La fête de l’Assomption bénéficie d’une
messe de la veille au soir. C’est à cette liturgie que je puise le verset que
je voudrais méditer avec vous. Vous le trouverez dans l’évangile de Luc au
chapitre 11 : Heureux plutôt ceux
qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! Cette béatitude
nous vient de Jésus après qu’une femme se soit exclamée : Heureuse la mère qui t’a porté en elle, et
dont les seins t’ont nourri ! En cette fête de l’Assomption de la
Vierge Marie, fête mariale par excellence, un tel choix de lecture peut
surprendre. Et pourtant !
Qui célébrons au juste aujourd’hui ?
Marie qui monte au ciel ou Dieu qui manifeste sa justice en faisant entrer,
corps et âme, Marie au paradis, là où son Fils l’a précédée ? Est-ce
Marie, qui par la force de ses poignets qui se hisse jusqu’au paradis ? Ou
est-ce Dieu qui reconnaît et proclame ainsi les mérites de sa servante,
celle-là même qu’il a choisie pour donner corps à son Fils Jésus, envoyé dans
le monde pour sauver les hommes ? A travers Marie, n’en déplaise à
certains, c’est bien Dieu que nous célébrons et honorons aujourd’hui. A travers
Marie, c’est bien la gloire de Dieu promise à tous ses fidèles qui est
célébrée. L’auteur principal et premier du mystère de l’Assomption, c’est Dieu qui,
en sa bonté, récompense celle qui a
écouté la parole de Dieu et qui l’a gardé toute sa vie, méditant sans cesse
ce qu’elle ne comprenait pas toujours. Elle est récompensée aujourd’hui parce
qu’elle est cette femme de la béatitude prononcée par Jésus. Elle est la femme
de toutes les béatitudes données par Jésus. La vie de Marie se confond avec la
parole qu’elle a entendue et gardée. Pour vous en convaincre, relisez son
cantique d’action de grâce entendue dans l’évangile de la messe du jour. Chaque
verset est une référence à autant de passages de l’Ancien Testament, parole de Dieu
donnée à nos Pères dans la foi et qui annonçait l’ultime parole de Dieu, le Christ,
le Messie de Dieu, le Fils de Marie. Faut-il s’étonner de la récompense obtenue
par Marie à la fin de sa vie ? Elle entre dans la gloire du ciel là où est
son Fils, la Parole éternelle de Dieu. Elle l’a gardée de son vivant, en chair
et en os comme Mère de Jésus. Elle l’a gardée, en disciple fidèle, dans les
paroles prononcées par lui et les gestes posés par lui, autant de paroles de Dieu
dispersées au vent de l’Histoire. Partout où il y aura un témoin de Jésus Christ,
sa parole retentira. Partout où il y aura un disciple de Jésus Christ, sa
parole pourra être entendue et gardée.
A y regarder de près, nous constatons que
la béatitude de Jésus reprend celle d’Elisabeth, sa tante, lorsque Marie va la
visiter alors qu’elles sont enceintes toutes deux : Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent
dites de la part du Seigneur. Il n’y a pas que Dieu qui reconnaît les mérites
de Marie. Une simple femme, enceinte dans sa vieillesse, reconnaît en Marie une
femme toute donnée, toute consacrée à la Parole dite de la part du Seigneur. C’est donc bien une attitude
fondamentale de Marie. Ce n’est pas une simple posture spirituelle ou
intellectuelle, c’est la respiration même de Marie que d’écouter la parole de Dieu
et d’en vivre. Avant même que Jésus ne parle et n’agisse, Marie suit cette
parole, Marie respecte cette parole, Marie vit de cette parole. Une parole est
prononcée par Dieu et Marie y engage toute sa vie, ne sachant pas tout ce que
cette vie lui réservera. Oui, ce que Dieu récompense dans le mystère de l’Assomption,
Elisabeth l’avait reconnu en accueillant une jeune fille promise en mariage. Comment
ne pas être encouragé nous-mêmes à suivre son exemple ? Il ne s’agit pas
tant d’imiter Marie : je ne crois pas à une spiritualité du perroquet qui
nous ferait répéter simplement ce qu’on nous dit. Je crois à une spiritualité
du disciple qui nous fait prendre au sérieux la parole de Dieu dans notre
propre vie, qui nous fait croire que cette parole peut changer notre vie. Oui,
il nous faut croire que cette parole apportera un changement profond et vrai à
notre existence, pour notre plus grande joie. Personne n’a jamais été triste d’écouter
la parole ! Personne n’a jamais été triste de garder cette parole !
Elle porte en elle la vie véritable. Elle porte en elle la vie éternelle à laquelle
nous sommes destinés. L’Assomption de Marie annonce notre avenir de la même
manière que l’annonçait déjà la fête de la Transfiguration. Nous sommes faits pour
vivre, faits pour vivre avec Dieu, faits pour vivre de Dieu, faits pour vivre en
Dieu.
Rendons grâce à Dieu, par Marie élevée aujourd’hui dans la gloire, pour cet avenir que Dieu nous promet et qu’il réalise pour nous en Jésus. Rendons grâce à Dieu pour sa parole qui nous éclaire et nous fait vivre. Rendons grâce à Dieu qui nous a donné en Marie un exemple de vie à l’écoute de la parole de Dieu. Qu’à sa suite, nous chantions la louange de Dieu. Qu’à sa suite, nous devenions disciples d’une parole à vivre aujourd’hui et chaque jour jusqu’à la fin des temps. Amen.
Rendons grâce à Dieu, par Marie élevée aujourd’hui dans la gloire, pour cet avenir que Dieu nous promet et qu’il réalise pour nous en Jésus. Rendons grâce à Dieu pour sa parole qui nous éclaire et nous fait vivre. Rendons grâce à Dieu qui nous a donné en Marie un exemple de vie à l’écoute de la parole de Dieu. Qu’à sa suite, nous chantions la louange de Dieu. Qu’à sa suite, nous devenions disciples d’une parole à vivre aujourd’hui et chaque jour jusqu’à la fin des temps. Amen.
(Dessin de Mr. Leiterer)
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