Une fête qui nous parle de Dieu et de nous.
De qui nous parle cette fête de l’Assomption ? De Marie, me répondrez-vous, car tout le monde sait encore à peu près que l’Assomption est une fête mariale. Je reposerai alors ma question avec plus d’insistance : de qui nous parle encore cette fête de l’Assomption ? La réponse est double, comme toujours avec les fêtes mariales : elle nous parle de Dieu, elle nous parle de nous. Si elle ne le faisait pas, elle n’aurait rien à nous dire, rien à nous apprendre, cette fête du milieu d’été.
La fête de l’Assomption nous parle donc d’abord de Dieu. De Dieu qui a toujours eu l’initiative dans la vie de Marie. Toute la théologie mariale en convient. Marie n’a pas été choisie parce qu’elle était particulièrement sainte, mais parce que, dès sa conception, Dieu l’a préservée du péché. Marie n’a pas été choisie parce qu’elle a dit oui ; elle a dit oui parce que Dieu l’avait approchée pour lui proposer de participer à son projet de salut en accueillant Jésus dans son sein. En ce jour où nous célébrons l’entrée de Marie dans la gloire du ciel, n’oublions pas Dieu qui a l’initiative de cette originalité, par souci de continuité de son œuvre en faveur de celle qu’il a choisie depuis le commencement pour être la Mère de son Fils. Il n’eut pas été logique que Marie, à sa mort, soit dégradée par la mise au tombeau. La dégradation du tombeau est la conséquence de notre péché. Marie ayant été préservée du péché depuis sa conception, il eut été parfaitement incongru qu’elle soit subitement soumise à la loi de tous les pécheurs. Elle est donc élevée corps et âme auprès de Dieu, vivant sa Pâque dans la continuité de la Pâque de son Fils, elle qui a toujours vécu des grâces venant de son Fils. A moins de faire de Dieu un inconséquent, il ne pouvait pas en être autrement. Vous ne préservez pas tout au long d’une vie votre chef d’œuvre pour le détruire soudainement, en un instant, sans qu’il n’y ait aucune faute de sa part. L’Assomption nous prouve, si besoin était, la réalité de l’œuvre de Dieu en faveur de l’humanité, une œuvre bonne, une œuvre qui mène à la vie. Elle nous montre la cohérence de Dieu dans ses actions envers Marie. Elle nous redit enfin l’amour de Dieu en faveur de l’humanité tout entière que Marie représente.
C’est pour cela que la fête de l’Assomption nous parle aussi de nous. Certes, nous ne sommes pas créés sans péché à l’image de Marie. Mais nous sommes, par notre baptême, invités à rejeter le péché hors de notre vie, pour vivre une communion parfaite avec le Christ qui nous sauve. L’élévation dans la gloire de Marie nous annonce notre propre destinée : nous sommes faits pour vivre avec Dieu pour toujours ; nous sommes faits pour partager avec lui la gloire du Royaume. Ça n’ira peut-être pas aussi vite que pour Marie, mais c’est le but ultime de notre vie. Dieu nous veut avec lui pour toute éternité. Nous le savions depuis Pâques et la résurrection du Christ d’entre les morts. Avec l’exemple de Marie entrée dans la gloire de Dieu, nous savons désormais que ce n’est pas une promesse vaine, que ce n’est pas irréalisable par Dieu pour nous. Ce qui est immédiatement possible pour Marie sera notre avenir un jour. Nous serons appelés à vivre pour Dieu, en Dieu, avec Dieu ; que cela ne fasse pas l’ombre d’un doute dans notre esprit. Et à cet appel nous concernant, si notre esprit n’est pas totalement obscurci par le péché, nous répondrons Oui, comme Marie a toujours répondu Oui aux appels de Dieu. En suivant en toute chose la voie de son Fils, elle nous montre la voie à suivre pour parvenir où elle est désormais : cette voie, c’est suivre ce même Fils, en toute chose, tout au long de notre vie. Ainsi notre vie, petit à petit, deviendra un Oui, notre Oui à Dieu. Et Dieu pourra réaliser en nous les merveilles qu’il a réalisées pour sa servante qu’il accueille aujourd’hui dans sa gloire.
Alors chantez Marie aujourd’hui si
cela vous plaît. Mais chantez surtout la grandeur et l’amour de Dieu pour les
hommes, lui qui a offert son Fils pour nous faire entrer dans sa vie. Le Christ
est ressuscité d’entre les morts pour que nous puissions ressusciter à
notre tour, forts de sa victoire sur le Mal, le Péché et la Mort. Marie, dans
son Assomption, nous montre la réalité de cette œuvre. Elle a chanté cette
réalité dans son Magnificat : Il relève Israël son serviteur, il se
souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et
sa descendance à jamais. Que cette promesse devienne définitivement notre
espérance et l’unique but de notre vie. Amen.
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