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mardi 25 juillet 2017

16ème dimanche ordinaire A - 23 juillet 2017

Le juste doit être humain, comme Dieu !






Nous poursuivons l’enseignement de Jésus en parabole. Cette manière de faire permet à Jésus d’aborder les choses de Dieu avec originalité. Souvent, il est dit que cela permet une meilleure compréhension des choses. Rien n’est moins sûr, Jésus étant obligé d’expliquer clairement à ses disciples le sens des paraboles. C’était vrai dimanche dernier, cela l’est encore aujourd’hui. Mais puisque pour nous, qui avons entendu comme les Apôtres et la parabole et son explication, les choses sont claires maintenant, je voudrais m’intéresser ce matin à une autre parole entendue, celle du livre de la Sagesse. Je ne sais pas si vous y avez prêté attention, mais il y a une affirmation qui mérite que nous nous y attardions un peu. L’auteur du livre de la Sagesse affirme : Par ton exemple tu as enseigné à ton peuple que le juste doit être humain ! Ne trouvez-vous pas cela étrange ? 
 
Je m’explique : l’auteur parle d’abord de Dieu, rappelant qu’il est l’unique à prendre soin de toute chose. Ce qu’il dit de Dieu, nous pourrions pareillement le dire d’un homme puissant, d’un roi : ta force est à l’origine de ta justice, ta domination sur toute chose te permet d’épargner toute chose. Tu montres ta force si l’on ne croit pas à la plénitude de ta puissance, et ceux qui la bravent sciemment, tu les réprimes. Nous pourrions avoir là un portrait de n’importe quel dictateur qui ne supporte pas la contradiction. Il suffit de regarder ce qui se passe dans quelques pays du Maghreb ou en Corée du Nord. Reporters sans frontière a bien quelques exemples d’agissement de la sorte. Pour parler de Dieu, l’auteur du livre de la Sagesse fait ce que nous faisons souvent : nous parlons de lui à partir de nos catégories humaines. C’est commun à toutes les religions. L’auteur du livre de la Sagesse préserve la grandeur de Dieu et sa justice grâce au petit Mais qui apparaît juste après l’extrait cité. S’il parle de Dieu comme d’un gouvernant humain, il reconnaît toutefois sa sainteté et sa miséricorde : Mais toi qui disposes de la force, tu juges avec indulgence, tu nous gouvernes avec beaucoup de ménagement. Cela ne doit pas être le cas des gouvernants de l’époque. Et c’est pour cela que la phrase : par ton exemple, tu as enseigné à ton peuple que le juste doit être humain, m’étonne. J’aurais attendu que le juste soit invité à être comme Dieu, et donc moins humain. 
 
Parler de Dieu comme on le ferait d’un homme conduit à une impasse. La nuance introduite par le Mais le montre bien. La comparaison a ses limites, et vient toujours le moment où nous devons maintenir la grandeur et la miséricorde de Dieu. Il est comme…, mais en mieux. Et pourtant le juste doit être humain, selon l’enseignement de Dieu lui-même. Est-ce à dire que le seul vrai humain ce serait Dieu ? L’homme ne serait qu’un animal pensant qui devrait gagner son humanité ? Plutôt que de parler de Dieu comme d’un homme en mieux, ne devrions pas parler des hommes comme de Dieu ? La Bible, en son livre de la Genèse affirme elle-même que l’homme est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, et que l’homme ne connaît sa différence qu’après avoir constaté qu’il n’y a personne comme lui, une fois qu’il a nommé tous les animaux. Quand il rencontre Eve, Adam a ce cri : Voici l’os de mes os, la chair de ma chair. Il n’est pas qu’un animal pensant, il a un vis-à-vis, comme lui, différent des animaux de la terre. Tant qu’il est fidèle à Dieu, il est habité par une pleine humanité ; lorsqu’il laisse le péché entrer dans sa vie, voici qu’il ne peut plus se tenir en présence de Dieu ; voici qu’il aurait perdu une part de son humanité ? Et serait donc juste devant Dieu, celui qui la retrouve (son humanité), celui qui se montre humain ?
 
Devenir saint reviendrait donc à grandir dans notre humanité pour retrouver en nous l’image et la ressemblance avec Dieu. Dieu est le seul qui soit vraiment humain, et l’homme gagne en humanité, donc en sainteté, chaque fois qu’il est capable de ne pas écraser les autres par sa puissance, chaque fois qu’il est miséricordieux, chaque fois qu’il est indulgent… Pour progresser sur le chemin de notre sainteté, ne parlons plus de Dieu comme d’un homme en mieux, au risque de nous décourager, mais apprenons à parler de l’homme comme de Dieu, et nous retrouverons peut-être avec plus de facilité l’image de Dieu enfouie en nous. Pour devenir saint, retrouvons notre humanité première, telle que Dieu nous l’avait donné jadis, au moment de la Création. Plus nous accueillerons la grâce de la sainteté que Dieu nous offre en Jésus, plus nous grandirons dans notre humanité. Plus nous serons humains, plus nous serons proches de Dieu, proche du Royaume qu’il a inauguré en Jésus. Amen.

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