Bienvenue sur ce blog !

Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 28 janvier 2023

4ème dimanche ordinaire A - 29 janvier 2023

 Quel monde voulons-nous que Dieu sauve ?






                Les paroles entendues aujourd’hui, quelle que soit la lecture d’origine d’ailleurs, nous invitent à réfléchir au monde que nous voulons et surtout au monde que Dieu doit sauver ! Parce que c’est bien cela qui doit nous préoccuper plus que jamais. 

            Les lectures de ce dimanche ont donc un point en commun : elles font toutes l’éloge de la simplicité, de l’humilité, de la modestie. Le monde voulu par Dieu dans l’Ancien Testament, c’est un monde humble qui accomplit la loi du Seigneur. La communauté chrétienne décrite par Paul dans sa première lettre aux Corinthiens, est une communauté de gens simples qui ne placent leur fierté qu’en Dieu. Quant aux béatitudes telles que nous les rapporte Matthieu, elles soulignent bien que le monde dessiné par Jésus est à mille lieues d’un monde orgueilleux où ne triomphent que les puissants. Le monde que Dieu veut sauver, le monde qui a la faveur de Dieu, est un monde où les sentiments humains ont droit de cité. C’est un monde dans lequel les hommes qui pleurent sont consolés par Dieu, un monde dans lequel les doux, les affamés de justice, les miséricordieux, les artisans de paix sont rois. Et cela, c’est une Bonne Nouvelle pour nous. Pas seulement parce que nous ne sommes pas puissants, pas seulement parce que nous ne sommes pas trop riches. C’est une Bonne Nouvelle pour nous parce qu’elle nous dit de qui nous devons avoir le souci : les faibles et les pauvres, nous rendant ainsi frères et sœurs de ces pauvres. C’est une Bonne Nouvelle parce que désormais nous savons quel monde nous avons à construire pour être fidèles à l’enseignement de Jésus. Non pas un monde de puissants ou d’orgueilleux, mais un monde de frères où chacun prend soin de l’autre, sûrs que Dieu prend soin de tous. 

            Ceci dit, je ne suis pas aveugle et je ne vis pas au pays des bisounours. Je sais bien que ces valeurs ne sont pas celles de notre monde aujourd’hui. Entre ceux qui cherchent à imposer leur pouvoir, que ce soit en Ukraine, en Terre Sainte ou en tant d’autres pays encore, et même quelquefois même dans le nôtre ; entre ceux qui affirment qu’une vie est réussie à cinquante ans à condition d’avoir une rolex au poignet, ou telle voiture dans son garage ou tel équipement de pointe dans sa maison ; entre ceux qui estiment qu’il n’y a que l’argent pour faire leur bonheur et qu’il est stupide de le partager au risque de voir son bonheur diminuer avec sa fortune ; entre tous ceux-là et bien d’autres qui ne veulent pas d’un monde fraternel, je reconnais qu’il n’est pas aisé de répandre et de faire comprendre cette Bonne Nouvelle entendue aujourd’hui. Alors que faire ? Rester là à regarder le monde s’en aller à sa perte, en disant que nous n’y pouvons rien parce que justement nous ne sommes ni assez riches, ni assez puissants pour peser sur les décisions que prennent les grands de notre monde ? 

            Je ne peux m’y résigner. Même si j’estime que je ne suis pas assez puissant, ni assez riche, je peux commencer, dans ma famille, dans mon quartier, avec mes voisins et mes amis à construire quelque chose de ce monde simple que Dieu veut sauver. Je suis convaincu que là où nous vivons, nous pouvons répandre l’Esprit du Christ, sa manière de voir les choses, sa manière d’approcher les gens. Nous pouvons chacun commencer dans notre coin, un petit ruisseau d’attention, un petit ruisseau de générosité, un petit ruisseau d’humanité, un petit ruisseau de fraternité véritable. Car n’oublions pas que ce sont ces petits ruisseaux qui font les grandes rivières quand ils se rassemblent. Ce sont ces petits ruisseaux, commencés partout où des croyants prennent la Parole de Dieu au sérieux, qui permettront à cette même Parole de tout emporter et de transformer le monde. Nous ne changerons pas le monde, mais nous pouvons changer notre petit monde, celui dans lequel nous sommes plongés quotidiennement, même si quelquefois ce monde nous pèse. 

            Je le crois et je l’affirme avec force : si nous commençons, modestement, le Christ nous rejoindra et achèvera ce que nous aurons commencé en son nom. Il est avec nous, chaque jour, jusqu’à la fin des temps. Il nous l’a promis, et je sais qu’il ne nous peut ni ne veut nous tromper sur ce point. Commençons, pour que le Christ, à travers nous, soit présent au monde entier. Il n’y a qu’ainsi que le monde reviendra au Christ. Il n’y a qu’ainsi que le monde acceptera d’être sauvé par le Christ, parce qu’il aura goûté à sa Parole, il aura été transformé par son Esprit. Heureux ceux qui rendent le Christ présent au monde par leur art de vivre ; ils participent au salut du monde, ils participent à l’œuvre du Christ. Amen.

samedi 21 janvier 2023

3ème dimanche ordinaire A - 22 janvier 2023

 De l'importance de la Parole de Dieu.



(Evangéliaire, IXème siècle, BNF, Département des manuscrits)



Depuis septembre 2019, à la demande du pape François, ce troisième dimanche du temps ordinaire est appelé « Dimanche de la Parole de Dieu ». Non pas que les autres dimanches nous pourrions nous passer d’elle, mais pour souligner justement l’importance de cette Parole dans la vie d’un croyant. Et c’est ce dimanche qui a été choisi parce qu’il se situe chaque année dans la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, comme pour nous redire que tous les chrétiens partagent la même Parole, et doivent en vivre pareillement. 

En reprenant les textes du jour, nous pouvons être surpris parce que ce n’est pas le dimanche qui parle le plus de la Parole de Dieu. La seule véritable allusion vient de l’évangile quand il est dit : C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe : Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations ! Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. Sur ceux qui habitaient le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée. Vous aurez reconnu un extrait de notre première lecture. Cette courte citation nous rappelle une chose importante : Dieu ne parle pas en vain ! Il ne parle pas pour ne rien dire. Et quand il fait une promesse, elle se réalise, tôt ou tard. Nous ne pouvons donc pas l’écarter de notre vie sans conséquence pour nous. Nous ne pouvons pas davantage fermer notre oreille à cette parole sans conséquence pour nous. Pour le dire autrement, nous devons être conscients qu’ignorer cette parole, c’est choisir d’ignorer Dieu ; et donc nul ne peut se dire croyant sans entrer en relation avec cette Parole. Un croyant chrétien qui ignorerait volontairement la Parole de Dieu serait un croyant en danger… de ne plus être croyant ! 

Ce que nous apprend encore cette page d’évangile, c’est qu’en Jésus, la Parole de Dieu est à l’œuvre. Si la parole du prophète Isaïe s’accomplit quand Jésus s’installe à Capharnaüm, il nous faut en déduire qu’il est la lumière qui s’est levée. Et de là, nous pouvons dire, comme le fera Jean dans le prologue de son Evangile, que Jésus est la Parole de Dieu qui éclaire tout homme. Souvenez-vous de l’évangile du jour de Noël : Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. Ignorer la Parole de Dieu revient donc aussi à ignorer le Christ ! Ce qui n’est ni possible, ni même envisageable pour un chrétien, c'est-à-dire un disciple du Christ ! 

Une dernière chose que nous apprend ce texte, et qui vient comme illustrer tout ce que nous venons déjà de découvrir, c’est que si Dieu ne parle pas en vain, si Jésus est la Parole de Dieu, alors la parole prononcée par Jésus, parole authentique de Dieu, s’accomplit effectivement, et les hommes de son temps peuvent s’en rendre compte. Voyez ce qui se passe pour Simon Pierre et son frère André, ou pour Jacques et son frère Jean, les fils de Zébédée. Jésus les appelle : Venez à ma suite, je vous ferai pêcheurs d’hommes, et aussitôt, ils le suivirent. Quand Dieu parle, l’homme peut répondre sans l’ombre d’une hésitation. Parce que quand Dieu parle, c’est pour la vie de l’humanité ; quand Dieu parle, c’est pour le bonheur de l’humanité ; quand Dieu parle, c’est pour le bien de l’humanité. Nous n’avons pas à craindre cette Parole ! 

Nous pouvons maintenant élargir notre regard et découvrir ce que la deuxième lecture de ce dimanche nous apprend sur la Parole de Dieu. C’est ceci : nous ne pouvons pas réduire la Parole de Dieu à une parole d’homme. La querelle dont parle Paul vient du fait qu’à Corinthe, les chrétiens eux-mêmes étaient divisés entre eux parce qu’ils avaient perdu de vue que c’est le Christ qui est important. Ce ne sont ni Paul, ni Apollos, ni Pierre qui comptent, eux qui ne sont que les relais de la Parole, les relais du Christ. Celui qui compte, c’est le Christ, parce que lui seul sauve, lui seul a donné sa vie sur la croix pour notre salut, lui seul nous a donné l’Evangile que ses Apôtres annoncent. Il s’agit de ne pas confondre le messager et le message. Il s’agit de ne pas confondre le disciple et le Maître. Le Maître, le Christ, est le seul important. C’est de lui que nous devons nous réclamer ; c’est à sa Parole qu’il nous faut nous référer. C’est suffisant ! Mais c’est nécessaire. 

Finalement, un dimanche dans l’année pour nous souvenir de l’importance de la Parole de Dieu pour nous, et pour la célébrer de manière plus vive, ce n’est pas de trop. Je me souviens d’une époque, celle des débuts de mon ministère, où il me fallait lutter fermement dans certains lieux ou groupes chrétiens, pour que la lecture de la Parole de Dieu soit maintenue et non pas remplacée par des textes d’auteurs chrétiens, sous prétexte qu’ils sont plus facilement accessibles que la Parole de Dieu. Aucun auteur, aucun prédicateur n’aura jamais la saveur qu’à la Parole du Christ lui-même. Attachons-nous à lui et goûtons quotidiennement ne serait-ce qu’un verset de sa Parole. Nous verrons notre vie se transformer parce que nous aurons donné à notre cœur l’occasion d’être travaillé par cette Parole en profondeur. Nous ne convertirons peut-être personne à le faire, mais la Parole de Dieu nous aura convertis personnellement ; c’est déjà beaucoup. Amen.

dimanche 15 janvier 2023

2ème dimanche ordinaire A - 15 janvier 2023

 Elus pour témoigner de Dieu.



 

            Il y a une thématique qui traverse toute la Bible et dont toutes nos lectures de ce dimanche se font l’écho, celle de l’élection. Dieu choisit des hommes et des femmes, et même un peuple tout entier, pour être témoins de son œuvre de salut en faveur de l’humanité. Il est important de bien saisir le sens de cette élection pour ne pas tomber dans des travers dangereux et pour l’élu et pour ceux vers qui il est envoyé. 

            Nous l’avons entendu dans la première lecture : Dieu appelle le prophète Isaïe. Tu es mon serviteur, en toi je manifesterai ma splendeur. Et plus loin Dieu précise le sens de cet appel : C’est trop peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob, ramener les rescapés d’Israël : je fais de toi la lumière des nations pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. L’élection ou l’appel, si vous préférez, c’est toujours en vue d’une mission auprès de quelqu’un. Ce n’est pas pour placer quelqu’un au-dessus des autres, mais pour le placer auprès de quelqu’un ou en avant de quelqu’un. L’élu ne va pas dominer, il va accompagner, éclairer, ramener vers Dieu, dire sa Parole… Même l’élection du peuple Israël n’en fait pas un peuple au-dessus des autres. Il est le peuple particulier de Dieu pour être lumière qui éclaire les nations. Pour le dire clairement, Israël est choisi pour vivre l’Alliance que Dieu propose, non pas parce qu’il est meilleur que les autres peuples, mais pour qu’un peuple, Israël, serve de modèle aux autres ; pour que les autres peuples, voyant Israël bénéficier des faveurs de Dieu, se disent : nous-aussi, nous voulons vivre cela, nous aussi nous voulons connaître ce Dieu qui intervient en faveur du peuple qu’il a élu. 

            Les Alliances successives, et les ruptures d’Alliance tout aussi successives, nous montrent bien que ce n’est pas simple et que l’élection par Dieu n’empêche pas le peuple de se détourner de Dieu. Dieu enverra des prophètes vers son peuple pour faire revenir le cœur de celui-ci vers Dieu. Et après le temps de l’Exil, le prophète Isaïe nous indique clairement que désormais, c’est l’humanité tout entière qui est appelé au salut. L’élection d’Israël s’étend à tous les peuples. Tous sont aimés de Dieu ; tous peuvent bénéficier du salut que Dieu offre. Des siècles plus tard, Paul, qui a grandi au sein de ce peuple élu par Dieu, a bien conscience d’une nouvelle élection qui le concerne lui et ceux qui ont fait choix du Christ : Paul, appelé par la volonté de Dieu pour être apôtre du Christ Jésus, à l’Eglise de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus et sont appelé à être saints… Paul a été appelé à être apôtre : c’est son élection particulière ; mais avec lui, tous les chrétiens sont appelés à la sainteté. Cette élection, nous la partageons tous depuis notre baptême. 

            Et nous comprenons là que l’élection ne nous place pas au-dessus des autres, mais au milieu des autres, et qu’elle nous confère une mission. Pour Isaïe, c’est d’être prophète ; pour Paul, c’est d’être apôtre du Christ Jésus, pour chacun de nous et pour eux, c’est d’être saints. Il y a une mission commune, la sainteté à accueillir et à vivre, et des missions particulières au service de la mission commune : être prophète, être apôtre… Paul les détaillera plusieurs fois dans ces lettres. Ceux qui exercent une mission particulière ne sont pas meilleurs que les autres ; ils ont juste été appelés à quelque chose de plus au service de tous. De même, les chrétiens ne sont pas meilleurs que les autres ; ils ont juste accepté l’appel de Dieu que le baptême manifeste. Par le baptême, Dieu nous choisit comme ses enfants : Tu es mon fils, en toi j’ai mis tout mon amour. C’est Dieu qui nous choisit par le baptême ; nous faisons juste le choix de lui répondre. Mais c’est son appel qui est premier et qui conditionne tout. 

            Que ce soit l’appel à la mission commune (vivre de la sainteté de Dieu) ou que ce soit l’appel à une mission particulière, nous avons tous la même obligation : témoigner de ce que Dieu a fait pour nous et pour notre salut. Jésus lui-même, placé au milieu de nous par son incarnation, témoignera par son enseignement et par les signes qu’il pose, de ce que Dieu réalise pour tout homme. Nous ne pouvons pas le faire si nous considérons que nous sommes au-dessus des autres. Nous ne témoignons vraiment que lorsque nous vivons au milieu des autres, partageant leurs tristesses et leurs joies, leurs angoisses et leurs espérances. Que ce temps ordinaire que nous avons commencé, nous donne de nous situer en vérité au milieu des hommes de notre temps et de leur témoigner l’amour dont Dieu les aime. Ainsi nous serons lumière qui éclaire les nation et nous accomplirons notre vocation à la sainteté. Ainsi nous pourrons tourner les cœurs vers le Christ, le seul qui sauve. Amen.

samedi 7 janvier 2023

Epiphanie - 08 janvier 2023

 C'est quoi, ces cadeaux offerts à Jésus ?



(Adoration des mages, Crèche de Mittelschaeffolsheim, Bas-Rhin)



           Dans une France qui perd toujours plus sa culture religieuse, j’ai fait, pour préparer cette homélie, un petit exercice que font beaucoup de nos contemporains quand ils sont face à une question à laquelle il leur est malaisé de répondre : j’ai tapé dans mon moteur de recherche : quel est le sens des cadeaux offerts à Jésus ? J’imagine bien des parents attachés par tradition à Noël être désarçonnés par la question du petit dernier : « c’est quoi, ces cadeaux faits à Jésus ? », faire la même démarche. Voyons donc ce que dit internet, dieu de la connaissance et de la science absolue. Voici le résultat de mes recherches. 

            La première réponse vient d’un site fait pour des enfants de 8 à 12 ans en Suisse (Trampoline). Il reprend l’enseignement de la tradition de l’Eglise. Je le cite : A sa naissance, Jésus a reçu de drôles de cadeaux pour un bébé : de l’or, de la myrrhe (une plante dont on enrobait les cadavres) et de l’encens (un parfum). Pourtant, ses parents avaient sûrement besoin de draps et de vêtements pour lui ! Alors pourquoi les rois mages, ces savants de l’époque qui ont fait un grand voyage pour voir Jésus, ont-ils apporté ces trois cadeaux ? En fait, ces cadeaux avaient une signification spéciale : L’or indiquait que Jésus était un roi ; la myrrhe indiquait qu’il allait être mis à mort ; l’encens indiquait que Jésus était digne d’être adoré. Et c’est ce qui est arrivé. Devenu grand, Jésus a été appelé le « Roi des Juifs » (or). Il a été tué par les Romains (myrrhe), et quand il est revenu à la vie, ses amis ont compris qu’il était vraiment le Fils de Dieu (encens). Pour des parents un peu perdus, voici au moins une réponse claire, simple, facile à comprendre pour un enfant.

 

            Un site français (Tête à modeler), agréé par le journal Ouest France, excusez du peu, apporte la précision suivante, digne d’un vrai travail de journaliste : Balthazar offrit de l'or à Jésus, symbolisant la royauté de celui-ci. Melchior apporta avec lui de l'encens dont on se sert pour honorer Dieu, symbolisant ainsi la divinité du petit Jésus. Le dernier, Gaspard, quant à lui, présenta la myrrhe, un parfum servant à embaumer les morts dans l'antiquité. La symbolique de ce présent revêt donc deux significations : celle de l'humanité, car Jésus reste un homme, et celle de la prophétie, indiquant la mort prochaine de ce dernier. Il faudra quand même attendre une trentaine d’année pour que la prophétie se réalise. Mais qu’est-ce cela au regard de l’éternité ? Nous aurons appris deux choses que l’évangile ne dit pas : le nom des mages et qui a offert quoi ! Si on n’en est pas sûr, cela ne fait pas de mal. La réponse a même quelque chose de terriblement humain, personnel : les visiteurs ne sont pas simplement des savants venus de pays lointains ; ils ont un nom, une identité. Pour répondre à une question d’enfant, cela peut être sympathique. Mais la réponse va encore plus loin quand on passe les publicités qui garnissent l’article. Il dit cette chose que j’ignorais : En offrant ces trois présents, les Rois Mages mirent Jésus à l'épreuve essayant d'en diagnostiquer sa vraie nature. On dit alors que s'il choisit l'or, il deviendra roi, s'il choisit l'encens, il deviendra prêtre, et s'il choisit la myrrhe, il deviendra médecin. Les trois mages furent déconcertés à la vue du petit Jésus choisissant les trois présents. Eh oui, Jésus échappera toujours à nos étiquettes et à nos représentations ; il est au-delà de ce que nous pouvons imaginer de lui. Il ne choisit pas d’être l’un ou l’autre ; il assume toutes les conséquences de son incarnation : il est Roi, il est Dieu, il mourra un jour. Ne réduisons pas Jésus à l’enfant de la crèche ; ne réduisons pas Jésus à un aspect de sa personnalité au risque de ne pas comprendre ou de ne pas entendre la totalité de son message pour l’humanité. Nous pouvons légitimement être déconcertés par cet Enfant-Dieu venu dans le monde pour le salut de tous les hommes. Il nous faut entendre Paul dans sa lettre aux Ephésiens : ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus. Les cadeaux sont importants pour ce qu’ils disent de l’Enfant ; mais le fait que les mages viennent de loin, soient des étrangers, est pareillement important. Cela dit quelque chose de la catholicité de la foi en Jésus Christ, Fils de Dieu venu dans le monde, offert sur la croix par amour de toute l’humanité, ressuscité pour conduire cette même humanité au Royaume où Dieu son Père nous attend.

 

Un dernier site consulté (Aleteia) donne une réponse davantage orientée vers les adultes et l’approfondissement de leur foi. Il nous dit que les cadeaux faits à Jésus sont le symbole de toute vraie prière, qui est royale au sens où, je cite, elle célèbre les fastes de ce Dieu qui est notre roi. Elle se fait louange, gloire rendue. La prière décentre, elle nous invite à nous occuper de Dieu plutôt que de nous. Et nous savons bien que, dès que nous nous occupons de lui (lui qui ne cesse de s’occuper de nous), nous nous portons mieux. L’explication se poursuit ainsi : La prière est un encens. L’encens est un aromate qui brûle en s’élevant vers le ciel. Notre prière se fait imploration du soir et, si elle part en fumée, c’est droit vers le ciel, en sentant bon. Oui, la prière est fumée : elle est une activité gratuite, improductive, qui ne sert qu’à aimer. Elle est donc indispensable. Enfin, nous dit-on encore, la prière est comme la myrrhe. La prière n’est pas une distraction, une occupation innocente, une activité qui n’engage pas. Quiconque pénètre dans les sentiers de la prière passe par une certaine mort : mort au vieil homme, à soi-même, à ce qui ne met pas Dieu à la première place. La prière ne se contente pas de méditer sur la Passion du Christ. Elle conduit à la vivre soi-même. A nous de voir quel cadeau nous offrons à Jésus dans notre prière. Ce sera tantôt l’un, tantôt l’autre. L’essentiel est de lui offrir un cadeau.

 

Ce qui m’amène à une interprétation toute personnelle de ces cadeaux. La tradition de l’Eglise, reprise plus ou moins par les sites dont je viens de parler, rapporte les cadeaux à Jésus en insistant sur ce qu’ils nous disent de lui. Je voudrais donner un autre sens à ces cadeaux, un sens qui dise quelque chose de nous. Si je me retrouve bien dans l’explication des cadeaux comme symbole de notre prière, ces cadeaux doivent alors dire aussi quelque chose de nous qui offrons ces cadeaux. Je verrai bien l’or comme l’offrande à Dieu de ce qui va bien dans ma vie, grâce à lui, une action de grâce de toutes les richesses qu’il me permet de vivre : richesse des amitiés, richesse de mes connaissances, richesse des chances qui s’offrent à moi de progresser. Il est bon de ne pas croire que nous nous faisons tout seul, à la seule force de nos poignets ou de notre intelligence ; je crois que Dieu, par l’amour qu’il me porte, est pour quelque chose dans ce que je deviens, dans ce que je vis de bien. Lui offrir l’or de ma vie, le meilleur de ma vie, c’est lui rendre grâce de sa présence à cette vie, lui rendre un peu de ces talents qu’il a placé en moi et que j’essaie de faire fructifier. Mais parce que mes jours ne sont pas toujours que des jours heureux, parce que mes jours sont quelquefois sombres et lourds, je lui offre aussi la myrrhe de ma vie, ce qui me pousse vers la mort pour qu’il accueille mes faiblesses, mes défauts dans ma cuirasse et les transforme ; je lui dis ainsi que je compte sur sa miséricorde pour que de ces petites morts, il en tire une vie plus forte, plus belle. Enfin, je lui offre l’encens de ma vie, cette part divine qu’il a déposée en moi au jour de mon baptême pour qu’il m’aide à en faire plus que de la fumée et qu’il m’aide à dégager cette bonne odeur de sainteté que je suis invité à dégager. Et je ne peux que m’interroger alors sur le peu de fois que nous utilisons l’encens. Est-ce parce que l’encens nous gratte la gorge ? Ou est-ce que l’encens gratte autre chose dans notre vie, et nous fait tousser quand nous est rappelé que nous portons Dieu en nous, quand nous est rappelé que nous devons donner Dieu à voir et à sentir par toute notre vie ? Le refus de l’encens, au motif que c’est un truc d’autrefois, n’est-ce pas un peu le refus de grandir dans cette sainteté, cette divinité que Dieu nous offre ? Comme l’encens peut nous gratter la gorge et nous faire tousser, vivre de la sainteté de Dieu peut nous gratter et nous faire tousser dans un monde à la laïcité triomphante et mal comprise, dans un monde qui met la compétition en avant, dans un monde où certains pensent qu’il vaut mieux écraser qu’être écrasé. Vivre selon l’Evangile n’a jamais été et ne sera jamais facile. C’est pour cela qu’il nous faut sans cesse offrir à Dieu, dans notre prière, l’encens de notre vie pour qu’il nous fasse sentir bon et fasse de nous des témoins authentiques de sa gloire et de son amour pour tous les hommes.

 

Offrons à Dieu ces cadeaux insolites que sont l’or, l’encens et la myrrhe. Offrons-les comme les mages pour reconnaître qui il est. Mais offrons-les aussi comme les signes de ce que nous vivons ou voulons vivre avec lui. Une vie bonne, libérée de la mort, orientée vers la sainteté. Il recevra ces cadeaux et nous fera toujours plus à son image et à sa ressemblance. Plus nous nous offrirons à lui, plus nous découvrirons les autres chemins qu’il nous appelle à vivre pour toujours le rencontrer mieux. Amen.