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samedi 29 février 2020

1er dimanche de Carême A - 01er mars 2020

Dieu nous apprend l'homme.







Le temps du carême, que nous avons inauguré ce mercredi, veut nous permettre un retour à Dieu, une plus grande attention à sa Parole, une meilleure connaissance de lui et de nous. Pour chacun des dimanches à venir, je voudrais nous mettre à l’école de Dieu lui-même, car il est notre premier enseignant. C’est de lui que nous pouvons recevoir les réponses à nos grandes questions. En ce premier dimanche, Dieu nous apprend l’homme. Nous pourrions aussi bien dire : Dis-moi quel est ton Dieu, je te dirai qui tu es ! Cette affirmation est bien plus qu’une formule bien balancée ; elle est une partie de notre foi. Pour le chrétien, à cause de Jésus, l’homme et Dieu sont tellement liés, qu’il est impossible de parler de l’homme sans parler de Dieu. A tel point que l’on peut dire que Dieu nous apprend l’homme, et même qu’en Jésus, Dieu nous apprend à être vraiment homme. 

Cette pédagogie de Dieu a commencé dès le premier instant où l’homme a vu le jour. Nous croyons et affirmons que l’homme est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. L’homme possède donc en lui une parcelle de vie divine ; il possède au fond de lui l’image même de Dieu. Et pourtant, nous dit le livre de la Genèse, l’homme cherche à être comme Dieu. Première des créatures, placé au sommet de la création pour la conduire et la gouverner, voilà que l’homme veut plus. Le discours de l’Adversaire, tel que le présente le Livre de la Genèse dans l’extrait entendu aujourd’hui, laisse entendre que Dieu voudrait maintenir une distance entre lui et l’homme pour mieux le dominer, voire l’exploiter. Face à Dieu, l’homme ne serait pas vraiment libre. Trompé par le serpent, le voilà qui s’éloigne, qui sort du cadre de l’Alliance. Et il se découvre nu sans cette fidélité à Dieu, nu et vulnérable. Par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et par le péché est venue la mort, affirme Paul aux chrétiens de Rome. 

Dis-moi quel est ton Dieu, je te dirai qui tu es ! Heureusement que Dieu n’est pas l’homme ! Il aurait pu se mettre en colère, il aurait pu détruire sa création : il n’en fit rien ; il n’en fera jamais rien ! Dieu est tendresse et pitié, lent à la colère, plein d’amour. Il attendra le jour où l’homme reconnaîtra sa soif de Dieu ; il attendra le jour favorable pour tisser entre lui et l’humanité un lien d’alliance unique. Il nous faudrait ici relire toute la première alliance pour y découvrir cette patience de Dieu. Nous y découvririons aussi l’inconstance de l’homme, sa persistance à vouloir se couper de Dieu. A la fois l’homme reconnaît le lien étroit qui l’unit à Dieu, et à la fois il voudrait s’en défaire, tout en sachant que cela ne lui apportera rien de bon. Au bout du compte, Dieu offre son fils, Jésus. Il devient véritablement l’un de nous. En Jésus, l’homme et Dieu sont sur un pied d’égalité. En Jésus, l’homme trouve sa vraie dimension : celle d’un être aimant, capable d’aimer et capable d’être aimé. En Jésus, Dieu trouve sa véritable expression : il est celui qui permet à l’homme de se réaliser vraiment. De même que par la désobéissance d’un seul être humain [Adam] la multitude a été rendue pécheresse, de même par l’obéissance d’un seul [Jésus] la multitude sera-t-elle rendue juste, dit encore Paul aux Romains. 

Dis-moi quel est ton Dieu, je te dirai qui tu es ! Jésus a admirablement exprimé ce Dieu qu’il reconnaît comme son Père, celui qui l’a envoyé sauver le monde, au début de sa vie publique. Alors qu’il connaît les tentations propres à chaque homme, il s’appuie sur Dieu et sa parole pour résister à l’Adversaire. Le Dieu qu’il annonce est proche de l’homme ; il se fait nourriture pour lui. Le Dieu qu’il annonce est Sauveur de tous les hommes ; il prend soin de lui en toute occasion. Le Dieu qu’il annonce est plus fort que la mort et le péché ; il est le seul Dieu. L’Adversaire ne peut rien contre lui. Celui qui marche à la suite de Jésus, celui-là sert le même Dieu. Il est donc un homme libre, un homme qui sait poser les choix fondamentaux et orienter toute sa vie grâce à la Parole de Dieu. Il est certes pécheur, mais il se sait sauvé. Il reçoit de Dieu son humanité, il reçoit du Fils l’Esprit de sainteté. Il est pleinement homme parce que pleinement du côté de Dieu. La grâce de Dieu s'est répandue en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ, précise Paul dans sa lettre aux Romains.

Dis-moi quel est ton Dieu, je te dirai qui tu es ! En Dieu seul, l’homme trouve sa vraie dimension. Ce qu’il cherche au-dehors de lui, il le trouve paradoxalement lorsqu’il plonge au plus profond de lui. Il porte en lui la vie divine, enfouie au fond de son être. Elle resplendira véritablement le jour où il sera totalement uni à Dieu, en parfaite conformité avec sa Parole d’amour. Il sera Dieu lorsqu’il sera vraiment homme. Le Christ nous a ouvert le chemin : ce carême nous est donné pour choisir de le suivre à nouveau ; ce carême nous est donné pour retrouver en nous l’image de Dieu que le péché a obscurci. Avec Jésus, faisons le choix de Dieu ; avec Jésus, faisons le choix de faire grandir le Royaume ! AMEN.

(Tableau de Cranach l'Ancien, Adam et Eve, vers 1526, The Courtauld Gallery, Londres)

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