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samedi 15 mars 2025

2ème dimanche de Carême C - 16 mars 2025

 Au coeur de toute vie chrétienne, le Christ qui se révèle à nous.



(Luca GIORDANO, La Transfiguration, 1685, Gallerie degli Uffizi, Florence, Italie)




Un autre grand classique du Carême, quelle que soit l’année liturgique : l’évangile de la Transfiguration de Jésus. Celui qui avec nous et pour nous combat le mal, se révèle à nous dans toute sa gloire. La version que donne Luc de cet épisode comporte quatre différences par rapport à la relation de l’événement par Matthieu et Marc. 

La première originalité de Luc, c’est le contexte : Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. Cette précision de la prière ne se trouve qu’en Luc. Là où l’on pourrait penser en Matthieu et Marc que Jésus emmène trois de ces disciples pour en faire les témoins de cette transfiguration, Luc nous dit que le but premier, c’était d’aller prier sur la montagne. Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre… La révélation de Jésus, tel qu’il est dans toute sa gloire, se fait dans la prière. C’est donc possible pour nous aussi, de contempler la gloire du Christ lorsque nous prions. Mieux, c’est quand nous prions que nous approchons du Christ dans toute sa gloire. Ce lieu de contact qu’est la prière, nous permet de mieux comprendre qui est Jésus en réalité. 

La deuxième particularité de Luc, c’est de nous dire de quoi Jésus parlait avec Moïse et Elie. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. Est-ce là, dans cette rencontre sur la montagne de la Transfiguration, que Jésus puisera les explications qu’il donnera aux disciples d’Emmaüs, au soir de Pâques quand, sur la route, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait ? Rien ne le dit, rien ne le contredit ! Et j’aime à croire que là, dans cette révélation de sa gloire, auprès de Moïse et d’Elie, Jésus puise aussi le courage qui lui sera nécessaire pour affronter cette dernière étape de sa vie terrestre : les événements de Jérusalem qui conduiront à sa mise en croix et à sa mort. Cela me rend Jésus moins romantique et plus humain : tout Fils de Dieu qu’il est, il a besoin d’être fortifié, renforcé par ces figures de la foi que sont Moïse et Elie, pour affronter l’ultime combat, celui pour lequel il est venu dans le monde. Cet échange singulier entre Jésus, Moïse et Elie, nous fait comprendre aussi que nous ne pouvons pas rejeter ce que nous appelons l’Ancien Testament au prétexte que Jésus est venu et qu’un Nouveau Testament a été écrit. Jésus se révèle aussi à nous dans la lecture et la méditation de ces textes plus anciens qui portent en germe sa présence au milieu des hommes.

La troisième particularité de Luc, c’est que ce sont les disciples qui font le choix de garder le silence sur ce qu’ils ont vu et entendu et en ces jours-là, ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu. Ils nous montrent ainsi qu’ils ont saisi par eux-mêmes qu’il faudra attendre le bon moment pour parler de cette expérience unique aux autres ; aujourd’hui n’est pas ce moment. Ils ont aussi mesuré la confiance que Jésus leur a fait quand il les a emmenés pour ce temps si particulier. Ils nous apprennent à nous tous qu’il n’est pas toujours bon d’exposer à la vue et au su de tous, les expériences spirituelles que nous pouvons faire. Jésus se révèle quelquefois à nous dans des moments particuliers de notre histoire, et ces moments n’appartiennent qu’à nous. Si Jésus n’a emmené que Pierre, Jean et Jacques, c’est peut-être qu’il a estimé que ceux-là étaient en mesure de comprendre et de garder pour eux ce qu’ils ont vécu avec lui. 

Peut-être que c’est en cela que réside alors la dernière différence de Luc. Lorsque vous lisez la version de Matthieu et de Marc, vous comprenez que lorsqu’il ne reste plus que Jésus seul, avec eux, ils redescendent immédiatement rejoindre les autres. C’est dans cette descente que Jésus leur Jésus leur impose le silence. Chez Luc, il vous faudra ouvrir votre bible (parce que ce n’est pas dit dans le texte entendu aujourd’hui) pour découvrir qu’ils ne redescendent de la montagne que le lendemain. Ils ont eu non seulement une expérience spirituelle unique, mais ils ont eu toute la nuit pour en parler avec Jésus. Vous imaginez cela ? Toute une nuit pour discuter de ce qu’ils viennent de vivre ? Peut-être Pierre avait-il finalement dressé des tentes comme il le suggérait au moment où Moïse et Elie s’éloignaient de Jésus. Je vois là un rappel qu’il nous faut profiter de ces moments où Jésus se révèle à nous, et ne pas trop vite passer à autre chose. Ceux qui ont déjà vécu une semaine de retraite ou d’adoration au Mont Sainte Odile, savent de quoi je veux parler. Il y a, dans les dernières heures de ces moments, une douce euphorie, un grand contentement de ce qui a été vécu et le désir que cela se poursuive. Il nous faut toujours redescendre dans la vie ordinaire, mais doucement, sans précipitation. 

Au cœur de toute vie chrétienne, il y a le Christ qui se révèle à nous et qui nous appelle à prendre du temps avec lui, à l’écart, sur la montagne, dans la prière. Ce temps de carême est un temps privilégié pour faire une retraite au cœur même de notre vie quotidienne pour approfondir notre relation avec lui, pour fréquenter davantage les Ecritures et comme le dit la voix qui se fait entendre, pour l’écouter. Puissions-nous nous préparer à la rencontre avec le Ressuscité en relisant nos Ecritures Saintes et en comprenant mieux celui qu’elles nous révèlent : le Fils que [Dieu s’est] choisi. Amen.


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