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samedi 19 août 2017

20ème dimanche ordinaire A - 20 août 2017

Une miette de grâce suffit pour être sauvé.






Mais quelle mouche a bien pu le piquer, Jésus, pour qu’il agisse et réponde ainsi à cette femme ? Est-ce parce qu’elle est femme ? Ce n’est pourtant pas la première femme qu’il rencontre, ni la première femme qui s’adresse à lui pour obtenir une guérison ! Est-ce parce qu’elle est étrangère ? Ce n’est pas davantage la première étrangère qui s’adresse à lui pour obtenir une faveur ! Pourquoi faire la sourde oreille ? 
 
Les disciples de Jésus ne font guère mieux. Face à cette femme qui implore Jésus en reconnaissant sa seigneurie et sa filiation davidique (donc sa qualité de Messie, d’envoyé de Dieu), ils ne demandent pas à Jésus d’intervenir pour des motifs humanitaires, ni pour montrer sa grandeur et sa force, mais bien parce qu’elle les poursuit de ses cris ! Trop, c’est trop : fais quelque chose, mais qu’on ne l’entende plus ; qu’elle se taise ! 
 
Reconnaissons-le : nous avons du mal à comprendre cette histoire, et le fait qu’elle se finira bien n’y change rien. Fallait-il que Jésus rappelle à ce moment-là que le salut était d’abord pour Israël, et que c’est pour son peuple seulement qu’il est venu ? Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. Jésus ne s’intéresse-t-il donc plus qu’aux gens bien nés, issus des douze tribus d’Israël ? Devant l’insistance de la femme prosternée devant lui (Seigneur, viens à mon secours), la réponse de Jésus n’est-elle qu’un jeu pour éprouver ses Apôtres (que vont-ils faire, que vont-ils dire si j’agis ainsi ?) ? Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. Tout cela n’est-il qu’une manière d’éprouver cette femme (Jusqu’où ira-t-elle ?) ? Pour les disciples, nous ne savons pas grand-chose, à part qu’ils sont sensibles des oreilles et qu’ils veulent que cela s’arrête. La femme, par contre, ne se laisse pas démonter. Elle reconnaît la primauté d’Israël : Oui, Seigneur ! c’est-à-dire : c’est vrai, Seigneur, mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. Autrement dit, il y en aura bien assez pour tout le monde, sans rien prendre aux premiers. C’est comme si elle rappelait une évidence : le salut de Dieu déborde toujours ; la grâce de Dieu est sans frontière, sans limite. Il y en aura forcément un peu pour les autres, pour ceux qui ne sont pas assis à la bonne table. Une miette de grâce suffirait pour que ma fille soit guérie ! Sinon pourquoi Jésus se promènerait-il en pleine zone étrangère, dans la région de Tyr et de Sidon, bien loin finalement de chez lui ? S’il vient en terre païenne, n’est-ce pas qu’il a un message pour eux aussi ? 
 
La foi de cette femme étant éprouvée, la guérison demandée a lieu : Femme, grande est ta foi ; que tout se passe pour toi comme tu le veux ! Nous retrouvons là le Jésus que nous aimons bien, celui qui manifeste le salut de Dieu à tout homme, qu’importe ses origines, qu’importe sa foi première. Si quelqu’un vient vers Jésus, sachant qu’il peut quelque chose pour lui, il recevra de lui ce qu’il lui faut. Jésus rappelle aux siens qu’il ne remet pas en cause la primauté d’Israël dans l’œuvre de salut de Dieu. Paul le redira à sa manière dans la lettre aux Romains : les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance : Dieu ne regrette pas d’avoir choisi Israël, il ne revient pas sur les promesses de salut faites à son peuple. Mais ce salut a été étendu. L’appel d’Israël était bien d’être lumière pour les nations. Voici que ces nations sont prises à leur tour dans ce mouvement de miséricorde que Dieu accorde à son peuple. Au bout du compte, ce que Dieu veut, c’est faire miséricorde à tous ceux qui crient vers lui. Une miette de grâce suffit pour que tous les hommes soient sauvés. 
 
Ces miettes de grâce nous en usons liturgiquement dans la prière des fidèles, la prière universelle. En effet, si nous commençons toujours par prier pour l’Eglise et si nous terminons toujours par prier pour notre communauté, nous ouvrons toujours cette prière à tous les hommes. Nous y faisons une place pour ceux qui croient et ceux qui ne croient pas, pour ceux qui sont comme nous et ceux qui nous diffèrent. Et il est bon qu’il en soit ainsi. Nous ne pouvons pas nous replier sur nous-mêmes ; nous ne pouvons pas faire comme si le salut n’était que pour nous qui sommes nés au bon endroit, partageons « la bonne foi » et que sais-je encore. Nous les portons devant Dieu parce que nous savons que les miettes de sa grâce et de sa miséricorde peuvent sauver le monde ; nous les portons devant Dieu comme nous-mêmes avons été portés devant Dieu pour qu’une miette de sa grâce change notre vie. 
 
Avec cette Cananéenne, crions vers Dieu notre détresse. Avec cette Cananéenne, réjouissons-nous que des miettes de grâce soient tombés de la table du peuple choisi. Pour toutes les Cananéennes d’aujourd’hui, laissons généreusement tomber de notre table des miettes de la grâce de Dieu : ne soyons ni des gardiens jaloux de cette grâce, ni des obstacles à cette grâce de salut que Dieu veut accorder à tous ses enfants. Une miette de la grâce de Dieu : c’est si peu, c’est beaucoup, c’est tout. Amen.

(Détail d'un dessin de Jean-François KIEFFER, in Mille images d'évangile, éd. Les Presses d'Ile de France)

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