toi, découvrir la joie qu’il y a de bondir vers Jésus, à son appel, signe qu’il se préoccupe de nous, signe qu’il veut faire quelque chose pour nous. N’est-il pas venu à notre rencontre dans ce but ? N’est-il pas venu nous offrir la joie de Dieu et le salut de Dieu ? Avec toi, nous crierons désormais pleins de confiance : Jésus, prends pitié de moi ! Amen.

(Dessin extrait de L'image de notre paroisse, n° 274, octobre 2009, éd. Marguerite)

dimanche 18 octobre 2015

29ème dimanche ordinaire B - 18 octobre 2015

À la suite de Jésus, devenir serviteur.




Ne nous laissons pas distraire par la demande de Jacques et de Jean ; elle pourrait nous éloigner du cœur du message de ce dimanche. La proposition faite par l’Eglise elle-même d’une lecture brève de l’Evangile de ce dimanche vient confirmer cette intuition, puisqu’elle passe sous silence les sept premiers versets de cette page de saint Marc pour ne garder que les quatre derniers, qui forment donc ce qu’il ne faudrait pas ignorer aujourd’hui du message du Christ. Quel est ce message ? 

Nous pourrions le résumer ainsi : ne vivez pas comme les autres, comme le monde, chez qui ne compte que la force, le pouvoir bien assis, le fait d’être le premier, celui qui est servi. Chez vous, disciples de Jésus Christ, c’est le serviteur qui sera le plus grand. Car le serviteur ne peut faire autre chose que son maître : et nous le savons, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. Voilà donné l’horizon de toute action pastorale ; voilà donné le sens de notre appartenance au Christ. Nous ne sommes pas au Christ pour être meilleur ou plus fort que les autres. Nous  sommes au Christ, appelés à être meilleurs serviteurs, plus forts dans la lutte contre toutes formes d’injustice et contre toutes formes de structures de péché. Personne, de tous ceux qui se disent chrétiens, ne peut affirmer que le service, c’est pour les autres, pour telle ou telle catégorie de croyants, pour tel ou tel ministère dans l’Eglise. Non, le service est pour tous, c’est une obligation pour tous ; le service est génétiquement chrétien ! 

Nous pouvons relire ainsi toutes nos actions pastorales, tous nos engagements dans l’Eglise et dans le monde à l’aune de cette exigence demandée par le Christ lui-même. Suis-je le serviteur de mes frères quand j’accomplis le service qui est le mien ? Suis-je toujours en état de service quand je n’agis pas dans l’Eglise, mais dans la société, à mon travail, en famille, avec mes amis … ? Ai-je écarté tout sentiment de pouvoir, tout désir de domination culturelle, intellectuelle, sociale, économique, politique… ? Nous voyons bien que, même dans le groupe des Douze, existe cette tentation. Vouloir être le premier, vouloir être proche du pouvoir, c’est très humain. Si quelqu’un doit être devant les autres et profiter un peu du système, autant que ce soit moi : après tout, je ne suis pas pire que les autres ! Pourquoi seraient-ce toujours les autres qui profitent ? 

Appelés par Jésus à être ses disciples par notre baptême, nous sommes appelés à nous conformer à lui, à sa manière d’être, à sa manière de faire, à tout son enseignement. Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas à s’engager dans les lieux de pouvoir ou de décision ; mais cela nous engage à ne pas exercer le pouvoir de manière autoritariste, à ne pas décider en fonction de nos seuls intérêts, mais à avoir toujours au cœur et à l’esprit le bien de tous. Le serviteur est celui qui a assez de courage pour mettre en second ses propres envies pour ne voir d’abord que le bien de ceux qu’il sert, et surtout le bien de tous. Nous ne pouvons pas nous contenter de mener notre vie en pensant qu’elle n’a d’impact ni sur les autres, ni sur le monde dans lequel nous vivons. Etre serviteur, c’est mettre le respect de tous et de chacun en premier lieu et cultiver une saine humilité qui n’est ni humiliation personnelle, ni fausse modestie. 

A bien y regarder, la liturgie nous permet de comprendre mieux cet état de serviteur, elle qui nous a fait prier ainsi au début de notre célébration en ce 29ème dimanche ordinaire : Dieu éternel et tout-puissant, fais-nous toujours vouloir ce que tu veux et servir ta gloire d’un cœur sans partage. Vouloir ce que Dieu veut pour nous, en sachant qu’il ne veut que notre bonheur, notre vie et notre salut ; bref, ce qu’il y a de meilleur pour nous et pour tout homme ! N’hésitons pas à reprendre cette prière au cours de la semaine pour devenir serviteurs à l’image du Christ, serviteur véritable qui a donné sa vie pour la multitude. Puissions-nous apprendre ainsi de lui à faire de même. Amen.

(Dessin de Jean-François KIEFFER, in Mille images d'Evangile, éd. Les Presses d'Ile de France)
 

samedi 10 octobre 2015

28ème dimanche ordinaire B - 11 octobre 2015

Comment bien orienter sa vie ?




C’est un lieu commun que de dire que la vie n’est pas simple et que savoir faire les bons choix relève quelquefois de l’exploit. Qui n’a jamais regretté une décision prise ? Qui n’a jamais souhaité revenir en arrière pour faire autrement ? Il est vrai que le discernement n’est jamais simple. Souvent le temps nous manque pour une réflexion approfondie. Le croyant n’est certes pas épargné par cette commune condition, mais il a, à portée de main, ce qui est nécessaire pour limiter les décisions hâtives qui ne mènent qu’à des impasses. C’est ce que semble nous dire les lectures de ce dimanche. 

L’auteur du livre de la Sagesse nous indique une voie pour réussir notre vie : demander la sagesse dans la prière. Elle est préférable aux trônes et aux sceptres ; à côté d’elle la richesse n’est rien, tout l’or du monde auprès d’elle  n’est qu’un peu de sable. La Sagesse peut être reconnue comme la manifestation de l'Esprit Saint. Celui qui vit avec ne peut faire que les bons choix. Ce que l’auteur du Livre de la Sagesse veut nous faire comprendre, c’est qu’il est urgent de revoir nos priorités. L’essentiel n’est pas dans ce que l’on a, mais dans ce que l’on est. En demandant la sagesse, il devient sage et donc capable d’orienter sa vie dans le sens du bien, dans le sens d’un meilleur être. L’échelle des valeurs de l’homme sage n’est pas celle de l’homme du monde. Sa richesse vient de la présence de Dieu dans sa vie et non des richesses qui semblent bien ternes : un peu de sable, un peu de boue ! 

Etre mieux, vivre mieux, c’est aussi ce que Jésus propose à ce jeune homme, riche, qui vient vers lui. On est facilement pris de sympathie pour cet homme qui mène une vie droite puisqu’il ne commet ni meurtre ni adultère, ni vol ; il ne porte pas de faux témoignage, ne fait de tort à personne et honore ses parents. Pourtant, quelque chose le tracasse ; il veut plus, il veut mieux. Sa recherche est sincère, son désir de progresser réel. Il ne vient pas à Jésus pour l’éprouver, mais pour trouver une réponse à sa question : que faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? Nous sentons bien que ce n’est pas là une question rhétorique, mais bien un mouvement profond de son âme. Il veut progresser sur le chemin vers Dieu. Ce que Jésus lui demande n’est pas autre chose que ce que proclame l’auteur du Livre de la Sagesse : tenir pour rien ses richesses, les considérer comme sable et boue, et donc s’en débarrasser au profit de plus pauvres. Ceci fait, il pourra trouver sa richesse dans la suite du Christ. Le résultat, nous l’avons entendu, n’est pas brillant : il s’en va tout triste car il avait de grands biens. Ce plus qu’il recherche, il ne s’en sent pas capable… pour l’instant ! Peut-être un jour comprendra-t-il l’auteur du Livre de la Sagesse ! Peut-être un jour suivra-t-il Jésus ! Ne le jugeons pas, ne le condamnons pas, Jésus lui-même ne l’ayant pas fait ! 

Avec l’auteur de la lettre aux Hébreux, interrogeons-nous plutôt sur l’importance de cette parole de Jésus que nous entendons, dimanche après dimanche. Elle peut changer notre vie ; c’est sa raison d’être. Elle nous appelle, comme la Sagesse, à un mieux-être. Elle est donnée, parole vivante, pour trancher, pour pénétrer au plus profond de nous (jusqu’à la jointure de l’âme et de l’esprit). Elle va jusqu’au cœur, ce lieu où nous prenons nos décisions les plus intimes, les plus fortes, les plus radicales, celles qui orienteront notre vie. Comment recevons-nous cette parole, abondante, chaque dimanche ? Est-elle comme un vieux texte que l’on prend plaisir à réentendre, mais que l’on oublie sitôt rentrés chez nous ? Vit-elle en nous, à travers nous, de telle manière que d’autres peuvent comme la lire à travers notre vie ? 

La Parole de Dieu, offerte semaine après semaine est le signe que Dieu s’intéresse à nous et tient à nous. Il nous donne sa Parole pour qu’elle change notre vie, qu’elle nous permette de discerner ce qui est bien de ce qui ne l’est pas. Elle nous permet de faire chaque jour le choix de Dieu, présent au cœur de notre vie. Elle nous permet d’être mieux, de vivre mieux. Mais, avertit l’auteur de la Lettre aux Hébreux : nous aurons à lui rendre des comptes. Nous ne pouvons pas l’écouter innocemment, indifféremment, sans accepter qu’elle change quelque chose en nous. Elle n’est pas un beau texte parmi d’autres ; elle est la Parole de Dieu qui attend notre réponse. Et la plus belle réponse à apporter, c’est notre conversion, c’est-à-dire la prise au sérieux de cette parole. Dès lors, elle deviendra le moteur de notre vie, de nos actions, de nos paroles. 

Bien orienter sa vie revient finalement à la placer sous le regard de Dieu et sous la conduite de sa Parole. Certes, cette Parole est exigeante, mais elle promet la vie éternelle et offre dès ici-bas, une vie meilleure, mieux orientée, plus pleine et plus féconde. Cela vaut la peine de laisser cette Parole pénétrer en nous ; cela vaut la peine de laisser à Dieu la place qui lui revient au cœur même de notre vie. Ainsi nous ne craindrons pas au jour du jugement ; la Parole de Dieu elle-même parlera pour nous. Amen.

(Dessin publié dans L'image de notre paroisse, n° 238, octobre 2006, éditions Marguerite)

samedi 3 octobre 2015

27ème dimanche ordinaire B - 04 octobre 2015

De Jésus au synode sur la famille, même question, même réponse ?





Au moment où l’Eglise romaine ouvre la deuxième partie du synode sur la famille, ne sommes-nous pas, face à elle, comme les pharisiens face à Jésus dans l’Evangile, interrogeant sur la fin du mariage, et attendant une parole que nous n’accepterons que si elle correspond à notre propre pensée ? Ce synode est un pari risqué pour le pape François et pour l’Eglise en général ; saura-t-elle rester à l’écoute de son Seigneur et Maître et accepter d’être renvoyé aux origines, au projet initial de Dieu pour l’homme ? 
 
Ce projet initial de Dieu pour l’homme est un projet de bonheur, un projet de vie. Il s’exprime déjà dans la réflexion que Dieu fait lui-même : il n’est pas bon que l’homme soit seul ! Il y a déjà là l’énoncé de ce projet de Dieu pour l’humanité ; Dieu veut quelque chose de bon, quelque chose de meilleur pour l’homme que la solitude. Il aura donc une compagne, issue de lui, partageant sa dignité tout en étant autre. Le bonheur ne peut être ni dans la solitude non choisie, ni dans la similitude. Mais que faire quand il semble que cet autre ne correspond plus ? C’est la question des pharisiens ; c’est la question de quantité d’hommes et de femmes aujourd’hui, confrontés à l’échec de leur amour. Le projet initial de Dieu, qui était un projet de bonheur, quand les hommes échouent à le réaliser, faut-il accepter qu’il devienne un enfer ? S’il n’est pas bon que l’homme soit seul, il n’est pas davantage bon que l’homme souffre ou fasse souffrir ! 
 
Nous comprenons bien aujourd’hui la ressemblance des situations : que ce soit pour Jésus jadis ou que ce soit pour l’Eglise aujourd’hui, il y a là une mise à l’épreuve. Le pape François est plus que populaire ; son exigence d’une Eglise pauvre, ses remises en question de nombreuses manières de vivre, plaisent. Mais si ses réponses à toutes les questions concernant la famille ne sont pas dans l’air du temps, comment réagirons-nous ? Comment réagiront tous ceux qui le suivent aujourd’hui, chrétiens ou non ? 
 
Il est bon pour cela, de commencer ce synode, ce cheminement ensemble, en réentendant ce qui était le projet initial de Dieu pour l’homme, en réentendant que Dieu veut le meilleur pour l’homme. Il est important aussi d’entendre l’enseignement de Jésus donné aux pharisiens sur le mariage. Il ne se situe pas dans l’air du temps ; il ne répond pas aux envies de ceux qui font autorité. Il répond à ce que Dieu veut, a toujours voulu et voudra toujours. Mais reste quand même  la question de l’échec. Si l’Eglise ne peut pas revenir sur le projet initial de Dieu, elle ne peut pas davantage enfermer l’homme dans des situations impossibles, surtout à deux mois d’un jubilée de la miséricorde. Comment manifester cette miséricorde quand l’amour échoue ? Comment permettre à l’homme (ou la femme) blessé dans son amour, de vivre encore, de vivre malgré tout et de reconnaître encore que Dieu veut le meilleur pour lui ? 
 
Sans doute la miséricorde est-elle la clé de ces questions. Elle fait partie de ce meilleur que Dieu veut pour l’homme. Elle n’est ni faiblesse, ni renoncement aux exigences, ni enfermement dans des situations impossibles à vivre. Elle est au contraire ouverture et libération, dans la vérité. Le Dieu qui veut le meilleur pour l’homme est aussi le Dieu miséricordieux qui va à la recherche de l’homme. Puissions-nous accueillir les réponses du synode comme nous devrions accueillir ceux et celles qui échouent à vivre le meilleur que Dieu veut pour eux : avec miséricorde et humilité. Amen.

(Image extraite de la Revue L'image de notre paroisse, n° 202, octobre 2003)