Nous aurions tort de faire de cette parabole une leçon de morale. Nous aurions tort d’utiliser cette parabole pour essayer de classer les gens en différents groupes, selon qu’ils écoutent un peu, beaucoup ou pas du tout la Parole de Dieu. Cette parabole, comme toute la Parole de Dieu au demeurant, ne veut pas dispenser un cours, mais une invitation ; une invitation à vivre mieux notre propre rapport à Dieu.
Si l'on retire d'emblée le bord du chemin qui ne produit rien, il reste trois types de terres qui ne sont pas trois catégories de personnes. Ces trois types de terre (sol pierreux, plein de ronces et bonne terre), c’est chacun de nous, selon les jours, selon les moments vécus. Il y a des jours où la détresse l’emporte, nous rendant sourds à la Parole que Dieu nous adresse. L’épreuve que nous traversons est tellement grande que même Dieu nous a abandonnés, nous semble-t-il ! C’est la situation que nous pouvons connaître aujourd’hui encore, lorsque nous avons mal vécu la crise sanitaire dont nous ne sommes pas encore débarrassés. Les invitations à l’espérance n’ont aucune prise sur nous, nous nous enfermons, nous nous replions et les allègements de mesures, au lieu de nous réjouir, ne font que renforcer notre détresse, notre peur. Quand bien même nous relirions tous les prophètes qui invitent à l’espérance au plus fort de la détresse, rien ne changerait. La Parole ne serait plus que des mots, vides et sans saveur. Je prends l’exemple de la crise Covid parce qu’elle nous a tous touchés ; mais n’importe quelle crise personnelle spirituelle peut avoir le même effet. La Parole de Dieu, si belle et puissante soit-elle, ne nous touche plus ; elle n’atteint plus notre cœur. Nous sommes dévorés par l’angoisse.
De même, nous connaissons tous des jours où tout va bien. Pas de crise à l’horizon, pas même un petit nuage. La Parole de Dieu peut retentir en nous, nous aimons la fréquenter. Mais il y a cette petite musique qui interfère avec elle. Un petit souci, souvent pas grand-chose, mais qui nous tient en alerte. La Parole de Dieu devient secondaire ; il y a tant de choses plus importantes qu’elle, nous semble-t-il. Ainsi, pendant le confinement, quand il n’y avait rien d’autre à faire, nous avons été nombreux à avoir une attention renouvelée pour la Parole de Dieu. Il n’y avait que cela à faire. Mais maintenant que la vie reprend son cours, la Bible est rangée, elle reprend la poussière. Ce n’est pas que nous ne l’aimons plus, mais nous avons d’autres priorités. La relance économique ne souffre pas de délais ; c’est notre objectif numéro 1. Dommage pour la Parole qui pourrait donner sens à tout cela. Nous le reprendrons à la prochaine crise ; on ne sait jamais…
Enfin, nous connaissons tous des périodes où la Parole est le tout de notre vie ; elle oriente nos choix, guide nos décisions, donne sens à notre action. Nous sommes heureux dans ces moments-là. La Parole entendue, méditée et mise en œuvre porte du fruit, à raison de cent ou soixante, ou trente pour un. Qu’importe le rapport ; ce qui compte, c’est ce qu’elle produit en nous, car elle ne produit toujours que du bien, du mieux. Même les épreuves que nous pouvons traverser ne nous font pas lâcher la Parole. C’est ainsi que devrait être notre vie, chaque jour. C’est ainsi qu’elle peut être chaque jour. Cela ne tient qu’à nous. Car enfin, ce n’est jamais la Parole qui nous quitte, mais bien nous qui la rangeons soigneusement. Cette parabole de Jésus est là pour nous rappeler que le grain de la Parole est toujours semé ; elle nous encourage à rendre la Parole première. Elle est efficace, elle agit, elle ne revient pas [à Dieu] sans avoir fait ce qui [Lui] plaît, sans avoir accompli sa mission. L’assurance du prophète doit devenir nôtre, pour que nous restions bonne terre même lors des plus grandes tribulations.
Que ce temps de vacances, ce temps de changement de rythme, soit un temps favorable, non seulement pour reprendre la Parole, mais pour nous attacher à elle plus fortement encore. Et lorsque viendront épreuves et découragements, demandons la grâce de tenir bon pour que la Parole puisse encore produire en nous de bons fruits. Amen.
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