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samedi 9 février 2019

05ème dimanche ordinaire C - 10 février 2019

De l'admiration à la crainte, de la crainte à la confiance.








La page d’évangile que l’Eglise propose à notre méditation aujourd’hui est assez représentative des différentes histoires que nous rapporte la Bible lorsqu’elle nous parle des relations entre Dieu et les hommes. D’Abraham, le père des croyants à Paul, l’avorton devenu apôtre, en passant par les disciples, le lecteur trouvera matière à interroger son propre rapport à Dieu, ainsi que les émotions qui le traversent quand il va à la rencontre de Dieu. 

Voyez la foule qui vient à Jésus. Nul doute qu’elle est dans l’admiration devant ce jeune rabbin qui dit la parole de Dieu. Luc nous dit qu’elle se presse autour de Jésus. Nous pouvons sentir la nécessité qu’il y a pour ces hommes et ces femmes à être là, à écouter un enseignement nouveau peut-être, mais dit avec autorité et conviction. Cela donne envie de nous presser à notre tour et d’écouter ce qui est dit. Être là, à l’écoute, est sans doute la chose la plus importante à faire quand Jésus vient. J’en veux pour preuve que nous avons peu de contenu sur l’enseignement de Jésus : nous ne savons pas ce qu’il dit à la foule la plupart du temps ; mais nous savons qu’elle est là, nombreuse et attentive. Plus que ce que dit Jésus, ce qui compte c’est d’en être. La première attitude de toutes ces personnes qui se pressent, c’est une certaine forme d’admiration qui traduit le besoin d’une parole nouvelle et la reconnaissance que Jésus assouvit ce besoin.

Et Jésus enseigne volontiers, en parole et en acte, comme le montre la suite de l’évangile.  Voyant deux barques qui se trouvaient au bord du lac (…), Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon, et lui demanda de s’écarter un peu du rivage. Puis il s’assit, et de la barque, il enseignait les foules. Luc donne l’impression que Jésus n’arrête jamais ; il ne semble jamais fatigué par la foule. Il trouve toujours une solution pour enseigner au calme les foules qui viennent à lui. Dans cette barque de Simon, nous pouvons voir une image de l’Eglise qui sera confiée à Pierre et qui devra étendre et prolonger la mission de Jésus : enseigner les foules, à temps et à contre-temps, sans jamais se lasser. Et quand l’enseignement en parole est fini, une demande est faite à Simon : Avance au large et jetez vos filets. L’enseignement de Jésus a dû être tellement prenant que Simon n’objecte pas ; il consent à la demande de Jésus : Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. C’est comme si l’enseignement de Jésus se poursuivait dans cette demande. Et le résultat est là : des poissons à ne plus savoir qu’en faire : ils capturèrent une telle quantité de poissons que leurs filets allaient se déchirer. A ceux qui s’interrogent sur les fruits de l’enseignement de Jésus, il est donné un signe : ceux qui l’écoutent sont comblés au-delà de toute espérance ; la parole de Dieu peut beaucoup si nous l’accueillons avec confiance. Simon aurait pu mettre en avant son savoir de maître pêcheur et objecter à Jésus qu’une pêche à ce moment-là de la journée était inutile ! Mais il a fait confiance à la parole de Jésus. 

Et voici que l’admiration se transforme en crainte. Ecouter quelqu’un qui parle bien est une chose ; voir que sa parole réalise de grandes choses en est une autre. Au plaisir d’écouter succède la crainte de l’avenir : que va-t-il se passer encore si je continue à écouter ? Quel impact peut avoir cette parole ? Ne vaut-il pas mieux ne plus écouter ? Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. Ce cri de Simon peut traduire la conscience qu’il a soudain de qui est Jésus par rapport à lui ; mais il peut traduire aussi la peur de ce qui pourrait lui arriver si Jésus restait là, dans sa barque. Peut-être traduit-il aussi la conscience qu’a Pierre soudainement du chemin de conversion qui s’ouvre devant lui et auquel il ne se sent peut-être pas prêt ! Et il n’est pas le seul à réagir ainsi : un grand effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui. Il y a une manière romantique de considérer Jésus et sa parole : il est agréable à écouter ! Et quelquefois la réalité de la puissance de sa parole nous effraie : romantiquement nous avions compris que cette parole appelait un changement que nous désirions même peut-être ; et nous trouvions cela plutôt sympathique ! Mais quand nous comprenons que cette parole nous appelle en réalité à changer nous-mêmes, voilà qu’elle est moins romantique, plus dérangeante, plus exigeante ! Quand l’exigence concerne les autres, c’est une bonne chose ; quand elle nous concerne, elle fait peur. 

Jésus comprend et appelle à une vraie confiance en lui : sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. Jésus vient calmer nos craintes ; il nous rassure. Sa parole, pour exigeante qu’elle soit, ne demande rien d’impossible. Et surtout, il ne nous laisse pas seul pour l’accomplir. Il est avec nous, toujours. Il donne les moyens d’accomplir ce qu’il attend de nous. Voyez Isaïe qui est purifié par l’un des séraphins ! Voyez Paul, le persécuteur devenu Apôtre ! Voyez tous ces ancêtres dans la foi dont nous parle la Bible : tous ont été appelés, tous ont eu de Dieu la capacité à faire ce pourquoi ils avaient été appelés alors qu’ils s’en jugeaient indignes. C’est pour cela que, ramenant les barques au rivage et laissant tout, ils le suivirent. Quand l’homme accepte de faire confiance à Jésus, il peut tout, en Jésus. Et rien ne l’empêchera de marcher à sa suite. 

Ce que l’enseignement de Jésus à la foule provoque, le signe de la pêche miraculeuse nous le montre. C’est d’abord un déplacement intérieur, une conversion : Jésus cesse d’être ce personnage romantique pour devenir le cœur de notre vie dès lors que nous abandonnons toute crainte. Inscrivons-nous dans ce grand mouvement de confiance et marchons, nous aussi, à la suite de Jésus. Amen.

 (Photo prise en l'église de Baia Sprie, Détail des fresques, Roumanie)

 

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