Avec ce dimanche, nous découvrons Jésus qui
inaugure sa mission au milieu des hommes. Il est grand maintenant ; il est
sorti vainqueur des tentations du diable ; Jean le Baptiste a été arrêté ;
c’est le moment pour Jésus d’entrer vraiment en scène. La version longue de l’évangile
de ce dimanche nous montre d’emblée tous les aspects de la mission de Jésus. En
quoi consiste-t-elle ? Pourquoi est-il venu ?
Matthieu répond ainsi : Jésus commença à proclamer : ‘Convertissez-vous,
car le royaume des cieux est tout proche.’ Jésus se situe donc dans la
continuité de Jean le Baptiste. Il invite les hommes à la conversion pour qu’ils
aient leur part à ce royaume des cieux qui vient. L’ancienne traduction liturgique
distinguait le message de Jean le Baptiste et celui de Jésus. Au premier, elle
faisait dire : Le royaume des cieux
est tout proche ; au second, le
royaume des cieux est là ! Nous comprenions ainsi qu’avec Jésus, nous
faisions un pas de plus. Ce royaume attendu était déjà là, déjà accompli en Jésus.
La nouvelle traduction, reprenant dans la bouche de Jésus le message de Jean,
semble mettre davantage l’accent sur l’urgence de la conversion. Jésus est bien
celui qui accomplit le royaume, mais sans conversion, les hommes ne peuvent s’en
rendre compte ; sans conversion, les hommes ne peuvent y accéder ;
sans conversion, ils pourraient même se méprendre sur la personne de Jésus. Faire
reprendre par Jésus le message de Jean le Baptiste permet aussi de souligner
que ce travail de conversion n’est pas achevé ; à chaque génération, les
hommes auront à se convertir pour découvrir ce royaume des cieux tout proche d’eux.
Mais l’appel à la conversion n’épuise pas
la mission de Jésus. Matthieu poursuit son évangile avec l’appel des quatre premiers
disciples : Simon et son frère André d’abord, puis Jacques et son frère
Jean. A chaque fois, l’évangéliste note la promptitude de ces hommes à répondre
à l’appel qui leur est adressé. Jésus appelle ; ils répondent. Pas de
grande tergiversation. Pas de grande interrogation : te suivre, mais pour
aller où ? pour combien de temps ? Rien de tout cela. Un appel et une
mise à la suite de Jésus pour devenir pêcheurs
d’hommes. Cet appel des disciples comme deuxième acte de la mission de Jésus
renforce ce que nous disions de l’urgence et de la permanence de l’appel à la
conversion. Les disciples, un jour, vont d’abord partager puis prolonger la
mission de leur maître. L’Eglise poursuit ce travail, aujourd’hui encore, avec
toujours le même message : Convertissez-vous ! A travers elle, c’est
bien toujours le Christ qui s’adresse aux hommes, le Christ qui presse les
hommes de s’ouvrir à son règne, de faire vivre son message.
Le dernier aspect de la mission de Jésus souligné
par Matthieu dans son évangile, ce sont les signes que Jésus pose. Jésus ne se
contente pas de parler ; il agit aussi en faveur des hommes. Le dernier
verset du passage entendu nous dit : Jésus
parcourait toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues,
proclamait l’Evangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité
dans le peuple. On ne peut donc pas réduire Jésus à un beau parleur. Ce royaume
qu’il annonce, il le réalise par les signes qu’il pose en faveur des hommes, en
particulier ceux qui sont mis de côté parce que frappés de maladie, non
conforme à l’idée qu’on se fait de quelqu’un de bien. Si untel est mal foutu, c’est
forcément qu’il aura péché, lui ou ses parents ; Jésus aura à lutter
contre de tels propos. En guérissant les malades, Jésus annonce qu’il est celui
qui lutte – efficacement – contre le Mal qui ronge l’homme, le Mal qui divise les
hommes. Il vient remettre de l’unité dans le genre humain, puisqu’en libérant
des infirmités, il réintègre ces hommes et ses femmes dans la communauté humaine ;
il vient combattre le Mal aux côtés des hommes pour qu’ils retrouvent leur
liberté, celle que Dieu leur avait donné aux premiers jours de la création. En guérissant
les malades, Jésus vient très concrètement ouvrir ce royaume des cieux à ceux
qu’il relève. Sa prédication est comme vérifiée dans ces guérisons.
Au terme de cette page d’évangile, nous
pouvons comprendre que la mission de Jésus consiste en un triple appel :
un appel à la conversion, un appel à le suivre, un appel à une vie libérée du
Mal. Voilà pourquoi Jésus est venu dans le monde. Sachant tout cela,
aurons-nous le même empressement que Simon, André, Jacques et Jean à suivre Jésus ?
Aurons-nous le même désir que Matthieu d’être témoin de l’œuvre de Jésus auprès
de nos contemporains afin que ce royaume des cieux s’ouvre aussi pour eux ?
Aujourd’hui encore, les peuples qui marchent dans les ténèbres peuvent voir une
grande lumière se lever. Aujourd’hui encore, notre monde peut changer, en
mieux, à cause de Jésus. Amen.
(Gustave Doré, Jésus enseignant la foule, in La Bible, 230 illustrations de Gustave Doré avec des extraits du Nouveau et de l'Ancien Testament, SACELP, Paris, 1983)
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