Bienvenue sur ce blog !

Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 8 février 2020

5ème dimanche ordinaire A - 09 février 2020

Un cadre et beaucoup de souplesse.






Comment évangéliser ? Comment rendre le Christ présent ? Comment donner envie de le suivre ? La liturgie de ce dimanche propose des réponses qui peuvent se résumer dans l’enseignement de Jésus à ses disciples (et non à la foule) : Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde. Tout est dit, et en même temps tout reste à faire. Parce qu’il n’y a pas une seule manière d’être lumière ou sel. Comment être sel et lumière dépendra du lieu où vous êtes, du moment où vous êtes, des personnes que vous rencontrez. C’est une question d’adaptabilité, de souplesse. Mais si les circonstances peuvent influer sur notre manière d’être sel et lumière, il n’en subsiste pas moins un cadre de départ. 

Ce cadre, le prophète Isaïe le donnait déjà à ses contemporains. N’oublions pas que la vocation d’Israël est d’être lumière qui attire à Dieu toutes les nations de la terre. Ce qu’il dit à son peuple est donc encore valable pour nous. Son enseignement est simple et concret : il est composé de deux volets. Le premier nous tourne vers les autres :  Partage ton pain avec celui qui a faim, accueille chez toi les pauvres sans abri, couvre celui que tu verras sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable. Le second nous tourne vers nous-même, et nous appelle à une constante conversion : Fais disparaître de chez toi le joug (comprenons ce qui opprime l’autre), le geste accusateur, la parole malfaisante : voilà comment ta lumière se lèvera dans les ténèbres. Il ne s’agit pas seulement de bien agir avec ceux qui ont moins de chance que nous ; il s’agit aussi de chasser le Mal de notre vie, de refuser de le propager par une parole perfide ou des gestes qui enferment. C’est certainement plus compliqué parce que cela demande un travail sur nous-mêmes, une attention plus grande à nous-mêmes, à nos réactions, à nos émotions. Nous sommes souvent lestes à les dénicher chez les autres ; mais le prophète nous dit que c’est de notre vie qu’il faut chasser gestes méchants et paroles malfaisantes. Nous ne pouvons pas être lumière tant que nos actes et nos paroles excluront, blesseront, rejetteront, quand bien même nous aurions été blessés. D’où l’importance du pardon à demander et à accorder ; car personne ne peut se contenter d’un : « oh vous savez, c’est lui ; ce n’est pas grave s’il vous a insulté ou s’il parle mal de vous ; il est comme ça ! » Et je me rends compte alors d’une double réalité : je m’empêche moi-même d’être lumière du monde et sel de la terre en cédant au mal ; mais les autres aussi peuvent m’empêcher de l’être en m’enfermant dans l’image qu’ils se font de moi et qu’ils m’empêchent de décoller. Nous sommes responsables les uns des autres, nous sommes collectivement responsables d’être lumière du monde et sel de la terre. 

Paul donne un autre aspect de ce cadre que le prophète a commencé à poser : c’est l’humilité nécessaire pour présenter Jésus Christ. C’est dans la faiblesse, craintif et tout tremblant, que je me suis présenté à vous. Peut-être justement parce nous sommes responsables les uns des autres. Je ne dois ni imposer mon Dieu, ni attendre d’être parfait pour parler de lui ; je risquerai de n’en parler jamais. L’humilité me permet de me situer en vérité devant Dieu et devant les autres. Je peux alors entrer en conversation avec le monde, sans chercher à le convaincre. Témoigner n’est pas imposer, ni vouloir à tout prix convertir. Dieu seul convertit les cœurs par sa puissance et son Esprit. Je peux juste donner à voir ce qu’il fait déjà dans une vie d’homme, la mienne. Et je peux voir aussi tout ce qu’il lui reste à accomplir en moi ; d’où l’humilité nécessaire. 

Nous ne pouvons pas renoncer à être lumière du monde et sel de la terre. Il nous faut sans cesse demander la grâce de l’être plus, de l’être mieux. Et si notre péché et nos limites obscurcissent nos vies, souvenons-nous du pardon à célébrer. Dieu fera rejaillir la lumière dans nos vies ; il redonnera goût à notre sel. Ne nous empêchons pas de le redevenir ; n’empêchons pas les autres de le redevenir en les enfermant dans leurs limites et dans leurs faiblesses. Nous nous affadirions du même coup. Amen.




(Dessin de Jean-Yves DECOTTIGNIES, in Mille dimanches et fêtes, éd. Les presses d'Ile de France)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire