Marie
retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Y a-t-il,
spirituellement, meilleure compagne pour commencer une année nouvelle que la
Vierge Marie ? Elle qui a dit « oui » à Dieu sans compter et
sans rechigner nous est donnée comme exemple au premier jour de l’an neuf.
Chaque nouvel an, l’Eglise fête Marie dans sa maternité divine et nous donne à entendre
cet évangile de la visite des bergers à la crèche.
La fête de Noël vient de nous rappeler
avec faste que Marie était la Mère de Jésus. Mais de ce Jésus, nous disons
qu’il est homme et Dieu. Ainsi Marie devient la Mère de Dieu, enfantant elle-même
celui qui l’a appelée à la vie et qu’elle offre maintenant au monde. Commencer
l’année avec elle, c’est commencer un chemin spirituel qui nous conduira à
entrer dans la volonté de Dieu pour nous, sans compter, sans rechigner. Marie
ne comprend sans doute pas tout ce qui arrive depuis qu’elle a mis au monde son
fils premier-né, ni tout ce que les bergers ont bien pu lui raconter. Mais elle
fait choix de ne rien ignorer de ce qui se passe, de ne rien oublier.
L’évangéliste Luc dit sobrement qu’elle retenait
tous ces événements et les méditait dans son cœur. Rappelons ici, une fois
de plus, que le cœur, pour l’homme de la Bible, c’est le lieu des grandes
décisions. Je réfléchis avec mon cœur, lieu de mon intimité avec Dieu lui-même.
Ainsi, toutes mes décisions sont marquées du sceau de Dieu.
Ce que fait Marie, nous sommes invités à
le faire pareillement. Nous sommes invités à accueillir le Christ dans notre
vie ; nous sommes invités à nous réjouir avec Marie de cette naissance.
Nous sommes pareillement invités par elle à garder au cœur le souvenir des
merveilles de Dieu. Je conçois qu’il puisse y avoir quelques difficultés, dans
un monde bouleversé, soumis à la violence aveugle, de reconnaître les
merveilles de Dieu pour les hommes. D’autant plus que certains hommes se
servent du nom de Dieu pour commettre le Mal. Malgré tout, apprenons de Marie à
voir le bien que Dieu nous fait. Apprenons d’elle à ne désespérer ni de Dieu,
ni des hommes. Souvenons-nous qu’elle a dû fuir en Egypte avec son nouveau-né
parce qu’Hérode avait choisi de ne pas accueillir cette bonne nouvelle avec le
même enthousiasme que les bergers qui se sont pressés à la crèche. Et pourtant,
elle a fidèlement accompli ce que Dieu attendait d’elle. Si une future mère,
jetée sur les routes par l’orgueil d’un prince qui veut connaître l’étendue de
son pouvoir est capable de reconnaître les merveilles de Dieu, si une jeune
femme sur le point d’accoucher, et pourtant rejetée de partout et obligée
d’accoucher dans une étable est capable encore de voir l’œuvre de Dieu, comment
pourrions-nous ne pas apprendre d’elle à voir Dieu à l’œuvre, même dans les
jours sombres de notre histoire ? Peut-être est-ce justement un signe de
Dieu que ce premier jour de l’année nouvelle, jour où l’Eglise célèbre la maternité
de Marie, soit aussi la journée mondiale de la paix ! Quel plus beau signe
de paix que celui d’une jeune femme qui devient Mère ? Quel plus beau
geste d’espérance que celui qui consiste à donner la vie ? La paix ne
commence-t-elle pas par-là, par la capacité de l’homme à refaire la vie, à
semer l’espérance d’un monde meilleur dont les enfants sont le signe ?
Peut-être pouvons-nous trouver un autre
signe de Dieu dans cette tradition d’échanger des vœux en ce premier de l’an.
Reconnaissons-le : les vœux que nous formulons à ceux qui nous sont
proches, sont toujours des vœux positifs : santé, prospérité, paix,
bonheur… Ne sont-ils pas l’expression verbale de notre désir secret d’un monde
plus juste, plus humain ? Nous pouvons nous contenter de les formuler,
laissant à Dieu ou à je ne sais qu’elle force, le pouvoir de les réaliser. Mais
nous pouvons aussi formuler ces vœux et travailler à leur réalisation en étant,
dans notre propre vie, porteur de paix, de bonheur, veillant sur les autres,
attentifs au bien commun, refusant les compromissions pour ne nuire à personne.
Dans ce choix de vie fondamental, Dieu est présent, son esprit est à
l’œuvre ; et nos vœux deviennent alors des bénédictions à l’exemple de
celle que nous avons entendue en première lecture.
Avec Marie, Mère de Dieu, Mère de tous les
hommes, entrons dans cette année nouvelle avec joie et espérance.
Entrainons-nous à savoir lire les signes de la présence de Dieu. Entrons-y
aussi avec la ferme résolution de tout faire au mieux pour le bien commun.
Ainsi nous participerons à la construction de ce monde voulu par Dieu, monde de
paix pour tous les hommes. Amen.
(Dessin de Monsieur Leiterer)
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