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dimanche 24 février 2019

07ème dimanche ordinaire C - 24 février 2019

Jésus Christ et Shakespeare : même combat !






Dites-moi franchement : est-ce que cela vous donne envie d’être chrétien (ou de rester chrétien) quand vous entendez l’évangile de ce jour ? Avez-vous vraiment envie de toujours tendre l’autre joue, de toujours faire le premier pas après une dispute, de toujours céder le pas à celui qui vous veut du mal ? Chaque fois que je lis cette page, j’ai l’impression d’entendre le monde entier rire : encore un naïf qui croit qu’à force d’amour on peut changer le monde et les hommes ! 

Pourtant, nous voulons bien y croire, à l’amour, dans sa version romantique. Comment expliquer autrement qu’une des pièces de Shakespeare la plus jouée au théâtre, la plus adaptée au cinéma, soit justement une pièce qui nous parle d’amour et de haine : Roméo & Juliette ? Je vous en parle parce que je trouve qu’il y a là un même combat qui est mené par Jésus et par Shakespeare : démonter le mécanisme de l’amour et de la haine. Shakespeare le faisait à travers deux familles au destin lié qui aimaient se détester ; Jésus l’a fait bien avant lui, entre autres dans cette page d’évangile, invitant ceux qui le suivent à se démarquer des autres hommes par une perfection dans l’amour. 
 
Reconnaissons-le d’emblée : comme les autres, les chrétiens ont du mal à aimer, même ceux qui les aiment. Là, je prends volontiers le contre-pied de Jésus qui semble nous dire que c’est facile d’aimer ceux qui nous aiment. La vie nous apprend tous les jours que ce n’est pas aussi évident. L’amour n’est jamais facile. Car aimer quelqu’un, suppose être capable de demeurer dans l’amour même quand cela va mal ; aimer quelqu’un, suppose de l’aimer malgré les déceptions que l’autre peut provoquer en moi. En dehors de la patience et d’un amour à renouveler quotidiennement, je ne vois pas de solution. Un tel amour est exigeant, crucifiant : le Christ, le premier, nous en a donné l’exemple. L’amour peut mener à la mort. Que les allergiques au discours religieux relisent Roméo & Juliette : mêmes causes, mêmes effets ! 

Comme les autres, les chrétiens n’ont pas à se laisser marcher sur les pieds. On a souvent voulu faire croire qu’au nom de l’amour, il fallait tout endurer, y compris l’injustice, y compris les coups (tendez l’autre joue à celui qui vous frappe !). Les chrétiens seraient-ils des moutons qui se laissent tondre sans rien dire ? Les chrétiens laisseraient-ils faire l’injustice sans réagir ? C’est oublier un peu vite tous ces croyants qui, au long de notre histoire, se sont levés pour dire NON à la violence, NON à l’injustice, et qui se sont battus, parfois contre leur propre camp, pour que l’homme, tout homme, soit respecté ! Pensons au Dominicain Bartolomé de Las Casas qui défendit la dignité des peuples de l’Amérique du Sud en pleine période de la colonisation. 

Plus que les autres, les chrétiens sont invités à être témoin de l’Amour, témoin de ce Dieu qui nous a fait pour la vie, témoin de ce Dieu qui a tout donné par amour pour nous. Notre amour n’est pas meilleur que les autres, il a peut-être simplement la chance de s’appuyer sur l’unique amour de Dieu pour tous les hommes. Ainsi, en prenant exemple sur le Christ, nous pouvons renforcer notre amour. Pour nous, Dieu est la source de tout amour ; nous savons que nous pouvons nous appuyer sur lui pour renverser les montagnes de haine qui opposent les hommes. Frère Laurent, dans Roméo & Juliette l’avait oublié : il a préféré manier les poudres et le mensonge (faire croire à la mort de Juliette) pour faire vivre un amour qui semblait impossible. S’il s’était souvenu, ne serait-ce qu’un instant, qu’il était le témoin de l’Amour, il serait monté lui-même au front, au lieu d’envoyer à une mort certaine l’amour naissant de deux adolescents. 

Témoins de l’Amour véritable, les chrétiens sont, plus que d’autres, appelés à être aussi témoin du pardon. Les premiers, ils doivent renoncer à rendre le mal pour le mal ; les premiers, ils doivent briser le cycle de la violence. C’est cela tendre l’autre joue : trouver l’attitude qui désarmera l’adversaire et lui fera cesser sa violence. Regardons le Christ. Lorsqu’il est mis en accusation, il est frappé par le serviteur du grand prêtre. Que fait-il alors ? Il ne tend pas l’autre joue : il demande simplement : « Pourquoi me frappes-tu ? Montre ce que j’ai dit de mal ». Un mot suffit quelquefois pour briser la violence. Encore faut-il en avoir le courage et la volonté. 

Être témoin du pardon, c’est aussi ne pas désespérer de l’homme, ne pas l’enfermer dans le mal qu’il m’a fait. C’est croire finalement qu’il peut devenir meilleur, que le mal ne se transmet pas de génération en génération dans une famille. Les Montaigu et les Capulet l’ont compris trop tard. La haine qui les opposait, et qui a entraîné la mort de leurs enfants, qui peut me dire ce qui l’a déclenché ? Dans nos villages, il arrive que des familles se déchirent encore aujourd’hui pour des histoires qui ont concerné leurs arrière-grands-parents ! Le motif de la discorde est oublié depuis longtemps, mais pas la haine ! Elle ronge le cœur des descendants depuis des générations et l’on ne voit pas bien pourquoi cela s’arrêterait. On a toujours fait comme ça ! Croyants, nous ne pouvons pas nous résoudre à ce genre d’explication. Croyants, nous ne pouvons pas permettre que perdure la haine et ses conséquences. Il nous faut choisir : la haine ou le Christ ! Ou, pour ceux qui préfèrent Shakespeare : Tybalt ou Roméo ! 

Témoin de l’amour, témoin du pardon : où en sommes-nous de notre foi en Dieu qui nous aime, de notre foi en l’homme, image et ressemblance de Dieu ? En 2001, ils étaient nombreux, ceux qui chantaient : « aimer, c’est ce qu’il y a de plus beau, c’est ce qu’il y a de plus grand, aimer, c’est payer le prix, donner un sens à sa vie ». Sont-ce là juste les mots d’un spectacle ou une réalité qui nous remue au plus profond ? Pouvons-nous entendre le Christ nous dire aujourd’hui qu’il faut aimer, y compris nos ennemis, ceux qui nous maudissent, ceux qui nous calomnient sans nous sentir provoqués à dépasser les limites de l’amour humain pour entrer dans l’amour divin ? Il est plus que temps, pour notre monde, que se lèvent des hommes et des femmes passionnés par l’amour et le pardon ; il est plus que temps que tous les chrétiens vivent d’un amour et d’un pardon contagieux, pour le bonheur et le salut du monde. AMEN.

 

 

 

 

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