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samedi 7 janvier 2017

Epiphanie - 08 janvier 2017

Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?




Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Voilà une question bien innocente, posée par des étrangers au roi Hérode. Ils ont vu une étoile se lever, annonçant la naissance de ce roi, et ils viennent naturellement au palais d’Hérode. Mais cette question simple a l’art de mettre en émoi tout le palais, et tout Jérusalem avec lui. Elle appelait une réponse simple a priori ; mais voilà, quand Dieu entre dans le monde, rien n’est jamais simple. 
 
Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? A cette question simple, Hérode ne sait répondre que par un bouleversement intérieur, l’ancienne traduction liturgique disait avec inquiétude. Et on le comprend ! Il sait bien qu’il n’a pas eu d’enfant récemment. Qui est ce roi dont parle ces étrangers ? Et que peut-il attendre d’Hérode ? Qu’il lui rende le trône ? Hérode ne peut être que fermé à cette question ; il ne veut pas l’entendre, et il ne veut pas trop en connaître la réponse, même s’il en fait chercher une par ses savants. Ce qu’il veut, l’histoire nous le dira, ce n’est pas tant entrer dans la démarche des mages que détruire ce roi nouveau-né, avant qu’il ne prenne trop d’importance. Pour lui, il n’y a qu’un roi des Juifs et c’est lui ! Il n’a pas vraiment l’intention de se prosterner devant ce nouveau-né. 
 
Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Les mages apporteront eux-mêmes une réponse à leur question lorsqu’ils entreront dans la crèche. Ils n’hésitent pas une seconde quand ils voient l’enfant avec Marie, sa mère ; tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Il y a là un grand mystère : des étrangers, qui ne connaissent pas le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, des étrangers qui ne sont pas du peuple de l’Alliance, voit un enfant dans les bras de sa mère, dans une pauvre demeure, et comprennent, instantanément, que c’est lui qu’ils ont cherché, lui dont ils ont vu l’étoile se lever. Qu’ont-ils de plus que les autres ? Qu’ont-ils de plus qu’Hérode et tous ses savants ? Ils ont juste un cœur ouvert à la nouveauté absolue que représente l’irruption de Dieu dans la vie des hommes. Là où d’autres n’auraient vu qu’un enfant comme tant d’autres, eux voient un roi. Là où Hérode voyait une menace, eux voient l’espérance d’un monde nouveau. Là où tant d’hommes et de femmes ne se sont pas laissés déranger, eux ont tout quittés pendant des semaines pour suivre une étoile. 
 
Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Cette question est pour nous aujourd’hui, car nous aussi devons répondre et nous positionner. Cherchons-nous notre salut dans notre travail, dans nos possessions, dans nos petits pouvoirs ? Ou acceptons-nous que notre salut nous soit offert par un autre, par cet enfant nouveau-né que Marie présente au monde ? Sommes-nous, comme les mages, émerveillés, réjouis d’une grande joie ? Ou sommes-nous, comme Hérode, remplis d’inquiétude ? Notre monde ne manque pas d’Hérode qui veulent faire mourir ce nouveau-né qui dérange trop. Pas de place pour lui dans l’espace public ; qu’il soit enfermé dans des espaces privés, là où personne ne le voit. Qu’on ne parle pas de lui en public, qu’on ne s’exprime pas à son sujet, ni en son nom en public. Gare au prosélytisme ! Evacuons la crèche, évacuons l’espérance qu’elle représente. Heureusement qu’il y a eu les mages jadis, comme il y a des mages aujourd’hui qui cherchent Dieu et son amour, et savent se réjouir des signes pauvres qui annoncent cette grande joie : l’homme est appelé à la vie par Dieu et Dieu s’engage en faveur de cette vie, Dieu s’engage en faveur du salut des hommes. La crèche, comme la croix d’ailleurs, dira pour toujours cette présence de Dieu à notre monde. La crèche, comme la croix, dira toujours l’amour de Dieu pour les hommes et son attention particulière aux petits. Remarquez la pédagogie de Dieu qui se révèle d’abord aux petits, à travers les bergers puis aux sages et aux savants, à travers ces mages venus de loin. Notre monde a plus que jamais besoin de chercheurs de Dieu, d’hommes et de femmes qui acceptent de se mettre en route, à la suite d’une étoile, à la suite de la lumière. En reconnaissant en Jésus celui qu’ils ont cherché, les mages nous indiquent où se trouve la vraie lumière, où se trouve le vrai sens de notre vie : en Jésus, et en lui seul.
 
Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Lorsque nous venons à la crèche, ne regardons pas d’abord un décor, une œuvre d’art, mais apprenons toujours à trouver là celui qui est notre vraie lumière, celui qui est venu donner espoir et vie aux hommes. Ce qu’il a fait jadis, il le refait toujours et encore pour nous. Son amour n’a pas de limite, sa présence au monde n’est pas pour un temps donné, elle est pour toujours, pour tous les peuples, pour tous les temps. Devant l’enfant de la crèche, reconnaissons Jésus, le Sauveur de tous les hommes. Et réjouissons-nous, comme les mages, de trouver en lui celui qui comble notre espoir. Amen.

(Giotto, L'adoration des mages, fresque de la Chapelle des Scrovegni, Padoue)

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