La prière comme chemin et comme rempart.
Nous commençons donc une nouvelle année liturgique. Nous la vivrons avec l’évangéliste Luc qui inaugure cette année avec ce passage aux accents très apocalyptiques. Comme le faisait Marc, il y a deux semaines à peine, Luc nous rappelle que notre histoire a un sens et qu’elle va vers son terme, qui n’est pas une triste fin, mais la récapitulation de toutes choses dans le Christ. Nous allons vers la joie du Royaume où Dieu nous attend depuis toute éternité. L’originalité de Luc quand il parle de ce jour, consiste à nous indiquer une voie et un rempart pour que nous puissions échapper à tout ce qui doit arriver, et [nous] tenir debout devant le Fils de l’homme. Cette voie, c’est la prière constante, la prière de veille.
Ce n’est pas un hasard chez Luc, dont l’évangile peut être qualifié d’évangile de la miséricorde et de la prière. Les trois grands cantiques évangéliques qui rythment nos journées aux laudes, vêpres et complies sont l’œuvre de Luc. Nous les chantons quotidiennement pour bien signifier cette vigilance dans la prière, cet état de veille dans lequel nous voulons rester pour accueillir avec joie le jour du retour du Seigneur. Comment mieux, qu’avec ces trois cantiques qui unissent la Première Alliance et la Nouvelle Alliance, dire à la fois que nous veillons dans la prière, et que notre prière s’inscrit dans cette veille qui trouve ses racines dans les textes anciens de nos pères dans la foi. Nous ne prions jamais seul, mais avec cette conscience d’appartenir à un peuple de priants depuis des temps immémoriaux. Nous n’inventons pas non plus notre prière ; nous la recevons de Dieu lui-même qui, par sa parole, nous donne les mots de notre prière. Le Christ nous invite à rester dans cette veille de prière, et Dieu son Père nous en donne les mots. Merveilleuse bienveillance de Dieu vis-à-vis de son peuple qu’il veut sauver !
En gardant à la bouche les mots de la prière que Dieu lui-même nous donne, nous formons notre esprit, notre cœur et notre corps à cette habitude de la prière constante. Nous n’avons pas à chercher loin ce que nous allons pouvoir dire à Dieu. Au réveil, le matin, nous lui rendons grâce pour son œuvre d’amour depuis Abraham jusqu’à nous, avec cette conscience vive que Dieu tient ses promesses ; en fin d’après-midi, nous chantons, avec Marie, les merveilles que Dieu fait pour ses serviteurs, particulièrement les plus fragiles ; et en entrant dans le sommeil de la nuit, nous chantons notre confiance en Dieu, qui conduit notre vie et nous révèle son salut. Nous pouvons nous endormir en paix, Dieu nous fera traverser le sommeil de la nuit et le sommeil de la mort le moment venu. Notre vigilance dans la prière nous dit aussi que Dieu veille sur nous, qu’il est vigilant pour nous. Cette certitude acquise par la prière nous permet d’affronter les moments plus difficiles de notre existence. Seul celui qui croit que Dieu peut tout pour lui, peut tout vivre, tout affronter, sachant qu’il n’est jamais seul ! Celui qui désespère de Dieu, désespère de lui et de son avenir.
En ce temps de l’Avent, entrons dans une vigilance renouvelée. Entrons dans cette confiance que Dieu guide notre histoire personnelle et la grande histoire des hommes. Il y a des moments où cela ne semble pas évident, lorsque les éléments naturels viennent perturber notre existence, lorsque la haine des hommes conduit à la guerre. Gardons cette certitude que nous donne la prière : Dieu veille avec nous, Dieu veille sur nous, Dieu veille pour nous. Joignons-nous à lui, demeurons vigilants, demeurons priant. Et quand il nous semble que cela nous est impossible, comptons sur la prière des autres. Ne prions jamais égoïstement pour nous-mêmes, mais rendons-nous ce service de prière et de vigilance réciproque. C’est comme cela aussi que nous entrons dans les sentiments de Dieu et dans les mots qu’il nous offre pour les lui rendre en prière pour le monde. Amen.
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