Quel monde voulons-nous que Dieu sauve ?
Les paroles entendues aujourd’hui, quelle que soit la lecture d’origine d’ailleurs, nous invitent à réfléchir au monde que nous voulons et surtout au monde que Dieu doit sauver ! Parce que c’est bien cela qui doit nous préoccuper plus que jamais.
Les lectures de ce dimanche ont donc un point en commun : elles font toutes l’éloge de la simplicité, de l’humilité, de la modestie. Le monde voulu par Dieu dans l’Ancien Testament, c’est un monde humble qui accomplit la loi du Seigneur. La communauté chrétienne décrite par Paul dans sa première lettre aux Corinthiens, est une communauté de gens simples qui ne placent leur fierté qu’en Dieu. Quant aux béatitudes telles que nous les rapporte Matthieu, elles soulignent bien que le monde dessiné par Jésus est à mille lieues d’un monde orgueilleux où ne triomphent que les puissants. Le monde que Dieu veut sauver, le monde qui a la faveur de Dieu, est un monde où les sentiments humains ont droit de cité. C’est un monde dans lequel les hommes qui pleurent sont consolés par Dieu, un monde dans lequel les doux, les affamés de justice, les miséricordieux, les artisans de paix sont rois. Et cela, c’est une Bonne Nouvelle pour nous. Pas seulement parce que nous ne sommes pas puissants, pas seulement parce que nous ne sommes pas trop riches. C’est une Bonne Nouvelle pour nous parce qu’elle nous dit de qui nous devons avoir le souci : les faibles et les pauvres, nous rendant ainsi frères et sœurs de ces pauvres. C’est une Bonne Nouvelle parce que désormais nous savons quel monde nous avons à construire pour être fidèles à l’enseignement de Jésus. Non pas un monde de puissants ou d’orgueilleux, mais un monde de frères où chacun prend soin de l’autre, sûrs que Dieu prend soin de tous.
Ceci dit, je ne suis pas aveugle et je ne vis pas au pays des bisounours. Je sais bien que ces valeurs ne sont pas celles de notre monde aujourd’hui. Entre ceux qui cherchent à imposer leur pouvoir, que ce soit en Ukraine, en Terre Sainte ou en tant d’autres pays encore, et même quelquefois même dans le nôtre ; entre ceux qui affirment qu’une vie est réussie à cinquante ans à condition d’avoir une rolex au poignet, ou telle voiture dans son garage ou tel équipement de pointe dans sa maison ; entre ceux qui estiment qu’il n’y a que l’argent pour faire leur bonheur et qu’il est stupide de le partager au risque de voir son bonheur diminuer avec sa fortune ; entre tous ceux-là et bien d’autres qui ne veulent pas d’un monde fraternel, je reconnais qu’il n’est pas aisé de répandre et de faire comprendre cette Bonne Nouvelle entendue aujourd’hui. Alors que faire ? Rester là à regarder le monde s’en aller à sa perte, en disant que nous n’y pouvons rien parce que justement nous ne sommes ni assez riches, ni assez puissants pour peser sur les décisions que prennent les grands de notre monde ?
Je ne peux m’y résigner. Même si j’estime que je ne suis pas assez puissant, ni assez riche, je peux commencer, dans ma famille, dans mon quartier, avec mes voisins et mes amis à construire quelque chose de ce monde simple que Dieu veut sauver. Je suis convaincu que là où nous vivons, nous pouvons répandre l’Esprit du Christ, sa manière de voir les choses, sa manière d’approcher les gens. Nous pouvons chacun commencer dans notre coin, un petit ruisseau d’attention, un petit ruisseau de générosité, un petit ruisseau d’humanité, un petit ruisseau de fraternité véritable. Car n’oublions pas que ce sont ces petits ruisseaux qui font les grandes rivières quand ils se rassemblent. Ce sont ces petits ruisseaux, commencés partout où des croyants prennent la Parole de Dieu au sérieux, qui permettront à cette même Parole de tout emporter et de transformer le monde. Nous ne changerons pas le monde, mais nous pouvons changer notre petit monde, celui dans lequel nous sommes plongés quotidiennement, même si quelquefois ce monde nous pèse.
Je le crois et je l’affirme avec
force : si nous commençons, modestement, le Christ nous rejoindra et
achèvera ce que nous aurons commencé en son nom. Il est avec nous, chaque jour,
jusqu’à la fin des temps. Il nous l’a promis, et je sais qu’il ne nous peut ni
ne veut nous tromper sur ce point. Commençons, pour que le Christ, à travers
nous, soit présent au monde entier. Il n’y a qu’ainsi que le monde reviendra au
Christ. Il n’y a qu’ainsi que le monde acceptera d’être sauvé par le Christ,
parce qu’il aura goûté à sa Parole, il aura été transformé par son Esprit.
Heureux ceux qui rendent le Christ présent au monde par leur art de vivre ;
ils participent au salut du monde, ils participent à l’œuvre du Christ. Amen.
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