Au coeur de toute vie chrétienne, un Dieu qui appelle et qui prend soin.
(Marc CHAGALL, Moïse et le buisson ardent,
Source internet : Moïse Et Le Buisson Ardent 1966 Lithograph 22x17 by Marc Chagall - For Sale on Art Brokerage)
Je ne me lasserai jamais de ce beau texte du livre de l’Exode que nous avons entendu en première lecture. Il nous rend témoin d’une part de la préoccupation de Dieu pour son peuple, et d’autre part de l’appel que Dieu adresse à Moïse. Car la situation du peuple hébreu en Egypte a bien changé. Souvenez-vous : la famille de Jacob est arrivée en Egypte alors que l’un de ses fils, Joseph, était le bras droit de Pharaon. Par sa gestion droite et avisée, il avait permis à l’Egypte de traverser une période de longue famine ; des étrangers, dont la famille de Jacob, venaient même se ravitailler ici pour échapper à la mort. Mais, dit sobrement le livre de l’Exode (1,8) : Un nouveau roi vint au pouvoir en Égypte. Il n’avait pas connu Joseph. Et c’est la fin d’une période heureuse en Egypte, le début des travaux forcés, les coups de fouet des garde-chiourmes…
Nous ne savons pas trop combien de temps a duré cette épreuve ; ce que nous savons, c’est que Dieu ne reste pas sourd aux appels de ceux qui crient vers lui. J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de ce pays vers un beau et vaste pays, vers un pays, ruisselant de lait et de miel. Et nous verrons tout au long du livre de l’Exode comment Dieu prend soin de ce peuple qu’il a décidé de délivrer et de mener sur une nouvelle terre. Nous pouvons voir encore aujourd’hui comment Dieu prend soin de nous.
Ce que nous révèle encore le livre de l’Exode, c’est que Dieu a suscité Moïse. Il lui a parlé dans ce buisson ardent, l’a appelé et envoyé en mission : Je t’envoie chez Pharaon : tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël. Sans doute Dieu, tel un super héros, aurait-il pu se trouver une cape et venir lui-même affronter Pharaon. Mais cela aurait conduit Dieu à renoncer à la liberté de l’homme. Si Dieu se manifestait ainsi, l’homme n’aurait plus le choix de croire ; il ne serait plus libre. Dieu a donc choisi d’avoir besoin de l’homme pour réaliser son projet. Et quand l’homme est sollicité par Dieu, ne croyez pas que tout est simple. Je vous invite à relire les quatre premiers chapitres du livre de l’Exode. Vous verrez Moïse argumenter contre Dieu pour échapper à la mission que celui-ci veut lui confier : Je ne te connais pas ; s’ils me demandent ton nom, que répondrai-je ? Je ne sais pas parler, envoie quelqu’un d’autre, quelqu’un qui sera plus doué que moi… Bref, à chaque objection levée, une autre est exprimée, mettant à rude épreuve la patience de Dieu. Moïse finira toutefois par prendre le chemin de l’Egypte pour faire ce que Dieu attend de lui.
Ce qui s’est passé jadis est toujours d’actualité. Dieu veille sur nous ; Dieu entend nos cris, voit notre misère. Et toujours et encore, il suscite des hommes et des femmes pour aider l’humanité à traverser ses crises, à retrouver le sens de la justice, à retrouver le chemin vers Dieu, et donc vers les hommes pour qu’une véritable fraternité soit possible, et que justice et paix puissent s’embrasser à nouveau. Au cœur de notre foi, il doit y avoir cette certitude que Dieu veille, qu’il ne nous abandonne pas. Au cœur de notre foi, il doit y avoir cette certitude que Dieu appelle chacun de nous à quelque chose de beau et de grand pour le bien de tous. Nous n’aurons pas tous l’envergure et la mission d’un Moïse, mais tous nous avons quelque chose à faire pour que notre monde se porte mieux. La justice et la paix, ça commence chez nous, dans nos familles, sur nos lieux de travail, dans nos cours d’école… Et si tu n’as pas encore été confronté à ton buisson ardent, et découvert ce que Dieu attend de toi, ou que tu penses être trop jeune pour déjà faire quelque chose, ou trop vieux pour encore faire quelque chose, tu peux toujours prier pour ceux qui sont en première ligne. Dieu a besoin de chacun de nous pour travailler à son règne ; Dieu a besoin de chacun de nous pour bâtir la paix.
Je veux terminer mon propos en reprenant le beau nom de Dieu que celui-ci révèle à Moïse : Je suis qui je suis. Il nous dit que Dieu sera toujours celui dont nous aurons besoin à un moment donné de notre histoire. En effet, il peut aussi se traduire par Je suis qui je serai, nous assurant de la présence constante de Dieu à nos côtés, différent selon ce que nous traversons, mais toujours attentif, toujours à veiller sur nous. Il suffit de relire, dans l’Evangile de Jean, toutes les affirmations de Jésus commençant par : Je suis. Et vous comprendrez la richesse des variations de la présence de Dieu dans notre vie. Dans l’ordre cela donne : Je suis le Pain de la Vie, Je suis la lumière du monde, Je suis la Porte, Je suis le bon berger, Je suis la résurrection, Je suis le chemin, la vérité et la vie, Je suis la vigne véritable, Je suis Roi. Autant d’occasion pour Jésus de préciser ce nom de Dieu. Autant d’images pour nous dire comment Dieu prend soin de nous.
Que notre Carême soit l’occasion de mieux connaître Dieu, de mieux connaître comment nous avons besoin de Dieu. Puissions-nous, à mieux connaître Dieu, nous laisser mieux envoyer par lui pour participer à son œuvre de salut pour tous les hommes. Dieu veut avoir besoin de toi pour dire et répandre son amour. Ecoute son appel, laisse-toi envoyer. Deviens ce figuier qui porte du fruit en abondance. Amen.
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