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samedi 14 janvier 2017

02ème dimanche ordinaire A - 15 Janvier 2017

Je fais de toi la lumière des nations.




Quel est le point commun entre le peuple d’Israël, le prophète Isaïe, Jean le Baptiste, Jésus Christ et nous ? Une même parole donnée par Dieu, un même destin : être la lumière des nations pour que le salut [de Dieu] parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. 
 
Etre la lumière des nations, c’est d’abord le rôle historique du peuple que Dieu a choisi et patiemment construit depuis Abraham. Israël n’est pas le peuple choisi par Dieu parce que celui-ci n’aurait pas d’intérêt pour les autres. Au contraire : c’est parce que Dieu se soucie de tous les peuples, c’est parce que tous les peuples ont de la valeur aux yeux de Dieu, que celui-ci se donne un peuple particulier pour vivre avec lui une alliance telle qu’elle donnerait envie aux autres peuples de vivre la même chose, et qu’ainsi les peuples divers s’uniraient dans la confession du même Dieu, dans le respect de la même Alliance, dans l’observance de l’unique parole de Dieu. Etre choisi par Dieu n’est pas du favoritisme, c’est une responsabilité : celle de faire connaître celui qui nous a appelé et mener les autres à lui. 
 
Etre la lumière des nations devient donc, en un temps précis, la mission du prophète Isaïe. Alors que le peuple de Dieu semble ne plus exister, décimé qu’il est par l’exil, voici que le prophète est chargé par Dieu de relever les tribus de Jacob, de ramener les rescapés d’Israël. Le temps de la miséricorde est venu, Dieu choisit à nouveau son peuple particulier et veut étendre son salut jusqu’aux extrémités de la terre. Le cœur de Dieu s’est dilaté ; le cœur de Dieu se révèle dans toute sa grandeur. Son salut est pour tous ceux qui le reconnaissent et viennent vers lui. Nous pouvons comprendre aisément, me semble-t-il, l’espoir qui renaît quand la nuit du péché touche à sa fin et que le salut du peuple, de tous les peuples, est annoncé ainsi. Dieu vient faire toutes choses nouvelles. 
 
Etre la lumière des nations est bien un aspect de la mission de Jean le Baptiste lorsqu’il se tient sur les bords du Jourdain et propose un baptême de conversion. Il est venu pour montrer aux hommes l’Agneau de Dieu, le Fils de Dieu. Certes, sa mission se situe bien à l’intérieur du peuple que Dieu s’est choisi. Il est venu baptiser dans l’eau pour que le Christ soit manifesté à Israël d’abord. Mais puisque la mission d’Israël est d’être déjà lumière des nations, si le Christ est révélé à ce peuple particulier, il le sera aussi aux autres, par extension de la mission. 
 
Etre la lumière des nations, c’est bien ce qu’a été Jésus durant toute sa vie et au-delà. En s’adressant à tous (y compris la Samaritaine), en guérissant des malades (y compris le serviteur d’un centurion romain), en donnant sa vie sur la croix, c’est bien à tous les hommes qu’il s’adresse, c’est bien tous les hommes qu’il embrasse de son amour. Jésus est celui qui a accompli parfaitement la prophétie confiée à Isaïe. Il a voulu unir tous les hommes en lui pour les réconcilier entre eux et avec Dieu. Il a fait de tous des frères leur rappelant qu’ils n’avaient tous qu’un même Père, le sien, le Dieu trois fois saint. Sa parole et ses actes éclairent d’un jour nouveau les rapports entre les hommes, les rapports entre les hommes et Dieu. Nous comprenons pourquoi, après la mort et la résurrection de Jésus, ses Apôtres n’ont pu se taire et garder pour eux cette Bonne Nouvelle. Nous comprenons pourquoi ils ont parcouru le monde entier pour faire connaître cette Bonne Nouvelle du salut. Comment, ayant découvert et expérimenté l’amour de Dieu pour les hommes dans leur propre vie, comment donc auraient-ils pu ne pas le faire découvrir à leur tour ? 
 
Etre la lumière des nations, c’est notre mission maintenant, à la suite des Apôtres, au titre de notre baptême. Expérimentant l’amour miséricordieux de Dieu pour nous, pauvres pécheurs, comment pourrions-nous le garder alors que notre monde est plongé à nouveau dans les ténèbres de la division, de la haine, de la destruction et de l’oppression ? Notre baptême nous oblige à des actes « politiques », en faveur de la cité, en faveur du bien des hommes, de tous les hommes. Nous ne pouvons pas nous recroqueviller sur nous-mêmes ; nous devons avoir pour tous les hommes, et particulièrement les plus petits, les plus faibles, le même amour, la même attention, le même empressement à servir que Jésus Christ. Lui qui n’a pas fait de différence entre les hommes doit nous inspirer une posture nouvelle, au nom de notre attachement à lui, une posture qui permette au plus grand nombre de vivre en paix, avec le minimum nécessaire. Nous ne pouvons pas nous contenter de regarder le monde et nous lamenter sur lui. Chrétiens, nous devons diffuser l’amour du Christ pour tous les hommes par une charité inventive et constructive. Au minimum, nous pouvons offrir un regard tendre et un cœur ouvert à ceux qui sont dans la détresse pour qu’ils découvrent qu’ils ont encore de la valeur, qu’ils sont encore de cette communauté humaine qui avance à tâtons quelquefois à la rencontre de son Dieu et Sauveur. 
 
L’homme peut manquer d’argent, mais il ne peut, il ne doit jamais manquer d’amour. Le salut commence par ceci : un geste, un regard d’amour et de tendresse. Parce que c’est le regard primordial que Dieu lui-même porte sur nous. C’est le regard par lequel nous manifesterons le mieux sa présence à tous les hommes. C’est le regard par lequel nous serons sauvés ! C’est le regard par lequel nous serons vraiment lumière des nations. Amen.

(Dessin de Mr Leiterer)

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