Lorsqu’un enfant est annoncé, la première
question qui jaillit, mise à part celle de son sexe, est bien celle du nom. Comment
l’appellerez-vous ? Et à voir toute la littérature qui existe aujourd’hui
sur le sujet, le top vingt des prénoms les plus à la mode publié chaque année, on
peut se demander si les nouveaux parents sont vraiment libres de leur choix. Selon
que vous habitiez à Paris, Strasbourg ou Marseille, en ville ou à la campagne,
il semblerait que toute une série de critères vous influence, bien malgré vous.
La question n’est pas neuve. Dans l’Evangile,
lorsqu’il s’agit de nommer le futur Jean le Baptiste, il est rétorqué à sa mère
qui avait dit : il s’appellera Jean !,
que personne dans la famille ne porte
ce nom-là ! Et nous venons d’entendre, dans l’Evangile de ce jour, que
l’enfant qui grandit dans le sein de Marie reçoit pareillement son nom d’un
autre, le Tout-Autre. L’ange qui apparaît à Joseph lui déclare, en effet :
Joseph, fils de David, ne crains pas de
prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui grandit en elle vient
de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus,
c’est-à-dire le Seigneur-sauve. Et plus loin, rappelant la prophétie d’Isaïe :
Voici que la Vierge concevra, et elle
enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit :
Dieu-avec-nous. Vous pouvez, certes, discuter de la beauté des prénoms annoncés,
mais reconnaissez-le, leur sens est riche de promesses.
Jésus, Emmanuel ! En deux prénoms,
tout est dit de cet enfant. Ce ne sont pas des prénoms qu’il portera, mais tout
un programme de vie. Grâce à eux, les hommes sauront que Dieu lui-même est
entré dans l’Histoire et qu’il vient proposer ce que les hommes n’osent plus
espérer : le salut ! Dans un monde en crise, le nom de Jésus résonne
comme une promesse d’avenir. Au milieu d’un peuple perdu, le nom d’Emmanuel
rappelle que les hommes ne sont pas livrés à eux-mêmes, qu’au milieu d’eux Dieu
est présent. Deux prénoms à tenir ensemble pour se souvenir que la présence de Dieu
n’est pas source d’embêtement pour les hommes, mais source de salut, c’est-à-dire
source d’avenir, source de vie, source de joie, source de paix. En ces temps
troublés qui sont nôtres, en ces temps où des hommes utilisent le nom de Dieu à
des fins politiques et destructrices, il me semble bon de nous rappeler que Dieu
veut le meilleur pour l’homme, que Dieu veut la vie pour l’homme, que Dieu veut
le bonheur pour l’homme. Et pour que ces promesses soient garanties et tenues
pour vraies, il envoie son propre Fils dans le monde.
A l’Annonciation, c’est
bien ce qui a été annoncé à Marie ; elle a pu dire oui en toute quiétude,
sachant que Dieu gouvernait sa vie. Dans ce songe à Joseph que l’Evangile nous
rapporte en ce dimanche, c’est la même promesse qui est faite à l’époux de
Marie, troublé par cette grossesse inattendue. A son tour, il peut dire oui au projet
de Dieu et prendre chez lui son épouse. Un
jour, Jésus lui-même devra dire oui au projet de Dieu pour les hommes. Il prendra
alors les chemins de Palestine qui le conduiront à Jérusalem et à la croix. En attendant
ces jours, c’est à nous d’accueillir les promesses de Dieu, c’est à nous d’entrer
dans le projet d’amour, projet de salut de Dieu pour tous les hommes. Notre temps
de l’Avent qui entre dans sa dernière semaine voulait nous y préparer. Il nous
reste quelques jours pour y consentir et accueillir, en connaissance de cause,
celui que Dieu a promis : Jésus, Emmanuel ! Dieu avec nous, Dieu pour
nous, Dieu pour notre vie et notre avenir, aujourd’hui et toujours. Amen.
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