Quand Dieu nourrit son peuple...
(Source : Jésus est le Pain de vie | 1001 versets (la-bible.info)
Il n’y a pas plus catholique comme
fête que cette fête du Corps et du Sang du Christ, qui nous fait célébrer le
don renouvelé chaque dimanche, pour ne pas dire chaque jour, de l’Eucharistie,
ce sacrement par lequel le Christ nous est rendu présent, totalement,
réellement, réalisant ainsi sa promesse d’être avec nous, chaque jour,
jusqu’à la fin des temps. Cette promesse n’était pas une promesse
intellectuelle : quand vous penserez à moi, je serai avec vous. Mais c’est
bien la promesse de sa présence réelle à notre vie, en notre vie, par la
manducation de ce morceau de pain devenu son Corps livré et son Sang versé pour
notre vie.
Nous pouvons, comme ses contemporains, être surpris par la prétention de Jésus à être le pain vivant qui est descendu du ciel. Nous pouvons être surpris par sa prétention à être l’aliment de la vie éternelle : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Et pourtant, n’est-ce pas ce qu’il a réalisé pour nous en s’offrant en sacrifice sur le bois de la croix ? Ne nous dit-il pas, là sur la croix, de quel amour il nous aime et que cet amour est un amour sauveur ? Son offrande sur la croix prolonge et achève l’offrande qu’il avait déjà faite de sa vie lorsque, au cours du dernier repas partagé avec ses Apôtres, il leur a laissé l’eucharistie en mémorial. Faites ceci en mémoire de moi s’entend bien de cette union profonde au Christ dans notre participation au sacrement de sa présence réelle. Nous rendons le Christ réellement présent au monde par la célébration de l’Eucharistie. Nous rendons le Christ réellement présent à notre vie par notre participation à ce repas qu’il nous offre. Dans le pain partagé, c’est toute la vie de Jésus qui nous est offerte. Dans le pain partagé, c’est toute la vie de Jésus qui passe en notre vie. Dans le pain partagé, nous recevons la nourriture nécessaire pour parvenir au Royaume où Dieu nous attend. Il n’y a rien de plus grand, il n’y a rien de plus beau que l’Eucharistie, offerte en mémoire du geste de salut accompli par Jésus pour notre vie. Nous avons besoin de l’Eucharistie pour grandir dans la foi au Ressuscité de la même manière dont nous avons besoin de l’eau pour vivre. Il nous faut comprendre que nous ne pouvons pas davantage nous passer de l’eucharistie pour faire vivre notre foi que nous ne pouvons nous passer de boire pour survivre.
L’eucharistie, mieux que la manne que nos Pères ont reçu jadis au désert, est le signe que Dieu prend soin de nous en nous donnant la nourriture au temps voulu. Le signe de la manne a été donné au peuple en exode parce qu’il récriminait contre Dieu qui l’a fait sortir d’Egypte et semble vouloir le laisser mourir au désert : Ah que les marmites étaient bonnes en Egypte ! L’Eucharistie nous est donnée pour que nous n’oubliions pas le geste de salut du Christ envers toute l’humanité. Le signe de l’Eucharistie surpasse celui de la manne, car ceux qui ont mangé la manne sont morts. Ceux qui partageront le pain de l’eucharistie ne mourront jamais, parce que ce don les unit au Christ, mort et ressuscité. C’est lui que nous accueillons dans le pain consacré et partagé. Il n’est pas une récompense pour enfant sage ou croyant particulièrement saint. Il est Jésus qui se rend présent ; il est Jésus qui nous redit son amour et nous le partage largement. Comme l’affirme Paul aux chrétiens de Corinthe, ce pain rompu et ce sang versé sont le sacrement de notre unité. De même qu’il n’y a qu’un Pain rompu, le Christ livré pour notre vie, de même il n’y a qu’une humanité pour laquelle ce pain est rompu ; c’est l’humanité dans sa totalité, à travers le temps et l’histoire, qui est sauvée par le Christ. Le sacrifice du Christ, par la célébration de son mémorial qu’est l’eucharistie, s’étend à tous les hommes à travers le temps et l’histoire. De ce fait, nous qui n’avons pas connu Jésus de son vivant, nous sommes associés à son sacrifice et nous profitons du salut offert. Quand Dieu nourrit son peuple, il le nourrit entièrement et lui donne la vie. Quand Dieu nourrit son peuple, il nourrit chacun, gratuitement, qu’il l’ait mérité ou non. Dieu prend soin de chacun et de tous en invitant au repas de l’eucharistie. N’en faisons pas un obstacle ; n’en faisons pas une médaille ; n’en faisons pas non plus un repas sans conséquence. Là encore il nous faut bien entendre Paul quand il nous rappelle que, communiant au même pain, nous formons un seul corps. Nul ne peut s’approcher de l’eucharistie et avoir du mépris pour son prochain. Nul ne peut s’approcher de l’Eucharistie et ne pas porter le souci des autres membres de ce corps unique. L’eucharistie construit l’Eglise qui célèbre l’eucharistie. S’approcher de l’eucharistie, c’est donc se reconnaître en fraternité avec tous ceux qui s’approchent pareillement de ce même repas. Si l’eucharistie rend le Christ présent à notre monde et à notre vie, notre participation à ce mystère rend le frère présent à notre vie. Hors de question de l’ignorer ! Hors de question de le tenir éloigné de moi alors que le Christ se rend également présent à lui et à moi.
Quand
Dieu nourrit son peuple, non seulement il prend soin de lui, mais il le
constitue comme peuple de frères appelés ensemble à rendre grâce à Dieu pour
les merveilles qu’il réalise pour tous. Accueillons ce Pain rompu et partagé et
remercions Dieu et de sa présence et des frères et sœurs qu’il met sur notre
route. Ils le rendent présent à notre vie, de la même manière que le Pain rompu
et partagé. Faisons corps pour être digne d’accueillir le Corps livré de celui
qui est notre salut. Amen.
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