Faire route avec les disciples pour témoigner du Ressuscité.
Ils sont étonnants, non, les Apôtres que Luc nous dépeint dans son second livre. Ils sont étonnants, parce qu’ils sont transformés, profondément. Quand on se souvient de ceux qui étaient enfermés à double tour au soir de Pâques, et qu’on les voit aujourd’hui, rentrant chez eux tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus, on peut avoir quelque peine à croire que ce sont les mêmes. Et pourtant, ce sont bien eux, avec à leur tête Pierre, celui qui avait renié, et qui maintenant proclame que le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus. Ceux qui veulent une preuve de la résurrection de Jésus n’ont qu’à se plonger dans la lecture des Actes des Apôtres pour reconnaître dans leur agir, dans leur art de vivre la présence de Jésus ressuscité. Quand cette expérience de la rencontre vraie avec le Ressuscité est faite, rien n’est plus comme avant dans une vie. Tout est changé, tout est bouleversé.
Regardez Pierre et les disciples. Lorsque nous les croisons, dans leur barque entrain de pêcher, ils ont déjà fait cette expérience, cette rencontre avec Jésus ressuscité. Souvenez-vous de l’évangile de dimanche dernier. Les Onze restant ont eu droit à une apparition de Jésus. Le doute n’est plus permis pour eux. Ils ne mesurent sans doute pas encore toutes les conséquences de cet acte inédit de quelqu’un qui était mort et qui maintenant est pleinement, réellement vivant. Mais nous sentons déjà plus de légèreté dans leur vie, le retour de la joie qu’ils avaient complètement perdue après la mort de Jésus. Ils sont bien, là dans leur barque, même s’ils n’ont rien pris. Une sortie entre amis fait toujours du bien. Au petit matin, lorsque quelqu’un les interpelle depuis la rive, ils ne reconnaissent pas Jésus. Mais ils vont obéir à cet homme qui leur dit de relancer le filet. Le résultat ne se fait pas attendre : le filet est débordant. C’est le signe qu’il leur fallait pour reconnaître Jésus qui les attend sur le rivage. La joie du repas qui suit doit être plus grande encore.
Ce qui suit le repas n’est pas moins intéressant : une rencontre au sommet, pourrait-on dire : Jésus et Pierre en face-à-face avec une question trois fois posée : Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? Il fallait bien cela pour faire écho à la question trois fois posée à Pierre au moment de son procès : N’es-tu pas l’un des siens ? Trois affirmations de l’amour de Pierre pour Jésus pour effacer les trois négations de cet amour. Et une invitation pour finir : Suis-moi ! Celui qui avait renié, est refait disciple, avec une conséquence nouvelle. Si avant la passion, suivre Jésus signifiait marcher avec lui, désormais suivre Jésus, c’est le suivre sur le chemin de la passion. Une passion totale pour Dieu, une passion totale pour l’homme, sans oublier cette passion qui fait souffrir et mourir pour celui qu’on aime. Pierre et les autres en font l’expérience plus d’une fois. Mais nous l’avons vu dans les Actes, même le fouet ne peut faire taire ceux qui ont ainsi été transformés par la radicale nouveauté de la résurrection. Quand vous prenez conscience que la vie est plus forte que la mort, rien ne vous fait peur, rien ne vous arrête.
Aujourd’hui
encore, nous pouvons (et nous devons) choisir de vivre de cette puissance de vie
qui est en Jésus, mort et ressuscité. Nous le faisons potentiellement depuis
notre baptême qui nous rend apte à vivre comme Jésus, entièrement donnés à Dieu
et aux hommes. Mais nous savons aussi qu’il y a des jours où il est plus
difficile de déployer cet art de vivre si particulier, cet art de vivre propre
à ceux qui croient en Jésus. Nous savons aussi qu’il est difficile de témoigner
de lui dans un monde qui ne tient plus Jésus pour véridique. Dans ces
moments-là, n’hésitons pas à revenir aux Actes des Apôtres ; n’hésitons
pas à suivre à nouveau Pierre et les autres, non seulement pour marcher à la suite
du Ressuscité, non seulement pour vivre du ressuscité ; non, suivons-les
aussi pour témoigner à nouveau que Jésus, celui qui était mort, est désormais
vivant dans la gloire de Dieu. Le Christ n’est pas ressuscité pour nous seuls ;
le Christ est ressuscité pour toute l’humanité. Le Christ n’est pas ressuscité
pour que nous le gardions bien enfermé dans un tabernacle ; il est
ressuscité pour que nous le fassions connaître à tous les hommes répandus à la
surface de la terre. Le Christ n’est pas ressuscité pour faire la joie de ceux
qui croient en lui ; il est ressuscité pour être la joie de toute l’humanité.
Si nous le taisons, comment le monde croira-t-il l’incroyable ? Si nous le
taisons, comment le monde se convertira-t-il à l’amour plus fort que tout ?
Si nous le taisons, comment le monde vivra-t-il de cette vie qui ne finit pas
en Jésus ? Lorsque nous proclamerons notre foi dans un instant, prenons la
ferme résolution de marcher à la suite des disciples pour témoigner du Ressuscité.
Prenons notre foi au sérieux pour que le monde nous prenne au sérieux. Prenons
notre foi au sérieux pour que le monde prenne le Christ vivant au sérieux. Amen.
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