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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 16 novembre 2024

33ème dimanche ordinaire B - 17 novembre 2024

 Crainte ou espérance ?






Pour qui est un tant soit peu attentif, il est facile de repérer la fin de l’année liturgique, parce qu’elle est précédée de ces textes aux couleurs d’apocalypse : grande détresse, soleil s’obscurcissant, lune sans éclat, étoiles tombant du ciel, et j’en passe. Qu’ils viennent du Premier ou du Nouveau Testament, ils sont faits à l’identique et peuvent déclencher en nous crainte ou espérance. 

De nombreux mouvements, qu’ils soient politiques ou religieux jouent sans vergogne sur ce sentiment de crainte. La récente campagne électorale aux Etats-Unis nous a montré ce que la crainte engendre : des affirmations à l’emporte-pièce jamais vérifiées, la désignation de boucs émissaires, des mesures drastiques annoncées pour conjurer le mauvais sort (il a quand même été question de déportation !), pour finir par la victoire de l’irrationnel, du mensonge, et une société profondément divisée. Il n’est pas besoin de regarder de l’autre côté de l’Atlantique ; nous possédons les mêmes en tout, en Europe et en France. La crainte a encore de beaux jours devant elle, et ceux qui aiment jouer à se faire peur peuvent avoir la certitude de quelques belles soirées dignes d’Halloween.  

Se pose alors la question suivante : chrétiens, pouvons-nous nous contenter de regarder et de trembler ? Pouvons-nous rejoindre ceux qui crient au loup, pour ajouter encore de la peur à la peur ? Les textes bibliques entendus aujourd’hui, d’ordre apocalyptique, ne sont pas lus pour nous faire peur, mais pour ouvrir notre espérance, et nous mettre en attitude de veille.  De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte. Voilà que nous est rappelé que notre histoire a un sens, et que nous sommes tendus vers son accomplissement. Et le sentiment qui doit prédominer en nous, ce n’est pas la crainte, mais l’espérance. Ce jour du retour du Christ, nous l’attendons, comme les enfants attendent Noël : fébriles mais sans crainte, tout à la joie de ce qu’annonce cet événement. Le retour du Christ, quel qu’en soit le moment, marquera le jour de notre récompense, le jour du jugement de notre vie par celui qui est la source de tout amour. Avons-nous à craindre l’amour ? Bien sûr que non ! L’amour ne fait rien de mauvais ; l’amour espère tout ! Comme il l’a fait au moment de son Incarnation, il frappera à notre porte. Nos pourrons alors faire comme les aubergistes jadis, et dire qu’il n’y a pas de place ; ou nous pourrons lui ouvrir notre vie et il viendra prendre son repas avec nous. C’est ce que nous rappelle justement le Livre de l’Apocalypse au chapitre 3, 20 : Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. Il n’y a rien à craindre de celui qui frappe à la porte de notre vie et qui demande à entrer. Au contraire, il y a tout à espérer. Ecoutons la suite de ce passage de l’Ecriture (Ap 3, 21) : Le vainqueur, je lui donnerai de siéger avec moi sur mon Trône, comme moi-même, après ma victoire, j’ai siégé avec mon Père sur son Trône. 

Dans quelques semaines, le pape François ouvrira une année jubilaire qu’il a voulu consacrer à l’espérance. Dans notre monde froid et triste, la petite lumière de l’espérance nous attend. Elle vient nous redire que le meilleur est possible et que chacun est capable du meilleur. Nous ne sommes pas faits pour les ténèbres ; nous ne sommes pas faits pour la mort ; nous ne sommes pas faits pour la désespérance. Dieu nous veut dans sa lumière, Dieu nous veut vivant, Dieu nous veut pleins d’espérance. Il envoie son Fils pour nous le redire. Sa venue est comparable à l’été qui revient. Sachons lire les signes des temps, repérer le figuier qui refleurit. Il porte en lui la vie que Dieu nous communique. Si cela n’est pas source d’espérance, je ne sais pas ce qu’il nous faut. Laissons là notre pessimisme et entrons dans l’espérance du jour de Dieu. Amen. 


samedi 9 novembre 2024

32ème dimanche ordinaire B - 10 novembre 2024

 Un coeur plus qu'un avoir ! 




(Image trouvée sur internet)


D’un côté, beaucoup de riches qui mettaient de grosses sommes dans la salle du trésor du Temple. De l’autre, une pauvre veuve qui n’y mit que deux petites pièces de monnaie. Le match est inégal au possible, les protagonistes ne jouant visiblement pas dans la même ligue. Qui va gagner, si tant est qu’il faut un gagnant et un perdant ? 

Aux yeux des hommes, il n’y a nul doute que les plus regardés, les plus admirés, ce sont les riches et leurs grosses sommes. Nous avons beau ne pas trop aimer les trop riches, nous ne pouvons cesser de les admirer. Leur vie semble plus facile que la nôtre, leurs souhaits bien plus souvent réalisés que les nôtres. Et en même temps, nous n’aimons pas le tape-à-l’œil et cette manière que certains ont d’exhiber leurs richesses. Et je ne parle pas de tous ces parvenus, nouveaux riches, qui, sur les réseaux sociaux, n’arrêtent pas de vous dire que vous pouvez être comme eux et que, s’ils ont réussi, vous pouvez réussir aussi. Cela si vous tenez la réussite financière comme le summum de la réussite. Il serait intéressant de réfléchir à ce que nous considérons comme important pour dire que nous avons réussi notre vie. A ceux qui s’interrogent, je recommande le dernier titre de Jeck, Immortel, et le clip qui l’illustre. Il dénonce bien cette arnaque qui consiste à faire croire qu’une vie réussie se mesure à l’épaisseur d’un compte en banque ! 

Aux yeux des hommes, je ne suis pas bien sûr que la pauvre veuve ait retenu l’attention qui quiconque hormis Jésus. Et si d’aventure quelqu’un l’a vu, je ne suis pas certain que son regard fût celui de l’admiration. De même que nous n’aimons pas les trop riches, nous n’aimons pas davantage les trop pauvres. Ils sont ceux qui nous empêchent de nous plaindre tout le temps d’une vie devenue trop chère. Ce qui pour nous est plus difficile devient pour eux impossible. Là où nous devons commencer à renoncer quelquefois, eux ont abandonné depuis longtemps. Alors pourquoi parler de cette pauvre veuve ? Parce que Jésus ne voit qu’elle, elle et l’effort qu’elle fait pour verser quand même sa part au trésor du Temple. Et elle le fait sans se plaindre. Elle ne met pas grand-chose aux yeux des hommes, mais pour Jésus, c’est plus que ce que tous les autres ont mis, parce qu’elle a pris sur son indigence ; elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre, là où les autres ont juste pris sur leur superflu. Aux yeux de Jésus, le geste humble de cette femme compte plus que le geste tapageur des autres. Donner de son superflu n’est un exploit pour personne. Même les plus égoïstes arrivent à se séparer de ce qui ne leur sert plus. Donner de son essentiel, voilà qui est plus difficile, parce que cela suppose d’avoir appris à renoncer. Et quand on n’a pas grand-chose, et qu’on renonce encore au profit d’autres, voilà qui est admirable ; voilà ce que souligne Jésus. Jésus ne dit pas que ce que font les riches est mal ; il dit seulement que ce que fait la veuve est mieux, parce que les conséquences de son geste pour elle ne sont pas les mêmes que pour les riches et leur geste. 


Nous devrions le savoir depuis longtemps déjà ; le regard de Dieu se porte toujours sur les plus humbles. Comme le chante Marie dans son Magnificat, Dieu élève les humbles et renvoie les riches les mains vides. Ce qu’il nous faut apprendre de Dieu, c’est une autre manière de regarder le monde, de regarder les hommes, et de comprendre ce qui compte vraiment. Non pas le superflu ou le superficiel, mais l’essentiel, le nécessaire pour vivre. Et le nécessaire pour vivre, c’est d’abord un cœur aimant, un cœur généreux, un cœur reconnaissant. Si nous voulons un monde plus juste et plus fraternel, dans lequel personne ne manque de rien, c’est d’abord d’un cœur nouveau dont nous aurons besoin pour que le partage devienne réalité et que tous puissent vivre dignement, sans manquer de rien. Les récentes guerres de postures idéologiques à l’Assemblée nationale, au moment où le premier ministre évoquait la possibilité de prélever un impôt supplémentaire et temporaire auprès des plus riches d’entre les riches, pour que les efforts ne reposent pas tout le temps sur les plus fragiles, est révélatrice d’un manque de cœur et d’un cynisme effrayant. L’idée même qu’il faille débattre de cela et l’inscrire dans la loi montre à quel point l’histoire de cette pauvre veuve reste à méditer et à comprendre. 

      Nous ne combattrons pas la pauvreté avec des idéologies, mais avec un cœur et un regard renouvelé. La pauvre veuve de l’évangile qui devait être bénéficiaire des sommes déposées dans la salle du trésor du Temple et qui y dépose le peu qu’elle a, nous oblige à reprendre le combat pour un monde plus juste, plus solidaire, plus fraternel. Il faudra que chacun s’engage à la hauteur de ses moyens. Et quand on a beaucoup plus que tous les autres, il est normal de mettre beaucoup plus que tous les autres. C’est une question de justice ! C’est une question de cœur ! Quand le cœur compte plus que notre avoir, un monde nouveau est possible. Qu’attendons-nous pour essayer ? Que les deux petites pièces de monnaie de la pauvre veuve ouvrent nos yeux, nos cœurs et nos mains à la mesure de nos moyens. Amen. 


samedi 2 novembre 2024

31ème dimanche ordinaire B - 03 novembre 2024

 Ces paroles que je te donne aujourd'hui resteront dans ton coeur.


(Dessin de Jean-François KIEFFER, in Mille images d'évangile, Les presses d'Île de France)





Vendredi, la Toussaint ; hier, tous les fidèles défunts ; aujourd’hui, dimanche, le jour du Seigneur, jour habituel du rassemblement de la communauté des croyants en Jésus Christ. En trois jours, un petit marathon liturgique qui nous aura donné à entendre de nombreuses paroles venant de Dieu. Alors, si je vous demandais maintenant laquelle aura été la plus importante, peut-être me citerez-vous celle qui vous aura le plus marqués, ou celle qui reviendra spontanément à votre mémoire, ou peut-être vous gratterez-vous la tête d’un air dubitatif, ne sachant trop que répondre, un texte biblique ayant chassé le précédent, et ainsi de suite. Mettez-vous alors à la place de Jésus qui est invité à définir le plus grand de tous les commandements, et souvenez-vous qu’il y en a 613 en tout dans la Torah : 248 positifs qui disent ce qu’il faut faire, et 365 négatifs qui disent ce qu’il ne faut pas faire. Lequel choisir ? 


Jésus ne semble pas hésiter ; sa réponse jaillit, claire et précise. Voici le premier : Ecoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. L’évangéliste qui nous rapporte la scène ne signale aucune hésitation ; c’est cela et rien d’autre. Et l’interlocuteur de Jésus valide sa réponse : Fort bien, Maître, tu as dit vrai. Il est donc vrai que, même si l’on n’est pas du même camp, il est possible de réfléchir ensemble, il est possible de parler ensemble, il est possible de reconnaître que l’autre a raison, et de le féliciter publiquement. Sur l’essentiel, les hommes peuvent s’entendre. Grâce à l’essentiel, ils peuvent progresser. Comment définir alors ce qui est essentiel ? 

La première lecture peut nous y aider, elle qui nous dit : Ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur. Ces paroles, ce sont celles que Dieu adresse à son peuple. Et pour qu’elles restent dans nos cœurs, il nous faut être comme Jésus : entièrement tournés vers Dieu, entièrement de Dieu. Sans doute pour Jésus, Parole vivante du Père, est-ce plus facile de savoir ou de comprendre quelle parole l’emporte sur toutes les autres. Mais avant d’être une réponse réfléchie, c’est d’abord une réponse vécue. Jésus aime Dieu infiniment, intimement, puisqu’il l’appelle son Père ; et Jésus aime infiniment les hommes et les femmes qui croisent sa route, puisque pour eux, il ira librement jusqu’à la croix pour leur offrir le salut. Quand tu aimes infiniment à la manière de Jésus, qu’importe le nombre de commandements ; l’amour qui te fait vivre et que tu fais vivre à d’autres, l’emporte sur tout le reste. A la fin, il ne reste de toute façon que l’amour. Il n’y a rien de plus beau, il n’y a rien de plus grand, il n’y a rien de plus urgent. Aimer ! Saint Jean l’a bien compris lui qui a tout résumé dans ce verset : Dieu est amour. Il est dit que dans ses vieux jours, quand il prêchait, c’est la seule chose qu’il affirmait ! Dieu est amour. 

Plus je réfléchis à cette question posée, plus je me rends compte que n’importe quel autre commandement, c’est quelque chose que tu décides de faire ou de ne pas faire. Cependant, aimer, tu ne le décides pas vraiment. L’amour s’impose à toi ; c’est quelque chose que tu vis, ou pas d’ailleurs, mais jamais quelque chose que tu fais. C’est quelque chose qui vient de plus loin que ta seule volonté. L’amour te vient de Dieu ; c’est comme une infusion de l’Esprit de Dieu dans ta vie. Si tu fais le choix d’intégrer Dieu dans ta vie, l’amour est donné en plus, et il s’affinera au fur et à mesure que tu affineras ta connaissance de Dieu. Dieu ne peut que mener à aimer plus, à aimer mieux. Si t’approcher de Dieu te faisait éloigner des autres, tu peux avoir la certitude que ce n’est pas Dieu qui s’est approché de toi, et il vaut mieux fuir cette caricature de Dieu. Tu sais que les paroles [de Dieu] sont dans ton cœur quand tu constates que ton amour pour lui et pour les autres grandit. C’est le meilleur critère de discernement. La parole de Dieu est toujours une parole d’amour, même lorsqu’elle te reprend. Dieu corrige avec amour ceux qui l’aiment et ceux qu’il aime. 

Ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur. Ce sera le conseil du jour ; ce sera le conseil pour chaque jour. Garder la parole, c’est garder Dieu ; garder Dieu, c’est garder l’amour. Garder l’amour, c’est vivre de Dieu et n’être pas loin du Royaume. Que cette eucharistie, mémorial de l’amour du Christ pour nous, nous donne de grandir toujours et encore dans cet amour offert. Que le Pain de vie reçu en communion dilate notre cœur et nous aide à reconnaître en chacun un frère ou une sœur en qui le Christ est présent, en qui le Christ vient à notre rencontre. Amen.