Une Parole qui nous entraîne à l'unité.
(Hortus deliciarum, Le prophète Jonas)
Ce dimanche de l’année, coincé entre le 18 et le 25 janvier, est celui de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Mais ce troisième dimanche du temps ordinaire est aussi, par la volonté du pape François, le dimanche de la Parole de Dieu. Parce qu’en matière de foi, nous avons le droit d’être gourmand, disons qu’aujourd’hui, c’est double dessert : nous prendrons le temps de mesurer l’importance de la Parole de Dieu sans nous priver pour autant de la prière pour l’unité de tous les chrétiens.
Que ce soit dans l’histoire de Jonas, le prophète contrariant et contrarié, ou dans l’évangile de l’appel des premiers disciples, nous voyons la Parole de Dieu à l’œuvre. Et ce qui caractérise le mieux cette Parole, c’est qu’elle est parole qui appelle. Elle appelle Jonas à proclamer le message que Dieu donne ; elle appelle les Ninivites à la conversion ; elle appelle Simon et André ainsi que Jacques et Jean à suivre Jésus. Ce n’est jamais une parole en l’air. En ce sens, c’est une parole qui donne sens et qui fait sens. Elle donne du sens (c'est-à-dire du contenu) à nos vies et à nos actions et elle fait sens en indiquant le but de notre vie. La Parole de Dieu ne vient pas nous embêter ; elle vient nous rassurer, nous stimuler, nous rappeler que nous sommes faits pour Dieu et que Dieu est pour nous. Nous le voyons bien avec les Ninivites : grâce à la Parole de Dieu, notre existence peut changer. En entendant le prophète, ils ne se disent pas : quel prophète de malheur ! Non, ils se convertissent, sans délais, du plus grand au plus petit. Grâce à la Parole de Dieu, notre existence s’ouvre à une vie plus grande : voyant leur conversion, Dieu renonça au châtiment (à la destruction et à la mort). A ceux qui écoutent sa Parole, Dieu offre la vie véritable.
Cette Parole qui donne sens et fait sens, invite aussi à ne jamais oublier l’autre, le frère, même s’il est différent. Jonas aurait bien voulu échapper à sa mission (lisez le livre entier et vous comprendrez) ; il aimait sans doute réellement son Dieu, mais les Ninivites l’insupportaient. Comment aurait-il pu aimer des gens qui en étaient venus à agacer Dieu lui-même au point que celui-ci avait décidé de les détruire ? Ils n’étaient pas comme Jonas, ces Ninivites ; pourquoi aurait-il eu le souci d’eux ? Simplement parce que Dieu lui-même a eu souci d’eux. Ne choisit-il pas d’avertir les Ninivites de ce qui pourrait arriver ? Ne choisit-il pas, en envoyant son prophète, de laisser une dernière chance, de parler plus fort pour être sûr d’être entendu ? Et c’est ce qui arrive ; la Parole retentit à peine, qu’aussitôt, les gens crurent en Dieu. De cette attitude fondamentale de Dieu qui ne veut perdre aucun de ceux qu’il a créés, naît notre responsabilité face à l’unité des chrétiens. Les « autres » chrétiens sont peut-être des gens bizarres pour nous, et nous sommes sans doute aussi bizarres pour eux, ils n’en sont pas moins nos frères et sœurs dans la foi. Nous ne pouvons pas manger à la même table, mais nous devons avoir à cœur une unité plus grande. Et quel meilleur lieu, quel meilleur moyen de nous unir que de relire ensemble cette Parole de Dieu, qui est la même pour tous ? Quel meilleur moyen de nous unir que cette Parole qui fait sens et donne sens à chacune de nos communautés ecclésiales ? La Parole de Dieu est notre trésor commun parce que nous croyons au même Dieu, au même Christ qui nous sauve par sa mort et sa résurrection. Nous suivons le même Christ qui appelle pareillement Simon et André et Jacques et Jean. Ils sont de la même corporation (pécheurs), mais pas de la même famille. Et pourtant, ils sont pareillement appelés. De même, catholiques, protestants, orthodoxes, évangéliques, nous sommes de la même corporation : les chrétiens ; mais pas de la même famille. Mais nous sommes tous appelés à suivre Jésus, le Christ, et à témoigner de lui. Cette mission commune est plus grande et plus importante que nos divisions. Notre Eglise, pour ne parler que de nous, ne doit pas se faire connaître elle ; elle doit faire connaître le Christ. C’est lui qui appelle, c’est lui qui donne la vie, c’est lui qui sauve !
Nos différentes communautés, et
nous-mêmes, nous pouvons faire comme Jonas, dans sa première réaction et fuir
notre responsabilité : nous finirons comme lui dans le ventre d’un gros
poisson. Nous pouvons aussi choisir d’écouter Dieu qui nous invite à la conversion
et à construire patiemment l’unité. En travaillant ensemble la Parole de Dieu
qui appelle toutes les nations, nous découvrirons personnellement et
collectivement le projet d’amour et de salut de Dieu pour tous les hommes.
Ainsi seulement serons-nous vivants et sauvés, pleinement unis au Christ !
Amen.
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