Tel fut le commencement des signes que Jésus
accomplit. Voilà dit de manière claire comment, après l’appel
des disciples, commence la mission de Jésus auprès des hommes dans l’Evangile
de Jean. Une
petite phrase pour nous faire entrer dans la grande histoire de ce Dieu qui se
révèle aux hommes. Nous sortons du temps de Noël, du temps de l’enfance, pour
rencontrer enfin Jésus adulte.
Cette première rencontre se
fait lors d’un mariage. Marie, sa mère, était invitée. Il l’a accompagnée, avec
ses amis. Rien d’extraordinaire. On ne sait rien sur les époux, on ne sait rien
de l’ambiance ; on sait juste que
la fête risque de tourner court car ils n’ont plus de vin. Pour
l’heure donc, Jésus participe à ce qui fait la vie des hommes : il vit sa
vie humaine, dans toutes ses dimensions. Pour celles et ceux qui en doutaient,
Jésus est bien l’un des nôtres. Totalement. Tout semble donc aller bien jusqu’à
ce que sa mère s’adresse à lui : ils n’ont plus de vin. Comme si
cela était sa faute ! Comme s’il pouvait y remédier ! Les
commentateurs ont longuement glosé sur cette intervention de sa mère et sur la
réponse de Jésus. J’aime assez l’interprétation que j’en ai lu en préparant
cette homélie : à savoir que Marie, par ces mots, fait comprendre à son
fils que le temps est venu qu’il vive sa vie, qu’il réalise ce pourquoi il est
venu. Il est venu dans le monde pour sauver les hommes ; il est venu dans
le monde pour les rendre heureux. Quoi de plus symbolique pour marquer le début
de cette vie que de sauver non seulement une fête, mais la fête par
excellence : celle de l’amour qui unit un homme et une femme. Si l’Eglise
a fait du mariage un sacrement, c’est peut-être parce que l’amour qui unit un
homme et une femme peut devenir le signe de l’amour que Dieu veut partager avec
chacun de nous du moment qu’il est admis à cette noce. En invitant Jésus, les
époux et leurs familles n’ont certainement pas pensé inviter Dieu lui-même.
Mais Dieu se manifeste toujours là où on ne l’attend pas.
Pour marquer son entrée dans
le monde, Jésus va donc donner un signe. Ou, plus exactement, il va donner un
ordre qui deviendra un signe. Personne ne sait comment l’eau a été changé en
vin. Est-ce l’intervention bienveillante de Marie ? Est-ce le fait d’un
geste secret de Jésus ? Est-ce la confiance accordée à la parole de Jésus
par les serviteurs qui est à l’origine du signe ? Qu’importe
finalement ! Ce qui compte, c’est que la fête est sauvée. Ce qui compte,
c’est que quelqu’un a vu, que quelqu’un a dit, que quelqu’un a fait. C’est
peut-être tout cela qui fait le signe. Marie aurait-elle pu à elle seule poser
ce signe ? Si Jésus n’avait pas été averti, aurait-il pu le faire ?
Les serviteurs, sans l’intervention de Marie et la parole de Jésus, auraient-ils
obtenu le même résultat ? Chacun, à la place qui est la sienne, a
contribué à la réalisation du signe de Cana. Ce signe est alors plein
d’enseignement pour l’Eglise, la communauté des croyants. Sans le Christ, elle
ne peut rien ; sans les hommes, Dieu ne peut rien ; sans les
charismes propres à chacun, nous ne pouvons rien. Saint Paul l’a bien compris lorsqu’il
explique qu’à chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien
de tous. Ce n’est
qu’en unissant nos capacités et nos dons que nous pouvons faire avancer
l’Eglise. Les signes que le Christ a posés, et qui ont entraîné la foi de ses
disciples, sont encore possible aujourd’hui si nous unissons nos forces :
les hommes et les femmes qui ne connaissent pas le Christ peuvent encore être
entraînés à sa suite si les croyants font vivre leurs charismes, leurs dons
respectifs, sans chercher à en tirer leur propre gloire. Ensemble, nous pouvons
poser des signes qui entraîneront la foi de ceux qui les verront, à l’exemple
de ce premier signe de Jésus, jadis, à Cana.
Par le signe de Cana, Jésus
provoque la foi de ses disciples. A la suite de Jésus, nous pouvons et devons
poser des signes pour stimuler notre foi et faire advenir la foi des non
croyants. Par exemple des signes d’unité entre croyants au Christ de
différentes confessions en cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens ;
ou encore des gestes de communion entre catholiques de différents villages ;
sans oublier les gestes de charité envers tout homme que Dieu met sur notre
route. Tous ces gestes témoigneront de notre volonté de construire un monde
meilleur, plus juste et plus humain. En faisant ainsi, nous deviendrons l’Epouse
parfaite de Jésus Christ, celle qui fait la
joie de son Dieu. AMEN.
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