Heureux ceux qui ! Ainsi s’entend le refrain des béatitudes que la
Toussaint nous donne à méditer tous les ans. Heureux ! C’est donc bien à
une fête que nous convoqués. Heureux ! C’est donc bien le bonheur que Dieu
veut pour l’homme, pour nous, pour chacun de nous ! Essayons de mieux
comprendre ce bonheur.
A
y regarder de près, le bonheur proposé demande un minimum d’engagement de notre
part. Il n’a jamais été écrit ou dit que le bonheur serait chose facile. Ce qui
caractérise le chemin de bonheur proposé par le Christ, c’est qu’il passe sans
cesse par les autres. Heureux les doux
(ceux qui se montrent doux avec les autres), heureux ceux qui pleurent (ceux qui savent pleurer avec les autres,
compatir à leur malheur), heureux ceux
qui ont faim et soif de justice (pour eux et pour les autres), heureux les miséricordieux (ceux qui
savent pardonner aux autres), heureux les
cœurs purs (ceux qui regardent le monde et les autres avec un cœur
d’enfant), heureux les artisans de paix
(forcément avec les autres, pour les autres) : sans cesse, nous sommes
donc renvoyés à notre attitude envers ceux et celles qui croisent notre route.
Sans cesse, nous sommes invités à remettre l’Autre, les autres, au cœur de
notre chemin vers le bonheur. Je ne saurais être heureux tout seul. Je ne
saurais gagner mon paradis tout seul, sans les autres.
Ceci
dit, parmi tous ces chemins de bonheur qui mènent à Dieu, Jésus en présente un
qui y mène de manière directe. Il nous dit : Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu ! Saint Augustin déjà
faisait remarquer que c’est la seule béatitude qui conduit ainsi directement à
voir Dieu face à face, la seule qui nous mette de manière immédiate en présence
de Dieu. Elle est celle qui assure le bonheur absolu du croyant, puisqu’elle
lui permet de vivre en présence de son Seigneur ! Les saints que nous
célébrons aujourd’hui ont tous eu, à leur manière, un cœur pur, c’est à dire un
cœur capable de porter sur le monde le regard même de Dieu, un cœur totalement
ouvert à sa volonté, à son projet d’amour pour nous. Le cœur pur peut voir Dieu
face à face parce que son cœur ne fait qu’un avec le cœur de Dieu ; son
cœur bat au rythme du cœur de Dieu ; son cœur est totalement ouvert,
totalement transparent à la grâce de Dieu. La vraie sainteté, celle que nous
célébrons aujourd’hui, se résume bien dans cette attitude d’ouverture totale et
constante à la volonté de Dieu. Le saint n’est pas celui qui fait des choses de
plus en plus difficiles, mais celui qui fait les choses – et quelquefois les
mêmes choses – avec de plus en plus d’amour, parce que son cœur est
réglé sur le cœur de Dieu, parce que son cœur bat de l’amour même de Dieu.
le vrai saint est celui qui voit Dieu en toute chose et en chacun.
En
célébrant nos amis les saints, nous sommes remis face à notre condition, face à
notre destin : nous sommes appelés à être saints à notre tour. Pas plus
tard, quand nous serons morts, mais dès maintenant. Notre baptême nous a placés
sur cette route exigeante mais belle que le Christ nous a ouverte par sa mort
et sa résurrection. Notre baptême exige que nous vivions chaque jour plus unis
au Christ, plus aimant de l’amour même de Dieu. Notre baptême fait de nous des
saints en devenir. Nous sommes saints (enfants
de Dieu), dit Saint Paul, et nous le devenons toujours plus en calquant
notre vie sur celle du Christ. Nous sommes saints par le baptême, et nous confirmons
notre volonté d’être saints, à l’image et à la ressemblance de Dieu, lorsque
nous vivons au quotidien le chemin des béatitudes. La sainteté ne se gagne
pas ; elle se reçoit dans l’acceptation de la volonté de Dieu pour nous.
La sainteté ne se gagne pas ; elle s’exerce sur le chemin des béatitudes.
La sainteté ne se gagne pas, mais elle peut se perdre lorsque je m’éloigne de
Dieu. La sainteté ne se gagne pas, mais elle grandit à travers ma participation
au sacrement du pardon et de l’eucharistie, où déjà je rencontre Dieu dans un
face à face salutaire. La sainteté ne se gagne pas ; elle est un don fait
par Dieu à celles et à ceux qui marchent loyalement sur le chemin du
Ressuscité. Que la célébration de notre eucharistie nous redonne courage et espérance
sur notre chemin ! Qu’elle purifie nos cœurs pour que nous puissions, nous aussi,
voir Dieu, aujourd’hui en chacun, demain en face à face, dans un bonheur sans
fin ! Amen.
(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)
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