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samedi 28 octobre 2017

30ème dimanche ordinaire A - 29 octobre 2017

L'amour, vieille rengaine ou marqueur du croyant ?







Et voilà, on nous parle encore d’amour ! Il fut un temps, pas si lointain et sans doute pas complètement oublié, où l’on pouvait croire que la religion se réduisait à cela : aimer ! Certains ont même pu faire le reproche aux chrétiens de savoir bien en parler, mais d’être très peu efficace en amour dès qu’il s’agissait de passer à la pratique. Ils prêchent l’amour et c’est aux autres de le vivre ! Comme si les chrétiens étaient de ceux qui répètent à l’envie : aimez-nous ! N’en déplaise à ceux qui trouvent que cela fait trop, une fois encore la liturgie nous invite à méditer l’ordre du Christ : Aime Dieu ! Aime ton prochain ! 
 
Remarquons d’emblée que l’amour n’est pas une invention du Christ. Jésus n’a rien dit d’original en demandant à ses disciples d’aimer Dieu. Il n’a rien dit d’original quand il a demandé aux hommes d’aimer le prochain. Tout cela est déjà largement contenu dans la Loi et les prophètes, comme nous le rappelle le passage du livre de l’Exode que nous avons entendu en première lecture. Certes, ceux qui ont été très attentifs pourront signaler ici que le mot « amour » ne figure pas dans l’extrait proclamé. C’est vrai ! Mais il est comme inscrit en filigrane dans chaque ligne. Il est un traité de l’amour en acte, de l’amour au quotidien. Tu n’exploiteras pas l’immigré, tu ne l’opprimeras pas. Vous n’accablerez pas la veuve et l’orphelin… Si tu prêtes de l’argent à un pauvre parmi tes frères, tu n’agiras pas envers lui comme un usurier… Si tu prends en gage le manteau de ton prochain, tu le lui rendras avant le coucher du soleil… Ce n’est pas d’amour passion dont il s’agit ici, mais de cet amour essentiel, primordial, qui me fait respecter l’autre, qui me fait considérer l’autre comme un frère ; cet amour essentiel et primordial qui rend la vie possible, fraternelle, supportable. Que serions-nous sans cet amour primordial ?
 
L’auteur du livre de l’Exode souligne que Dieu lui-même justifie toutes ces demandes par le fait qu’Israël a été un immigré au pays d’Egypte. Il renvoie son peuple à cette expérience vécue là, d’être à peine toléré, suspecté de noirs desseins contre l’Egypte, pour être enfin exploité, réduit à l’esclavage. Sans doute aurait-il aimé à ce moment-là que les égyptiens manifestent un peu de cet amour primordial nécessaire envers eux. Il n’en fut rien. Il a fallu l’intervention de Dieu pour que la libération soit possible, pour que la justice soit rétablie. Et Dieu de prévenir son peuple : si tu accables [les petits], j’écouterai leur cri. Ma colère s’enflammera et je vous ferai périr par l’épée. Cet amour primordial, a minima, est nécessaire pour vivre devant Dieu. Dieu prévient l’homme : ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te fasse ! L’amour primordial commence avec cette prise de conscience. 
 
Il semblerait que les pharisiens aient oublié ce principe quand, cherchant à piéger Jésus, ils l’interrogent sur la Loi : Quel est le grand commandement ? Il est vrai qu’il y avait le choix parmi les 613 que les docteurs de la Loi avaient décompté. Retiendrait-il une prescription morale ? ou plutôt une prescription cultuelle ? ou davantage une prescription juridique ? La réponse de Jésus se situe alors dans la droite ligne des prophètes Michée, Isaïe et Amos qui avaient réduit la liste, respectivement à trois pour Michée (pratique la justice, aime la miséricorde, marche humblement avec ton Dieu), deux pour Isaïe (Observe ce qui est droit, pratique ce qui est juste) et un pour Amos Cherchez moi et vous vivrez), avant qu’Habaquq ne les fonde tous sur un principe : Le juste vivra par sa foi (Rabbi Simlaï, Talmud de Babylone, Traité Makkot, 23b). La réponse de Jésus, ce sont ces deux commandements qui se fondent en un seul, tant il est difficile de vivre l’un sans l’autre : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. La réponse de Jésus devient la quintessence de toute la Loi : De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. L’amour est donc bien l’irréductible de la foi, l’absolu incontournable de la foi. Saint Jean, celui qui nous a révélé que le nom de Dieu était Amour, l’affirmera à sa manière lorsqu’il écrira dans sa première lettre : Si quelqu’un dit : ‘J’aime Dieu’ et qu’il déteste son frère, c’est un menteur : celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, ne saurait aimer Dieu qu’il ne voit pas (1 Jn 4, 20). 
 
A ceux qui pensaient pouvoir s’affranchir du devoir d’aimer chacun de ceux que Dieu met sur sa route, il est redit avec force que l’homme ne peut se lasser d’aimer. Tout est dit dans l’Amour, tout est vécu dans l’Amour que Dieu nous donne de vivre. Tout devient supportable dans cet Amour qui vient de Dieu. L’Amour n’est pas une vieille rengaine, mais le marqueur du disciple authentique du Christ. Ce n’est pas d’un amour humain que nous devons vivre ; c’est de l’Amour même de Dieu. Et c’est dans l’Amour qui nous vient de Dieu que nous pouvons aimer chacun, même ceux qui nous insupportent. Apprenons donc du Christ à aimer comme Dieu aime. Et pour cela, laissons-nous aimer de Dieu, infiniment, passionnément ! Amen.

(Dessin de M. Leiterer)

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