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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







dimanche 20 avril 2025

Saint Jour de Pâques - 20 avril 2025

 Pâques, passage du Jésus de l'Histoire au Christ de la foi.






Quelle nuit nous avons vécu ! Alors que nous étions tristes de la mort de Jésus, voilà que dans la nuit a retentit un cri de joyeuse espérance : il est ressuscité ! L’improbable a eu lieu, comme Jésus l’avait annoncé par trois fois à ses disciples : après trois jours, je ressusciterai. Comment aurions-nous pu le croire quand il annonçait cela ? Jamais, personne ne l’avait fait. En passant victorieux par la mort, Jésus est désormais reconnu comme Jésus, le Christ, celui que Dieu envoie pour sauver son peuple.

Nous avons relu cette nuit la longue histoire du peuple de Dieu, histoire faite d’alliances et de promesses. Et il nous a fallu reconnaître l’évidence : Jésus est celui qui accomplit toutes les promesses faites par Dieu à son peuple ; Jésus est celui qui inaugure l’alliance nouvelle et éternelle que rien ne viendra briser. En Jésus, mort et ressuscité, Dieu a pris le parti de l’homme et l’a libéré de la mort et du péché, par grâce, parce que l’humanité, par elle-même, en était incapable. En lui ouvrant la possibilité de la vie avec Dieu pour toute éternité, Jésus réconcilie Dieu et son peuple qui si souvent s’était détourné de lui. Cette alliance est éternelle parce que signée dans le sang de l’Agneau, le sang du Fils unique de Dieu. Dieu ne peut pas se retourner contre son Fils, contre lui-même. Là où l’homme est faible, Dieu est fort. Là où l’homme se montre si souvent infidèle, Dieu se montre fidèle. Nous avons été rachetés à grand prix, le prix de la mort de l’Innocent, le prix de la mort du Fils de Dieu. En s’abaissant dans l’obéissance au projet d’amour de Dieu pour nous, Jésus est élevé par Dieu et reçoit le nom qui est au-dessus de tout nom. Il sera pour toujours le Christ Jésus, seul médiateur entre Dieu et les hommes. Il était notre victime ; il devient notre sauveur. Il était celui que nous avions rejeté ; il devient celui qui nous attire à lui et au Père. Il était celui que nous avons fait mourir ; il devient celui qui nous donne la vie en plénitude. Comment pourrions-nous ne pas nous attacher à lui et ne pas le suivre désormais là où Dieu nous attend ? 

Le temps de Pâques qui s’ouvre nous invite à passer du Jésus de l’Histoire, celui que les hommes ont croisé, écouté, suivi quelquefois, au Christ de la foi, celui en qui nous sommes invités à croire pour obtenir la vie éternelle. Ceux qui n’avaient vu en lui qu’un grand homme, sont invités à découvrir le Fils unique de Dieu. Ceux qui n’avaient écouté qu’un grand prédicateur, sont invités à écouter la Parole même de Dieu. Ceux qui n’avaient vu en lui qu’un faiseur de miracle, sont invités à reconnaître en lui la source des sacrements de l’Eglise, ces signes que Dieu nous donne pour nous dire son amour de toujours. Il nous faut à tous dépasser ce que nous croyions savoir de Jésus pour découvrir, avec ses disciples, dans la force de l’Esprit Saint, le Christ qui nous ouvre le chemin vers Dieu et nous obtient son pardon. Fini le petit Jésus tout mignon dans sa crèche ; voici le temps du Christ qui nous sauve et nous entraîne dans une nouvelle manière de vivre. Fini le temps où notre réalité était le monde terrestre ; désormais, il nous faut penser aux réalités d’en-haut. Fini le temps où l’homme était esclave du péché ; désormais, il est libre en Jésus Christ, vainqueur de la mort et du péché. Sa victoire rejaillit sur notre vie et la transforme. Nos petites vies participent désormais à la Vie même de Dieu. Finis les horizons bouchés ; avec le Christ, une espérance nouvelle est possible, un monde nouveau se construit ; il n’attend que nous.

Que la joie de cette fête qui nous rend la vie nous convertisse à ce monde nouveau où l’homme est fort de la force même de Dieu. Ils sont finis les jours de la Passion, dit la prière de l’Eglise ; avec eux sont finis les jours où l’homme était démuni et subissait sa vie. Désormais, il est libre ; désormais, il est vivant, pleinement ; désormais, il peut, s’il le veut, être pleinement fils de Dieu, à l’image du Christ Jésus, premier-né d’entre les morts. Nous avions suivi Jésus sur les routes de Judée, Samarie et Galilée ; suivons désormais le Christ sur la route qui mène au Royaume, auprès de Dieu. C’est là que nous sommes attendus ; c’est là qu’est notre vraie vie. Amen. 


samedi 19 avril 2025

Veillée pascale - 19 avril 2025

 Au coeur de toute vie chrétienne, il y a le Christ, Vainqueur de la mort.




(Descente aux enfers, trouvé sur internet)





Nous avions quitté l’église vendredi, accablés de tristesse, sidérés par l’événement de la croix et la cruauté des hommes. Notre espérance se retrouvait mise au tombeau, avec le corps mort de Jésus. Nous nous retrouvons en cette nuit, rassemblés par une affirmation de joyeuse espérance faite devant ce même tombeau : Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité. Les anges nous rappellent ainsi qu’au cœur de toute vie chrétienne, il y a le Christ, vainqueur de la mort. 

Comment cela s’est fait ? Nous n’en savons rien. Nous avons juste le témoignage des anges, la longue relecture de l’histoire du salut telle qu’elle est rapportée dans notre Premier Testament, et la certitude d’un Paul par exemple, pour nous faire comprendre que les événements de la Passion et de la Résurrection de Jésus sont conformes aux promesses faites par Dieu. Nous avons le témoignage des disciples après Pâques que nous relirons dans les Actes des Apôtres tout au long de ce temps pascal. Nous avons cette certitude qui va se faire jour peu à peu : Jésus, celui qui est mort, est ressuscité. La mort n’a pu garder sa proie. La mort est morte. Celui qui nous avait dit qu’il était la résurrection et la vie est sorti victorieux du tombeau. Dieu n’a pas cautionné le procès fait à son Fils ; il restaure dans sa gloire celui que nous avions humilié ; il rend à la vie celui que nous avions fait mourir. 

Cet événement de Pâques concerne désormais toute l’humanité. Plutôt que d’être condamnée par Dieu pour la mort de son Fils unique, lui est offerte la possibilité d’un salut, d’une réconciliation avec Dieu, à cause de Jésus, dont nous comprenons maintenant qu’il s’est livré lui-même à la mort pour accomplir les promesses divines. En prenant le chemin de l’humilité, en s’abaissant, le voici relevé, glorifié par Dieu. Et nous pouvons à notre tour participer à ce relèvement en recevant le baptême. Oui, par le baptême, nous avons été unis au Christ Jésus, à sa mort et à sa résurrection, proclame Paul aux chrétiens de Rome. Par le baptême, nous devenons celui que nous avions rejeté, nous devenons des autres Christ. Nous sommes vivants pour Dieu en Jésus Christ. Ne cherchons pas tout de suite à comprendre tout ce que cela veut dire. Goûtons plutôt la joie d’être libérés du péché et de la mort ; goûtons la joie d’être vivants, pleinement. Nous aurons tout le temps pascal pour comprendre ce que cela signifie, ce que cela implique. Ce soir, c’est la joie d’être vivants en Christ qui doit être première ; ce soir, c’est la vie retrouvée que nous devons célébrer ; ce soir, c’est notre attachement au Christ qu’il faut réaffirmer. Car sans cet attachement au Christ mort et ressuscité, notre baptême serait vain, notre foi serait vaine.

Oui, le Christ est ressuscité ; et dans notre monde marqué par la guerre et la souffrance de tant d’hommes, de femmes et d’enfants, cette résurrection nous engage à lutter pour plus de vie, à lutter pour une attention renouvelée à la sacralité de toute vie. Toute vie humaine a du prix aux yeux de Dieu et il ne revient pas aux humains de dire quelle vie est acceptable et quelle vie est supprimable. La résurrection du Christ est un manifeste à faire de la vie, de toute vie, et en particulier des vies plus fragiles, notre priorité pour qu’elles soient protégées, respectées et accompagnées de leur origine jusqu’à leur terme, dont Dieu seul est le maître. Si la mort du Christ, le seul Juste, nous a révoltés, alors toute mort injuste doit désormais nous révolter. La vie en plénitude que le Christ nous obtient par sa mort et sa résurrection est désormais la nôtre puisque l’œuvre de salut qu’il a accompli, il ne l’a pas fait pour lui, mais bien pour chacun de nous, donnant à la vie des hommes un prix infini. 

La joie de la résurrection que nous célébrons ce soir est appelée à se répandre dans nos vies. Heureux pour le Christ vainqueur de la mort, nous pouvons être heureux pour nous qui bénéficions de cette victoire. Rien, ni personne ne pourra jamais nous enlever cette victoire. Ressuscité, le Christ ne meurt plus. Ressuscité, il nous appelle à une vie plus grande et plus belle. Entrons joyeusement dans cette vie, pleins de reconnaissance pour Jésus, qui nous a ouvert la voie et nous rend participant de sa propre vie. C’est notre foi ; embrassons-la ; c’est notre foi, proclamons-la ; c’est notre foi, vivons-la. Amen. 


vendredi 18 avril 2025

Vendredi Saint - 18 avril 2025

Au coeur de toute vie chrétienne, il y a le Christ qui meurt pour nous. 







        Que célébrons-nous aujourd’hui ? Un accident de l’Histoire ? Quelque chose qui aurait pu, voire aurait dû être évité ? Lorsque l’on relit la longue histoire des chrétiens, il est un fait difficile à ignorer : la mort de Jésus passe mal ! De nombreuses hérésies ont cherché à contourner la mort de Jésus, car Dieu ne peut pas mourir ; le Christ, l’Oint de Dieu, ne peut pas être mort ; un autre a pris sa place au dernier moment, mystérieusement. Or, au cœur de toute vie chrétienne, il y a pourtant bien le Christ qui meurt pour nous. 

        Nous ne pouvons pas juste évacuer ce vendredi parce que ce qui se joue là est injuste, incroyable, pas raisonnable. Nous ne pouvons pas faire comme si ce n’était qu’un mauvais moment à passer en attendant l’essentiel : la résurrection. Non, il nous faut pleinement accepter, réellement accepter qu’aujourd’hui, en Jésus, Dieu meurt pour nous, Dieu meurt par amour pour nous. C’est tout le drame d’un Judas Iscariote qui ne peut accepter que celui qu’il a reconnu comme étant le Messie et qu’il a suivi durant trois ans de sa vie, ne puisse pas prendre le pouvoir et se montrer puissant. L’annonce de la mort de Jésus, son refus d’être un Messie à hauteur d’homme, vont le mener à la trahison. C’est le drame d’un Pierre qui n’assume pas le chemin que Jésus a choisi de suivre, celui de l’obéissance et de l’amour parfait. Lorsqu’il est interrogé sur son appartenance au groupe des disciples, il renie ; rien à voir avec celui qui va être condamné. C’est le drame des chefs du peuple, de Hanne et Caïphe, qui, pour se débarrasser d’un gêneur vont le mener à la mort, en refusant l’évidence : celui-ci est Fils de Dieu. L’idée même que Dieu puisse s’abaisser et se livrer aux hommes, acceptant le chemin douloureux qui mène au Golgotha, parce qu’il les aime et veut leur salut, est absurde au point qu’il est plus facile pour beaucoup de dire tout simplement que Dieu n’existe pas. Comment vivre en pensant que Dieu a donné sa vie pour toi ? Comment vivre en pensant que tu es peut-être responsable de la mort de Dieu ? 

        Faire l’impasse sur le vendredi saint ou le minimiser, c’est refuser le projet de Dieu pour l’humanité. Faire l’impasse sur le vendredi saint, c’est refuser de croire que Dieu est tout-puissant et plus puissant que la mort même. Faire l’impasse sur le vendredi saint, c’est croire qu’il n’y a pas d’issue à nos misères, à nos trahisons, à notre péché. Si Dieu ne meurt pas, il n’y a pas de résurrection possible. Si Dieu ne descend pas aux enfers, il n’y a pas de libération de la mort et du péché possible pour l’homme. C’est parce qu’il affronte la mort qu’il peut la vaincre. C’est parce qu’il descend au séjour des morts, qu’il peut en ramener l’homme. C’est parce qu’il s’abaisse, qu’il peut se relever et s’élever. C’est parce qu’il s’humilie, qu’il peut rendre à l’homme sa dignité. 

        La croix dressée est le signe d’un échec. Non pas de l’échec de Dieu, mais de l’échec de l’homme à se sauver lui-même. Seule la mort de l’Envoyé de Dieu peut apporter aux hommes le salut. Ce que Jésus a fait pour nous, personne ne l’a fait avant lui et personne ne le refera après lui. En se donnant entièrement, il a tout donné, il a donné l’amour le plus grand et le plus puissant possible. C’est cet amour qui nous vaut la vie. C’est cet amour qui nous vaut le salut. C’est cet amour qui peut remettre de la vie là où il n’y a que la mort. C’est cet amour qui peut remettre de l’espérance là où il n’y a qu’angoisse et désespérance. C’est cet amour qui peut remettre de l’amour là où il n’y a que de la haine. Nous ne comprendrons peut-être pas vraiment l’utilité de ce jour, mais nous pouvons en rendre grâce à Dieu, parce que ce jour marque le début de quelque chose de nouveau. Au pied de la croix, nous ne voyons peut-être qu’échec, souffrance et désolation. Jésus y voit un avenir possible. C’est pourquoi il confie au disciple bien-aimé sa mère. J’aime à croire que c’est dans cet échange rare et profond – Femme, voici ton fils ; voici ta mère – que Jean a appris à prendre de la hauteur et à regarder le monde et les événements avec le regard de Jésus dressé sur la croix. Au pied de la croix, il n’y a que peine et misère ; sur la croix, au-dessus des hommes, il y a le regard d’amour de Dieu sur ce monde qui le rejette et qui a, plus que jamais, besoin d’être aimé, malgré le mal et la souffrance qu’il provoque. 

        La grande prière universelle qui va suivre sera l’occasion d’ouvrir notre prière à toutes et à tous, quelle que soit leur foi, quelles que soient leur misère ou leurs difficultés. C’est parce que nous croyons que sur la croix Jésus offre le salut à tous les hommes, que nous portons toute l’humanité dans la prière, sachant que Dieu ne peut rester sourd à nos appels et qu’il peut toujours quelque chose pour chacun. Puis nous marcherons vers la croix de notre Sauveur, pour la reconnaître comme la source de notre salut et nous adorerons celui qui nous l’offre. Enfin nous partagerons son Corps livré pour qu’il vienne dilater notre cœur et notre vie à la mesure de son amour. Sur la croix, nous pouvons faire mourir nos manques de fraternité, nos manques de charité. Que ce vendredi devienne la certitude de l’amour de Dieu pour nous, lui qui n’a pas refusé son propre Fils pour effacer notre indignité et nous recevoir comme ses enfants. Amen. 


jeudi 17 avril 2025

Jeudi Saint - 17 avril 2025

 Au coeur de toute vie chrétienne, il y a l'Eucharistie, sacrement de l'amour offert.



(Photo personnelle)



Le triduum pascal s’ouvre avec cette célébration qui nous rassemble au soir de ce jeudi pour commémorer l’institution de l’Eucharistie, sacrement de l’amour offert par Jésus à ses disciples pour la première fois. Nous sommes-nous trop habitués à ce sacrement pour en mesurer toute la grandeur et toutes les implications dans notre vie quotidienne ?

Il peut paraître surprenant que, pour nous parler de l’institution de l’Eucharistie, l’Eglise n’ait pas fait le choix de prendre le début du texte de la Passion. Elle a préférée nous faire entendre le témoignage le plus ancien que nous ayons dans les Ecritures, celui de Paul, qui rapporte aux chrétiens de Corinthe son expérience. Frères, moi, Paul, j’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur, et je vous l’ai transmis : la nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. » Ce seul fait me fait comprendre que pour donner le goût de l’Eucharistie à quelqu’un, il faut que les chrétiens en témoignent, qu’ils puissent dire à quelqu’un qui veut le devenir, que l’Eucharistie n'est pas juste un rite de l’Eglise, mais bien quelque chose que le Christ nous a laissé et demandé de refaire en mémoire de lui. Cette expérience est tout, sauf machinale. Elle est une expérience vivante, qui fait vivre parce qu’elle nous entraîne dans une proximité, une intimité jamais égalée avec le Christ. C’est tout Jésus qui est offert, donné, livré pour notre vie. Ce n’est pas un souvenir, mais un viatique, une nourriture pour notre route quotidienne à la rencontre du Christ et des frères et sœurs en humanité qu’il met sur notre route. Celui qui participe pleinement à l’Eucharistie est comme saisi dans une communion qui va au-delà de ce qui est imaginable. Là, dans le geste du pain et du vin partagés, je reçois le Christ et avec lui, je reçois l’humanité entière comme autant de frères et sœurs. Ma communion au Corps et au Sang du Christ m’oblige à une communion avec celles et ceux qui font le même geste que moi. Celui qui reçoit le Christ ne peut rester indifférent au sort de celles et ceux qui croisent sa route. La vie du Christ que j’accueille, me renvoie vers la vie de mes frères et sœurs en humanité auprès desquels je dois témoigner de celui qui me fait vivre en offrant sa vie. Le Christ me rend participant à son repas, certes, mais aussi à son sacrifice pour le salut du monde. A cause de cela, je ne peux pas garder le Christ pour moi.

Et c’est là que nous pouvons comprendre pourquoi l’Evangile de ce soir est celui du lavement des pieds, parce que justement il nous renvoie les uns vers les autres. Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. C’est une variation du : Faites cela en mémoire de moi. Il n’y a pas que la communion sacramentelle au Corps et au Sang du Christ qui est chemin de notre Salut, notre autoroute vers le ciel comme se plaisait à l’appeler Carlo ACUTIS. Il y a aussi le service concret du frère et de la sœur que je ne choisis pas, mais que Dieu met sur ma route, qui est chemin de mon salut. Rappelez-vous ce que dit Jésus dans la parabole du jugement dernier : Ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. Venez, les bénis de mon Père… De même que nous ne pouvons pas renoncer à l’Eucharistie, signe de l’amour livré pour les hommes, nous ne pouvons pas renoncer au lavement des pieds, signe de l’amour continué et partagé concrètement dans notre vie. Il fait aussi grandir l’Eglise parce qu’il la rappelle à son essentiel : elle est fondée pour servir le Christ et servir les hommes. Nous n’avons pas à choisir entre célébrer l’Eucharistie et servir nos frères et sœurs en humanité. C’est une seule et même réalité. Communier à l’Eucharistie sans nous tourner vers nos frères et sœurs en humanité, reviendrait à confisquer le don de Dieu pour notre petite personne. Servir les frères sans nous nourrir de l’Eucharistie reviendrait à nous priver de la source même de notre action et transformerait l’Eglise en organisation humanitaire sans référence à l’amour livré sur la croix. Dans les deux cas, c’est le salut du monde qui est compromis car l’amour du Christ ne serait plus offert à tous. 

Au cœur de cette nuit, retrouvons le goût de ce sacrement fait par l’Eglise et qui fait l’Eglise. Il est l’aliment du salut offert pour que nous soyons forts dans le Christ, lui qui a su admirablement servir son Père et servir l’humanité qu’il a embrassée dans sa propre vie. Soyons des témoins de ce sacrement de l’amour offert pour tous. Accueillons le salut qu’il nous offre et osons le proposer au monde qui cherche un sens à l’existence. Faisons cela en mémoire de Jésus qui donne sa vie pour tous. Amen. 


samedi 12 avril 2025

Dimanche des Rameaux et de la Passion C - 13 avril 2025

 Au cœur de toute vie chrétienne, il y a Jésus, « Celui qui vient au nom du Seigneur ».




(image trouvée sur internet)




Nous inaugurons, en ce dimanche, la dernière semaine du temps de Carême, la grande semaine sainte, qui nous donnera de vivre les grands moments de la fin de la vie terrestre de Jésus. Ce sera l’occasion pour nous de nous unir quotidiennement davantage à celui qui est au cœur de notre foi, Jésus, celui qui vient au nom du Seigneur. En ce premier jour de la semaine, nous avons comme un résumé de toute la semaine à venir, riche en émotions, en rebondissements et en occasion de se prononcer personnellement : suis-je proche de Jésus ou pas ? Est-ce que je le reconnais pour ce qu’il est ou est-ce que je veux un Jésus à ma façon, à ma portée. 

Tout commence plutôt bien, l’évangile proclamé en introduction de la célébration s’en est fait l’écho. Jésus entre à Jérusalem, acclamée par les foules présentes dans la ville pour les fêtes de la Pâque juive. Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur. Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux ! Est-ce vraiment ce que croit cette foule ou quelqu’un a-t-il lancé la phrase reprise ensuite par la foule comme un seul homme ? L’effet de groupe peut avoir ce résultat. Remarquons que Jésus ne s’en offusque pas ! Et à ceux qui lui demandent d’intervenir fermement – Réprimande tes disciples – il répond : Si eux se taisent, les pierres crieront. La vérité sur Jésus, sur son rapport à Dieu, ne peut plus être cachée maintenant. Son heure est venue ; cette semaine qui s’ouvre n’en marque que les premiers instants. A ceux qui, malgré les signes et les enseignements de Jésus, ont voulu rester aveugles et sourds, il est dit clairement et publiquement qu’ils ont eu tort. Le moment est venu où la vérité ne peut plus être tue. La foule, sans doute sans mesurer pleinement les implications de son chant, proclame qui est Jésus réellement : celui qui vient au nom du Seigneur Dieu. Avec la foule, nous pouvons nous réjouir ; avec la foule, nous pouvons acclamer Jésus qui entre à Jérusalem.

Si tout commence bien, il nous faut reconnaître aussi que tout fini mal. La liturgie de ce dimanche ne nous laisse pas sur cette liesse populaire. Elle nous montre aussi comment la même foule va, quelques jours plus tard, appeler à la mort de celui qu’elle vient d’acclamer. Elle change vite d’opinion, la foule ; c’est même sa plus grande caractéristique. Elle est manipulable, prête à croire n’importe quelle pseudo vérité proclamée par le plus fort en gueule, plutôt que de se rallier à celui qui est la vérité. C’était vrai jadis, c’est encore pire aujourd’hui, à l’heure des influenceurs multiples sur les réseaux sociaux. Les tweets ont remplacé les cris, mais le principe est le même. Celui qui parle le plus fort supprime ce qui n’est pas conforme à sa pensée ; il ne laisse plus l’autre exister ; tout le monde doit penser pareil. 

Est-ce que cela change Jésus ? Est-ce que cela change qui il est ? Non, il est et sera pour toujours celui qui vient au nom du Seigneur. De même qu’il ne se laisse pas embarquer lors de son entrée à Jérusalem à réclamer une royauté que pourtant la foule lui reconnaît, de même il ne criera pas au scandale ou au complot quand ses adversaires connaîtront leur heure et viendront l’arrêter, le juger, le condamner et l’exécuter. Jésus n’est pas venu pour être populaire ; il n’est pas venu pour plaire ; il est venu pour faire ce pour quoi son Père l’a envoyé : sauver le monde de la mort et du péché en offrant sa vie en sacrifice d’expiation. Nous ne pourrons jamais faire l’impasse sur cette réalité. Jésus n’est pas venu pour ressusciter ; il est venu pour offrir sa vie pour le salut du monde. La résurrection, c’est l’acte de Dieu qui valide le don de son Fils unique et l’établit comme Christ et Seigneur pour toute éternité. C’est la manière de Dieu le Père de dire à son Fils : Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi.  Ou encore de lui dire : Serviteur bon et fidèle, entre dans ma joie. Ceux qui attendaient un signe de Dieu au moment du procès ou de la crucifixion pour mettre un terme à ce procès d’opérette, vont découvrir qu’après l’heure de Jésus et après l’heure des adversaires de Jésus, il y a l’heure de Dieu, et cette heure ne finit pas ; et cette heure ne sera suivit d’aucune autre heure. En validant l’œuvre de son Fils par sa résurrection, Dieu étend ce salut à tous ceux qui désormais croiront que Jésus est celui qui est venu en son nom. Nous participons à cette heure de Dieu chaque fois que nous nous battons pour plus de vie ; nous participons à cette heure de Dieu quand nous nous battons pour plus de justice, plus de fraternité, plus de paix à cause de Jésus, venu offrir le salut au monde. 

Au cœur de toute vie chrétienne, il y a Jésus, celui qui est venu au nom du Seigneur. Au cœur de toute vie chrétienne, il y a cette exigence d’approfondir notre connaissance du Christ ; je rappelle à toutes fins utiles que, dans la bible, connaître, c’est déjà aimer. Notre grande semaine sainte veut nous amener à ceci : un plus grand amour de Jésus parce que nous connaîtrons mieux son œuvre de salut pour nous, collectivement et individuellement. Que nous le suivions de loin ou que nous le suivions de plus près, la seule chose qui compte en cette semaine, c’est de le suivre et de comprendre que Jésus ne sera jamais Dieu à notre manière, mais à la manière de celui qui l’a envoyé. Heureusement pour nous ! Amen.