Nous laissons temporairement la lecture
continue de la première lettre de Jean au bénéfice de cet extrait de la lettre
de Paul aux Ephésiens que la liturgie affecte à cette fête de l’Ascension. En treize
versets, Paul parle de nous, du contenu de la foi, du Christ, des dons qu’il nous a faits et de notre
mission. Ce passage vaut la peine que nous nous y arrêtions un peu.
Lorsque Paul écrit cette lettre, il est en prison à cause du Seigneur. Et son
souci, ce n’est pas lui, sa vie ou son avenir. Son souci, c’est ce que vivent
les chrétiens d’Ephèse. Il les exhorte à vivre selon l’enseignement du Seigneur :
dans l’humilité, la douceur, la patience,
l’amour, l’unité et la paix. Rien d’autre finalement que ce que Jean n’a
cessé de nous répéter durant les cinq dimanches que nous avons vécu depuis
Pâques. Il décline à sa manière l’art de vivre du croyant au Christ. Ce que
Jean résumait dans : Aimez-vous les
uns les autres, Paul le précise : l’amour des autres nous rend
humbles, doux, patient ; il nous pousse à rechercher en toutes choses l’unité
et à vivre en paix. Là où il y a l’amour, il ne saurait y avoir rien de Mal. Jean
l’avait bien compris et l’Eglise à sa suite n’a cessé de nous le redire depuis
Pâques : notre vie prend sa valeur dans l’amour. Rappelez-vous ce que nous
disait Jean dimanche : celui qui
aime connaît Dieu ; et qu’est-ce que connaître Dieu sinon être
pleinement vivant ?
Cet art de vivre, Paul l’appuie sur la foi.
Les fidèles du Christ ne peuvent vivre que dans l’amour parce qu’ils sont
appelés à ne former qu’un seul Corps vivant dans un seul Esprit. On ne partage
pas le Christ, on ne sépare pas le Christ. Fidèles du Christ, nous sommes son Corps
visible, nous vivons de son Esprit, cet Esprit qu’il a remis sur la croix afin
que tout soit accompli. Nous ne formons qu’un corps parce qu’il n’y a qu’un seul Seigneur (le Christ), qu’une seule foi, qu’un seul baptême (qui nous unit au Christ et nous fait membre de son
Corps), qu’un seul Dieu et Père de tous.
Tout se tient, tout doit se tenir ou tout s’écroule. Et l’Histoire nous a
montré ce que donnait la vie des hommes lorsque les chrétiens ne sont pas unis
par la même charité, ni soucieux de l’unité et de la paix. Cela n’a jamais rien
donné de bon. Ils se sont tous éloignés de Dieu, le revendiquant pour leur
groupe contre les autres. Ne pas vivre cette unité dans la paix, c’est comme
refuser l’œuvre du Christ, lui qui a donné sa vie pour tous les hommes.
Paul rappelle alors la grandeur de cette œuvre
vécue en deux temps : il est d’abord
descendu dans les régions inférieures de la terre, puis il est monté au-dessus de tous les cieux
pour remplir l’univers. C’est ce mystère que nous célébrons en ce jour. Dieu,
en Jésus, s’est abaissé pour nous élever avec le Christ auprès de lui. Dieu n’a
pas sauvé l’homme de l’extérieur ; il s’est fait homme pour faire monter l’homme
vers Dieu. Il a rendu l’homme capable de Dieu. L’Ascension est une déclinaison
du mystère de Pâques. Dans la résurrection est contenu déjà ce retour vers le
Père ; c’est un même mouvement. Et nous serons appelés à vivre nous aussi
ce même mouvement lorsque nous serons appelés à vivre définitivement auprès de Dieu.
C’est toujours la joie de Pâques qui se prolonge dans la fête de ce jour.
Que le Christ retourne vers son Père,
voilà qui semble plutôt bien donc. Mais nous, dans tout cela, que devenons-nous
en attendant ? La réponse est donnée par Paul : Il a fait des dons aux hommes. Il ne nous laisse ni seuls, ni
désorganisés. Il a tout donné pour que se
construise le Corps du Christ : Apôtres, prophètes, évangélisateurs,
pasteurs, enseignants. La parole du Christ n’est pas tue depuis qu’il est
retourné vers son Père. Il a envoyé ses disciples en mission pour qu’ils soient
ses témoins à Jérusalem, dans toute la
Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. Nous sommes faits
témoins de celui qui est ressuscité des morts et retourné vers son Père. Par notre
art de vivre souligné au début de l’extrait de la lettre aux Ephésiens, nous
devons édifier ce Corps du Christ vivant. Il ne s’agit pas seulement de l’entretenir
en essayant d’en perdre le moins possible, mais de le faire grandir. Il s’agit
bien que tous les hommes, de toute la terre, reconnaissent en Jésus le Messie Sauveur,
le Fils unique de Dieu venu sur terre pour sauver tous les hommes. Comme le dit
si bien Paul, nous devons parvenir tous
ensemble à l’unité dans la foi et la pleine connaissance du Fils de Dieu, à l’état
de l’Homme parfait, à la stature du Christ dans sa plénitude. Nous devons
grandir dans notre foi. Nous avons notre part à prendre dans l’œuvre du Christ pour
qu’il soit tout en tous. Le retour du
Christ dans la gloire de son Père marque le début de notre envoi en mission. La
feuille de route nous est donnée, l’horizon est indiqué.
Le Christ retourne vers son Père et nous
confie la terre qu’il a recréée dans sa mort et sa résurrection. Nous nous
retrouvons dans la position d’Adam jadis au jardin de la Genèse : co-créateurs
avec Dieu, responsables de son œuvre, responsables les uns des autres pour qu’ensemble
nous parvenions là où Dieu nous attend, là où le Christ aujourd’hui nous
précède. Apprenons des erreurs d’Adam, vivons de l’exemple du Christ ! Et
préparons-nous à recevoir le don déjà promis, la force de l’Esprit Saint. Amen.
(Dessin de M. Leiterer)
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