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dimanche 20 mai 2018

Pentecôte B - 20 mai 2018

Que faisons-nous de l'Esprit Saint ?








             Prendrons-nous l’Esprit Saint au sérieux un jour ? Je pose la question suite à un échange que nous avions hier à table entre prêtres. Elle ne remettait pas en cause l’importance de l’Esprit Saint, les prêtres ne feraient pas cela, n’est-ce pas ! Elle portait sur une question qui peut paraître bien secondaire, mais qui, pour moi, est bien révélatrice : la manière dont nous conservons le Saint Chrême. 

            Vous savez sans doute qu’au cours de la Semaine Sainte, chaque évêque préside dans son diocèse la messe chrismale. C’est la messe au cours de laquelle sont bénies l’huile des catéchumènes et l’huile des malades et est consacré, par l’imposition des mains de l’évêque et de tous les prêtres, le Saint Chrême. Consacré : comme le pain et le vin au cours de l’Eucharistie. Nous admettons tous que, lorsque le pain et le vin sont consacrés, ils deviennent le Corps et le Sang du Christ, le rendant ainsi réellement présent au milieu de son peuple. De même, disais-je hier, la consécration de l’huile sainte fait de ce mélange d’huile et de parfum le signe de l’Esprit Saint, le rendant réellement présent. Si tel est le cas, pourquoi alors conservons-nous le Pain eucharistique dans un tabernacle après la messe alors que le Saint Chrême est relégué à la sacristie, entre le rituel du baptême et la cruche qui contiendra l’eau pour le même sacrement ? L’Esprit Saint ne mérite-t-il pas autant de respect que le Christ ? Ne disons-nous pas quelque chose de l’importance que nous accordons à l’Esprit Saint par la manière dont nous le conservons, comme nous le faisons pour le Christ présent dans le Pain eucharistique ? 

            Le fait est que nous ne savons que faire de l’Esprit Saint ! Pourtant il est tout à fait essentiel à notre foi. La présence de l’Esprit Saint dans notre vie, c’est ce que nos frères orthodoxes appellent la divinisation. Nous devenons divins par sa présence ! Comme le Père Cantalamessa, prédicateur de la Maison Pontificale, le rappelait aux prêtres du diocèse ce jeudi, la Pentecôte n’est pas un appendice de la fête de Pâques : elle est l’accomplissement de la rédemption en nous. Le Christ a ouvert la porte du Salut par sa mort et sa résurrection ; il nous a obtenu le Salut. Mais l’Esprit nous y maintient, dans ce salut, en divinisant notre être. Comme le chante la séquence de la Pentecôte, il est l’hôte très doux de nos âmes ; sans [sa] puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti. Il lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guérit ce qui est blessé, assouplit ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rend droit ce qui est faussé. Il donne mérite et vertu, il donne le salut final, il donne la joie éternelle. Je n’invente rien ; tout est dans la prière de l’Eglise. Paul, dans sa lettre aux Galates, ne dit pas autre chose quand il affirme que les fruits de l’Esprit sont amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. Il reconnaît tellement l’importance de l’Esprit Saint qu’il ne cesse d’inviter les Galates, et nous par la même occasion, à marcher sous la conduite de l’Esprit Saint. C’est parce que Paul s’était entièrement laissé saisir par l’Esprit, qu’il a pu dire, sans forfanterie, que ce n’est plus lui qui vivait, mais le Christ qui vivait en lui. 

            La fête de la Pentecôte nous invite à redonner à l’Esprit Saint toute son importance, toute sa place dans notre vie. La Pentecôte n’est pas qu’un moment de l’histoire des premières communautés chrétiennes. Elle a existé avant (pour les Juifs, elle était la fête du don de Loi) ; elle existe encore après ce moment historique. En fait, la Pentecôte n’a pas de fin. Aujourd’hui encore, nous vivons de ce don fait jadis aux Apôtres ; aujourd’hui encore, ce don se renouvelle ; aujourd’hui encore, l'Esprit construit l’Eglise et la guide. Aujourd’hui encore, il transforme nos vies pour que le Christ puisse établir sa demeure en nous, définitivement. Aujourd’hui encore, l’Esprit nous divinise ! Cela vaut non seulement une fête qui nous fait célébrer ce premier don, mais encore une attention quotidienne à cet Esprit qui fait de nous son Temple. De la même manière que nous expliquons aux enfants qu’ils doivent être des amis de Jésus, il nous faut leur expliquer que nous devons être des amis de l’Esprit Saint. Nous ne pouvons pas vivre notre foi sans lui ; nous ne pouvons pas vivre comme si cette onction reçue à notre baptême et à notre confirmation n’était qu’un geste de plus. Le geste de l’onction est le geste qui rend tout possible ; l’Esprit Saint est l’ami le plus intime, celui qui nous connaît, nous défend, nous rend fort. Comment imaginer pouvoir nous passer de lui ? 

            En cette fête de la Pentecôte, rendons grâce à Dieu, en Eglise, pour ce don inouï qu’il fait à son Eglise ; et dans notre vie, remercions chaque jour pour la présence de cet ami. Grâce à lui, nous comprenons les Ecritures ; grâce à lui, nous reconnaissons Jésus dans le Pain consacré ; grâce à lui, nous restons disciples, malgré nos limites, malgré nos faiblesses, malgré notre péché. Il mérite mieux qu’une petite place dans une armoire de sacristie. Donnons-lui ce que notre acte de foi proclame : même adoration et même gloire, avec le Père et le Fils. Amen.

(Ampoule d'huile sainte - Couronnement des rois d'Angleterre - Trésor de la Couronne britannique)
 

 

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