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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

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mercredi 5 mars 2025

Mercredi des Cendres - 5 mars 2025

 Moi, les autres et Dieu !





Au début de cette célébration, nous a été redite la première parole de Dieu entendue aujourd’hui par les baptisés qui prient l’office des Laudes, la prière du matin. J’ai souhaité que notre célébration commence par ces mots parce qu’ils redonnent du sens de ces quarante jours qui s’ouvrent devant nous. Que nous disent-ils ?

La première chose rappelée par ce texte, c’est que nous sommes un peuple consacré au Seigneur notre Dieu. C’est [nous] qu’il a choisi pour être son peuple particulier, parmi tous les peuples de la terre. Cette parole, adressée au peuple libéré d’Egypte par Moïse, nous pouvons la faire nôtre, nous que Dieu a libérés de l’Egypte de notre péché et de la mort, par son Fils Jésus, notre Seigneur et Sauveur. Notre baptême a fait de chacun un membre de ce peuple consacré au Seigneur notre Dieu, en nous plongeant dans la mort et la résurrection de Jésus. Le temps du carême est d’abord un temps pour redécouvrir la grâce de notre baptême, signe de notre alliance avec Dieu. Et je ne peux que vous inviter à le vivre comme un me time, comme disent les anglophones, un temps pour moi. Cela peut sembler égoïste et contre-productif, mais cela est essentiel. Le carême est fait pour chacun, comme un temps où d’abord chacun retrouve qui il est en vérité, dans un monde qui ne cesse de nous bousculer. Chacun doit avoir conscience que s’il se perd, il est perdu pour les autres ; s’il s’agite constamment, il ne sert personne et n’est utile à personne. Or Dieu s’est donné un peuple particulier pour que ce peuple soit utile aux autres ; ce peuple particulier a la responsabilité d’être lumière pour les autres peuples. Comment pourrions-nous guider les autres vers la lumière si nous perdons de vue l’éclat de cette lumière ? Le jeûne que Jésus recommande, ce n’est pas d’abord pour nous priver, mais pour nous recentrer sur nous-mêmes, pour que nous puissions comprendre ce qui est vraiment essentiel et le distinguer de l’accessoire, voire du superflu. 

La deuxième chose rappelée par cette parole de livre du Deutéronome, c’est que Dieu a fait cela, il a fait de nous son peuple particulier par amour. Ce n’est pas pour nous embêter ; ce n’est pas pour se jouer de nous ; ce n’est pas davantage pour nous piéger et nous faire remarquer au bout d’un moment combien nous sommes faibles et que sans lui nous n’avons pas les cartes en main. Non, s’il l’a fait, c’est parce qu’il nous aime. Et dans l’amour vrai, il n’y a pas de piège ; dans l’amour vrai, on ne se joue pas de l’autre. Dans l’amour vrai, on espère le meilleur pour l’autre. Ayant pris du temps pour nous, pour nous retrouver, nous pourrons aller vers les autres. Il sera même plus facile d’aller vers les autres quand nous aurons compris à frais nouveau l’amour que Dieu nous porte, parce que forts de cet amour, nos pas nous conduirons naturellement vers les autres, vers les petits, les exploités, les rejetés pour leur dire à eux aussi : tu es de ce peuple consacré au Seigneur parce qu’il t’aime. Et je viens te redire et te manifester un peu de cet amour. L’aumône (ou la charité) que Jésus recommande dans l’évangile devient possible quand je sais qui je suis, quand je me sais aimé et capable d’aimer en retour. Celui qui ne sait pas la grandeur que Dieu a mis en lui et qui ne s’aime pas, ne peut pas aimer les autres. Pour prendre soin des autres, il faut déjà savoir prendre soin de soi. Pour comprendre que les autres sont mes frères et sœurs en humanité, il faut que je me comprenne comme membre de ce peuple, de cette famille que Dieu rassemble. 

Nous pouvons alors comprendre la troisième richesse de cette parole du Deutéronome : vous saurez que le Seigneur votre Dieu est le vrai Dieu, le Dieu fidèle qui garde son Alliance et son amour pour mille générations à ceux qui l’aiment et gardent ses commandements. Quand je sais que je suis membre d’un peuple rassemblé, quand je reconnais les autres comme mes frères et sœurs, alors je peux comprendre que le Dieu qui permet cela est le vrai Dieu qui garde son Alliance et son amour. Il ne m’aime pas que le jour de mon baptême, mais chaque jour qu’il me donne de vivre. Il m’aime inconditionnellement, malgré mon péché, malgré ma capacité à vivre loin de lui et à l’oublier. Il m’aime et il m’attend. D’où l’invitation à une prière renouvelée, pour retrouver le sens de Dieu après avoir retrouvé le sens de moi et des autres. 

Le chemin proposé par le Deutéronome peut sembler déroutant. Il nous a été tellement dit qu’il fallait partir de Dieu pour arriver à soi en passant par les autres ! Mais c’est ce chemin proposé par le Deutéronome qui me semble juste pour celui qui s’est perdu. Partir de lui, de ce qu’il est pour aller à Dieu par les autres. Ce chemin nous rappelle notre nécessaire solidarité dans la foi ; nous avons besoin les uns des autres pour grandir dans la foi, l’espérance et l’amour. Nous avons besoin les uns des autres pour marcher humblement avec Dieu. Le carême vécu d’abord pour soi ouvre aux autres et à Dieu, parce qu’en nous permettant de nous redécouvrir personnellement, il nous fait comprendre que nous n’existons pas pour nous, mais pour les autres et pour Dieu. C’est le chemin fait par Saint Augustin par exemple, qui s’était égaré dans une vie de patachon avant de revenir vers Dieu, grâce à l’amour et à la prière de sa mère Monique. Son chemin de conversion lui a fait chanter : Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi. Puisse ce carême nous faire redécouvrir cette vérité. Amen. 


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