Un pour tous, tous pour Un ?
Cette semaine, rappelant que le baptême était le premier sacrement de pardon, même pour un nouveau-né, j’ai eu droit, en écho, à la question récurrente : « Mais que fait-il, notre petit, pour qu’il doive déjà être pardonné ? » Je réponds toujours, pour rassurer les anges gardiens de tous les nouveau-nés, que réveiller les parents en pleine nuit parce que la couche est pleine ou le ventre vide, n’est pas de l’ordre du péché. Ce qui est visé, n’est pas un acte particulier, mais plutôt une réalité liée à notre humanité, et que Paul explique bien dans la seconde lecture entendue : le péché originel.
Ecoutons bien Paul : nous savons que par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et que par le péché est venue la mort ; et ainsi, la mort est passée en tous les hommes, étant donné que tous ont péché. La désobéissance de nos premiers parents nous vaut à tous d’être marqués par cette capacité à nous prendre pour notre propre Dieu. L’homme est le seul animal qui peut décider, en conscience, parce que cela lui plaît et qu’il en a l’occasion, de faire le Mal. Aucun autre animal ne le fait. En-dehors de l’homme, aucun autre animal ne tue par plaisir par exemple ! Mais vous et moi, nous avons en nous, parce que nous sommes humains, la possibilité de faire le choix du Mal. Cela étant dit, nous avons aussi en nous la possibilité de faire le choix du Bien. Quand nous affirmons que le baptême est le premier sacrement du pardon pour qui le reçoit, nous affirmons bien que les parents font le pari que, avec l’aide de Dieu qui leur pardonne par avance ce péché originel, leurs enfants feront le choix du Bien et renonceront au Mal. C’est toujours Paul qu’il nous faut écouter dans la suite de son explication : Il en va du don gratuit comme de la faute. En effet, si la mort a frappé la multitude par la faute d’un seul, combien plus la grâce de Dieu s’est-elle répandue en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ. Comprenez-vous ? Puisque la faute unique d’Adam nous a valu à tous d’être marqué par le péché, l’obéissance de Jésus qui est allé à la mort nous vaut à tous le salut. Ce qui vaut dans le sens du péché, vaut également dans le sens du salut : c’est Un pour tous !
En affirmant cela, Paul nous redit l’immense amour de Dieu pour nous. En effet, puisque l’homme lui avait désobéi, il aurait pu se détourner de l’humanité. Or, il n’en a rien été. Au contraire, les Ecritures en témoignent, il n’a cessé depuis ce jour funeste, de chercher à gagner à nouveau l’homme. Dieu, pour y parvenir, a même envoyé son propre Fils pour que le cœur des fils revienne vers le Père. Et nous savons que ce Fils est allé à la mort sur la croix, non par plaisir ou par romantisme, mais par souci du salut de tous les hommes. Si cela n’est pas une preuve d’amour, je ne sais pas ce qu’il nous faut ! Mesurons-nous vraiment la puissance de l’amour de Dieu pour nous ? L’évangile nous fait comprendre aussi cet amour immense de Dieu pour nous en nous invitant à la confiance : nous sommes tellement aimés de Dieu que nous n’avons rien à craindre. Nous sommes tellement aimés de Dieu que nous valons plus que tout le reste de la création. Il nous reste alors à entendre Jésus lui-même quand il affirme : Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. Pour reprendre Alexandre Dumas, nous pouvons poser ainsi les choses : le Un pour tous de Jésus en matière de salut entraine-t-il en réponse de notre part un : tous pour Un ? Avons-nous de la reconnaissance envers Jésus de nous avoir sauvés tous de la mort et du péché au point de nous engager pour lui et témoigner de lui devant les hommes ? Ou continuons-nous à vivre comme si cela n’était rien, ou ne changeait rien ? Le Un pour tous, Jésus l’a fait, une fois pour toutes ; et les croix dressées dans nos églises et à la croisée de nos chemins, nous le rappellent quotidiennement. Le tous pour Un serait donc à manifester tout aussi quotidiennement par une vie fidèle au Christ, une vie qui ne refait pas le choix du Mal, mais une vie qui se montre solidaire des plus petits, des plus vulnérables, une vie offerte à qui en a besoin.
Notre
baptême a été pour nous tous, et restera pour les générations à venir, le
premier sacrement du pardon, puisqu’il nous fait fils et filles de Dieu,
libérés du péché et de la mort. Notre baptême donne ainsi un grand souffle à
notre existence ! Vivons-nous toujours dans ce souffle qui nous vient de Dieu,
ou laissons-nous, comme Adam, le vent de la révolte souffler en nous ? L’eucharistie
qui nous rassemble ce matin, est le repas qui vient refaire nos forces dans
cette lutte constante contre le Mal, et en faveur du Bien. Elle est un signe
supplémentaire que Dieu nous aime, puisqu’il nous donne lui-même la nourriture
nécessaire pour mener à bien notre combat. Que le Pain partagé, Corps livré du Christ,
nous redonne le courage de mener en nous d’abord, autour de nous ensuite, cette
lutte pour un monde meilleur, débarrassé du Mal. Que le Pain partagé, Corps
livré du Christ, nous donne d’être toujours plus acquis pleinement à Dieu et à
son Christ, source de notre salut, source de notre vie. Puisque le Christ est pour
toujours Un pour tous, soyons tous pour Lui, tous pour cet Un qui nous a aimés
à en mourir. Amen.