Faire route avec Jésus sur le chemin du service.
(Sieger KÖDER, Le lavement des pieds)
C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. Cette affirmation de Jésus vient clore le rite du lavement des pieds, ne nous laisse aucune échappatoire : le service sera notre style de vie, le service sera notre marque de fabrique. Pour être bien clair, un chrétien qui ne sert pas est un chrétien qui ne sert à rien. Le service, ce n’est pas « si je veux » ; le service, ce n’est pas « quand je n’aurai rien d’autre à faire ». Le service, c’est ici et maintenant, à chaque instant.
Ce n’est pas pour rien que le jeudi saint est le jour de la fête du sacerdoce. En célébrant la première messe de l’histoire de l’humanité et en donnant le signe du lavement des pieds au cours du même repas, invitant ses disciples à refaire le premier geste en mémoire de lui et à faire le second comme il a fait pour eux, Jésus lie très clairement les deux à la figure du disciple que Jésus a choisi et appelé à le suivre d’une manière toute particulière. Le premier des serviteurs n’est autre que le pape lui-même, et à sa suite tous ceux qui ont reçu le sacrement de l’ordre. La vie d’un prêtre, quel qu’il soit, est d’abord une vie offerte, une vie de service. Son unique pouvoir est celui de pouvoir servir tout homme qui croise sa route. Ce faisant, il rend présent le Christ, serviteur des hommes à travers le temps et l’Histoire. Quand le prêtre fait ce qu’il est censé faire – servir ses frères dans la charité, c’est le Christ qui sert ces mêmes hommes, dans sa charité, à travers lui. Et ce n’est pas parce que certains ont perverti le sens de cette belle expression qu’il faut renoncer, pour le prêtre, à agir au nom du Christ, unique tête de son peuple. Si le prêtre ne rend plus le Christ présent et agissant au milieu de son peuple, à travers sa propre vie et à travers les sacrements qu’il préside, alors le prêtre ne sert plus à rien.
Ce que je viens d’énoncer de la figure du prêtre ne doit pas laisser croire que les disciples du Christ non ordonnés sont dispensés du service. Le service n’est pas un caractère ministériel, il est un caractère attaché à notre être chrétien. Si le pape utilise, pour se désigner, l’expression serviteur des serviteurs de Dieu, c’est bien pour rappeler qu’il est le premier, non pas des prêtres, mais de tous les chrétiens qui forment l’Eglise, à servir. Nous sommes tous, par notre baptême, à l’image du Christ, prêtre, prophète et roi. Nous avons tous à imiter le Christ en vertu de notre baptême qui fait de nous tous des autres Christ. La manière de servir ne sera pas identique puisqu’elle sera propre à chaque état de vie ; mais la notion de service est la même pour tous. Et ce service ne concerne pas seulement nos identiques, c'est-à-dire les autres chrétiens catholiques ; le service auquel nous sommes appelés concerne tous les hommes, et particulièrement les petits. Faut-il rappeler ici l’évangile de saint Matthieu au chapitre vingt-cinq (le jugement dernier) : ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. Ce qui est visé dans cette page d’évangile, c’est bien le service de celui qui a faim ou soif, le service de celui qui est nu, étranger, malade ou en prison. Et ce service, c’est tout autre chose que de le renvoyer chez lui !
Alors
oui, suivre le Christ peut sembler difficile quelquefois, exigeant toujours. Les
jours saints que nous vivons ne cessent de nous le rappeler. Mais le service de
tout homme et de tout l’homme, restera toujours le moyen le meilleur de
témoigner de lui, de répandre sa charité et de faire œuvre de salut. Et n’en
déplaise à certains de ceux qui veulent gouverner la France, l’Eglise est
toujours à sa place quand elle rappelle le primat de la charité qui nous oblige
à ne pas laisser l’étranger à nos frontières. L’Eglise est même à sa juste
place lorsqu’elle dénonce les velléités de certains à fermer les frontières, à
repousser les étrangers, et à persister à les désigner comme responsables de
tous les maux qui nous accablent. Au nom du devoir de servir qui lui incombe,
un chrétien ne saurait se ranger derrière de telles attitudes, ni soutenir
telle manière de penser. A l’exemple de notre Seigneur et Maître, faisons
comme il a fait pour nous : servons, sans distinction. Amen.
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