Nous terminons aujourd’hui la méditation
de la première lettre de Jean. Pendant cinq dimanches, nous avons découvert
avec l’apôtre ce qu’était l’amour. Mesurons le chemin parcouru :
·
2ème
dimanche de Pâques : Tel est l’amour
de Dieu : garder ses commandements.
·
3ème
dimanche de Pâques : En celui
qui garde sa parole, l’amour de Dieu atteint vraiment sa perfection.
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4ème
dimanche de Pâques : Voyez quel
grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu –
et nous le sommes.
·
5ème
dimanche de Pâques : N’aimons pas en
paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité.
·
6ème
dimanche de Pâques : Aimons-nous les
uns les autres puisque l’amour vient de Dieu.
Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu.
Au
terme de notre parcours, voici l’affirmation centrale de la pensée de Jean :
Dieu est amour : qui demeure dans l’amour
demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui.
Dieu
est amour. En trois mots, Jean a tout dit, tout ce qui compte, la seule
chose qui importe. Parce que Dieu est
amour, un monde nouveau est possible. Parce que Dieu est amour, les hommes peuvent espérer vivre en paix. Parce que
Dieu est amour, les hommes peuvent
espérer vivre libres. Parce que Dieu est
amour, les hommes peuvent apprendre à aimer vraiment. Au risque de passer
pour un radoteur, je redis ici, à la suite de l’apôtre Jean, que tout ce qui n’est
pas amour ne vient pas de Dieu. Toute parole qui n’est pas dite au nom de l’amour
ne vient pas de Dieu. Tout acte qui n’est pas un acte d’amour ne peut être
revendiqué au nom de Dieu. Toute religion qui n’entraîne pas ses croyants à l’amour
n’est pas au service de Dieu. Quiconque agit dans le but de détruire, de faire
du mal, de faire du tort à autrui n’agit pas au nom de Dieu. Quiconque
affirmerait le contraire serait un menteur et un falsificateur, voire un
blasphémateur. Comment puis-je me réclamer d’un Dieu dont le nom est Amour si
je ne me laisse pas entraîner par cet amour ? Comment affirmer devant les
hommes que le Dieu que je sers est amour si mon cœur penche du côté obscur de l’homme,
si je cède au pire de ce qu’il y a en l’homme ? Jean ne s’y trompe pas, et ne nous trompe pas,
puisqu’il complète son affirmation par cette phrase : Celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui.
Puisque l’amour est la marque de Dieu, l’amour est aussi la marque du
croyant. Pas de foi en Dieu sans amour : non seulement sans amour pour Dieu,
mais aussi sans amour des hommes, de tous les hommes ! L’amour de Dieu ne
fait pas de différence entre les hommes ; l’amour de Dieu ne choisit pas
quels hommes Dieu doit aimer ; l’amour de Dieu ne condamne pas les hommes
sur leur manière de croire ; l’amour de Dieu ne condamne pas les hommes
sur leurs opinions, pas même sur leurs opinions au sujet de Dieu. L’amour pour
les hommes est tel qu’il espère toujours que même le pire d’entre les hommes se
laisse aimer enfin et change de vie. L’amour de Dieu pour les hommes est
contagieux au point que les hommes deviennent capables d’aimer comme lui les
aime.
Dieu
est amour. Si aujourd’hui le Mal a encore cours, si aujourd’hui notre monde
n’est pas en paix, si aujourd’hui les hommes ne sont pas encore vraiment
libres, ce n’est pas à cause de Dieu. C’est à cause des hommes qui ont rejeté Dieu,
préférant une liberté tout humaine, toute factice, justifiant tous leurs excès
et toutes leurs déviances. Rejeter Dieu, c’est rejeter l’amour véritable. Rejeter
Dieu, c’est refuser la capacité d’aimer vraiment. Rejeter Dieu, c’est entraîner
les hommes et le monde dans une insécurité permanente, parce que toujours
suspendu soit au bon vouloir, soit à la folie de quelques-uns. La formule Dieu est amour n’est pas une médecine
douce à verser sur les plaies d’un monde en folie ; c’est une réalité dont
nous devons être convaincus pour pouvoir enfin en vivre. Chaque croyant doit commencer
par évacuer le Mal de sa propre vie, refuser tout ce qui pourrait l’y conduire,
en vivant humblement à la suite de Dieu qu’il sert. La paix et la liberté
deviendront réalité pour tous quand chaque individu aura accepté que son voisin
qu’il n’aime pas, qui est différent de lui, qui croit différemment que lui, a
le droit à la paix, à la liberté, à la vie. Saint Jean est plus que clair à ce
sujet : Bien-aimés, puisque Dieu nous
a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. C’est
bien une obligation ; nous ne saurions nous en dédouaner, sous aucun
prétexte.
Nous ne pourrons mener aucun des grands
combats sociétaux qui s’annoncent si nous le faisons dans la haine. Nous ne
changerons pas le cœur des hommes par la violence, ni par la violence des mots,
ni par la violence des actes. Seul l’amour sauvera le monde ! Seul l’amour
transformera le monde en profondeur ! Encore faut-il que nous acceptions d’accueillir
cet amour dans notre vie. Laissons-nous donc aimer par Dieu et nous deviendrons
capable d’aimer tous les hommes que Dieu met sur notre route puisqu’il nous a donné part à son Esprit. Appartenant
à Dieu par notre baptême, vivant de son Esprit, aimons, aimons, aimons. Il n’y
a rien de plus grand ; il n’y a rien de plus utile ; il n’y a rien de
plus urgent. Amen.
(dessin de M. Leiterer)
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