Au
moment où l’Eglise romaine ouvre la deuxième partie du synode sur la famille,
ne sommes-nous pas, face à elle, comme les pharisiens face à Jésus dans l’Evangile,
interrogeant sur la fin du mariage, et attendant une parole que nous n’accepterons
que si elle correspond à notre propre pensée ? Ce synode est un pari
risqué pour le pape François et pour l’Eglise en général ; saura-t-elle
rester à l’écoute de son Seigneur et Maître et accepter d’être renvoyé aux
origines, au projet initial de Dieu pour l’homme ?
Ce
projet initial de Dieu pour l’homme est un projet de bonheur, un projet de vie.
Il s’exprime déjà dans la réflexion que Dieu fait lui-même : il n’est pas bon que l’homme soit seul !
Il y a déjà là l’énoncé de ce projet de Dieu pour l’humanité ; Dieu veut
quelque chose de bon, quelque chose de meilleur pour l’homme que la solitude. Il
aura donc une compagne, issue de lui, partageant sa dignité tout en étant
autre. Le bonheur ne peut être ni dans la solitude non choisie, ni dans la
similitude. Mais que faire quand il semble que cet autre ne correspond plus ?
C’est la question des pharisiens ; c’est la question de quantité d’hommes
et de femmes aujourd’hui, confrontés à l’échec de leur amour. Le projet initial
de Dieu, qui était un projet de bonheur, quand les hommes échouent à le
réaliser, faut-il accepter qu’il devienne un enfer ? S’il n’est pas bon
que l’homme soit seul, il n’est pas davantage bon que l’homme souffre ou
fasse souffrir !
Nous
comprenons bien aujourd’hui la ressemblance des situations : que ce soit
pour Jésus jadis ou que ce soit pour l’Eglise aujourd’hui, il y a là une mise à
l’épreuve. Le pape François est plus que populaire ; son exigence d’une
Eglise pauvre, ses remises en question de nombreuses manières de vivre,
plaisent. Mais si ses réponses à toutes les questions concernant la famille ne
sont pas dans l’air du temps, comment réagirons-nous ? Comment réagiront
tous ceux qui le suivent aujourd’hui, chrétiens ou non ?
Il
est bon pour cela, de commencer ce synode, ce cheminement ensemble, en
réentendant ce qui était le projet initial de Dieu pour l’homme, en réentendant
que Dieu veut le meilleur pour l’homme. Il est important aussi d’entendre l’enseignement
de Jésus donné aux pharisiens sur le mariage. Il ne se situe pas dans l’air du
temps ; il ne répond pas aux envies de ceux qui font autorité. Il répond à
ce que Dieu veut, a toujours voulu et voudra toujours. Mais reste quand même la question de l’échec. Si l’Eglise ne peut pas
revenir sur le projet initial de Dieu, elle ne peut pas davantage enfermer l’homme
dans des situations impossibles, surtout à deux mois d’un jubilée de la
miséricorde. Comment manifester cette miséricorde quand l’amour échoue ?
Comment permettre à l’homme (ou la femme) blessé dans son amour, de vivre
encore, de vivre malgré tout et de reconnaître encore que Dieu veut le meilleur
pour lui ?
Sans
doute la miséricorde est-elle la clé de ces questions. Elle fait partie de ce
meilleur que Dieu veut pour l’homme. Elle n’est ni faiblesse, ni renoncement aux
exigences, ni enfermement dans des situations impossibles à vivre. Elle est au
contraire ouverture et libération, dans la vérité. Le Dieu qui veut le meilleur
pour l’homme est aussi le Dieu miséricordieux qui va à la recherche de l’homme.
Puissions-nous accueillir les réponses du synode comme nous devrions accueillir
ceux et celles qui échouent à vivre le meilleur que Dieu veut pour eux :
avec miséricorde et humilité. Amen.
(Image extraite de la Revue L'image de notre paroisse, n° 202, octobre 2003)
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