Il y a des histoires simples qui en
disent long sur le projet de Dieu pour nous. Celle qui nous est racontée, à l’occasion
de la fête de la Présentation de Jésus au Temple, est de celle-là. Elle peut se
résumer à l’interaction entre un papa, une maman, un bébé, un homme âgé et une
vieille femme.
Un papa, une maman et un bébé d’abord.
Ils montent à Jérusalem pour présenter [l’enfant] au Seigneur, selon ce qui
est écrit dans la Loi. Ils ne font rien d’extraordinaire ; ils
accomplissent juste les rites de leur foi, les rites de la Loi de Dieu. Ce faisant,
ils rendent grâce à Dieu pour la confiance qu’il a placé en eux en leur
confiant cet enfant, en leur confiant son enfant. Rendant grâce à Dieu, ce papa
et cette maman confient aussi leur enfant à Dieu car, dit la Loi, Tout
premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. Ces parents offrent
à Dieu ce don que lui-même leur a fait ; ils lui offrent le fruit de sa
promesse. Ce papa et cette maman ont cette certitude de n’être pas propriétaire
de leur enfant ; ils n’oublient ni l’Annonciation, ni le songe durant la nuit,
ces moments importants de leur jeune vie qui les voyait dire Oui au projet de Dieu,
chacun leur tour. Ils savent qui est l’enfant qu’ils présentent ensemble à Dieu ;
ils savent que, d’une certaine manière, ils permettent à cet enfant de rencontrer
déjà son Père, le Père de tous les hommes. Quelque chose de neuf peut commencer ;
le projet de Dieu annoncé est là, dans cet enfant présenté au Temple. Et Marie
et Joseph semblent nous dire qu’ils sont prêts à poursuivre ce projet de Dieu,
projet qu’ils savent projet d’amour puisque incarné dans cet enfant. L’histoire
aurait pu s’arrêter là : ce papa et cette maman ont fait ce que demandait
la Loi ; tout était bien, tout était dans l’ordre des choses.
Mais voilà, il y a aussi cet homme
âgé et cette vieille femme, au Temple. Nous les sentons tous deux poussés par l’Esprit
Saint ; d’où leur présence au moment même où Marie et Joseph viennent
accomplir les rites de la Loi. Ce n’est pas un hasard, c’est un signe. Il nous
faut entendre l’éloge que fait Luc de ces deux personnages : Syméon, un
homme juste et religieux, l’Esprit Saint était sur lui ; et Anne, servant
Dieu jour et nuit, ne s’éloignant pas du Temple depuis son veuvage survenu
très tôt (après sept ans de mariage). Cette admiration dit de quelle
trempe ils sont ; de la trempe des grands hommes et des grandes femmes de
la Bible. Un homme et une femme, âgés tous les deux, pleins de la sagesse que
donnent la méditation de la Parole de Dieu et la prière des psaumes. Leur présence
et leur action à chacun sont importantes dans le récit de ce jour. Par eux,
Marie et Joseph reçoivent la confirmation de leur histoire sainte commencée à l’Annonciation.
Par ces nobles vieillards, Marie et Joseph s’entendent dire qu’ils n’ont pas
rêvé que Dieu leur parlait ; ils n’ont pas rêvé la filiation divine de
leur bébé. Mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples,
proclame le vieux Syméon, confirmant ainsi le sens du premier nom de l’Enfant :
Jésus, le Seigneur sauve. Et Anne proclame les louanges de Dieu et parlait
de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance d’Israël. Si d’aventure
nous doutions encore, voilà réaffirmée la mission de salut de cet enfant qui
doit maintenant grandir. Avec Marie et Joseph, nous pouvons nous en étonner, c'est-à-dire
être saisis par une parole qui bouleverse. Cette parole fait vivre et grandir,
cette parole fait espérer et réjouit le cœur de ceux qui l’entendent :
voici confirmé le deuxième nom de l’enfant : Emmanuel, Dieu-avec-nous !
Jamais cela n’a été aussi vrai qu’en cet enfant que Syméon tient en ces mains. Le
vieillard a tout vu, il peut demander à Dieu de le laisser s’en aller en paix.
Tout est en cours d’accomplissement !
Un papa, une maman, un bébé, un
homme âgé et une vieille femme ; tel était notre point de départ. A l’arrivée,
nous avons la confirmation que le salut du monde est en marche, que Dieu est
fidèle à ses promesses. Une nouvelle page s’ouvre dans l’histoire des hommes au
point qu’on a pu présenter cette rencontre intergénérationnelle comme la
rencontre entre l’Ancien et le Nouveau Testament, la rencontre entre les
promesses faites par Dieu et celui qui va les accomplir toutes, pour le bonheur
et la vie des hommes. Ce n’est pas une belle histoire pour enfant sage, c’est l’histoire
des hommes, notre histoire, qui nous est ainsi rappelée. Avec Marie et Joseph,
rendons grâce pour la naissance de Jésus ; avec Syméon et Anne,
reconnaissons les merveilles que Dieu fait pour nous ; reconnaissons en
cet enfant la lumière qui se révèle aux nations, la délivrance du peuple
que Dieu se donne et dont nous sommes. Amen.
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