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vendredi 18 avril 2025

Vendredi Saint - 18 avril 2025

Au coeur de toute vie chrétienne, il y a le Christ qui meurt pour nous. 







        Que célébrons-nous aujourd’hui ? Un accident de l’Histoire ? Quelque chose qui aurait pu, voire aurait dû être évité ? Lorsque l’on relit la longue histoire des chrétiens, il est un fait difficile à ignorer : la mort de Jésus passe mal ! De nombreuses hérésies ont cherché à contourner la mort de Jésus, car Dieu ne peut pas mourir ; le Christ, l’Oint de Dieu, ne peut pas être mort ; un autre a pris sa place au dernier moment, mystérieusement. Or, au cœur de toute vie chrétienne, il y a pourtant bien le Christ qui meurt pour nous. 

        Nous ne pouvons pas juste évacuer ce vendredi parce que ce qui se joue là est injuste, incroyable, pas raisonnable. Nous ne pouvons pas faire comme si ce n’était qu’un mauvais moment à passer en attendant l’essentiel : la résurrection. Non, il nous faut pleinement accepter, réellement accepter qu’aujourd’hui, en Jésus, Dieu meurt pour nous, Dieu meurt par amour pour nous. C’est tout le drame d’un Judas Iscariote qui ne peut accepter que celui qu’il a reconnu comme étant le Messie et qu’il a suivi durant trois ans de sa vie, ne puisse pas prendre le pouvoir et se montrer puissant. L’annonce de la mort de Jésus, son refus d’être un Messie à hauteur d’homme, vont le mener à la trahison. C’est le drame d’un Pierre qui n’assume pas le chemin que Jésus a choisi de suivre, celui de l’obéissance et de l’amour parfait. Lorsqu’il est interrogé sur son appartenance au groupe des disciples, il renie ; rien à voir avec celui qui va être condamné. C’est le drame des chefs du peuple, de Hanne et Caïphe, qui, pour se débarrasser d’un gêneur vont le mener à la mort, en refusant l’évidence : celui-ci est Fils de Dieu. L’idée même que Dieu puisse s’abaisser et se livrer aux hommes, acceptant le chemin douloureux qui mène au Golgotha, parce qu’il les aime et veut leur salut, est absurde au point qu’il est plus facile pour beaucoup de dire tout simplement que Dieu n’existe pas. Comment vivre en pensant que Dieu a donné sa vie pour toi ? Comment vivre en pensant que tu es peut-être responsable de la mort de Dieu ? 

        Faire l’impasse sur le vendredi saint ou le minimiser, c’est refuser le projet de Dieu pour l’humanité. Faire l’impasse sur le vendredi saint, c’est refuser de croire que Dieu est tout-puissant et plus puissant que la mort même. Faire l’impasse sur le vendredi saint, c’est croire qu’il n’y a pas d’issue à nos misères, à nos trahisons, à notre péché. Si Dieu ne meurt pas, il n’y a pas de résurrection possible. Si Dieu ne descend pas aux enfers, il n’y a pas de libération de la mort et du péché possible pour l’homme. C’est parce qu’il affronte la mort qu’il peut la vaincre. C’est parce qu’il descend au séjour des morts, qu’il peut en ramener l’homme. C’est parce qu’il s’abaisse, qu’il peut se relever et s’élever. C’est parce qu’il s’humilie, qu’il peut rendre à l’homme sa dignité. 

        La croix dressée est le signe d’un échec. Non pas de l’échec de Dieu, mais de l’échec de l’homme à se sauver lui-même. Seule la mort de l’Envoyé de Dieu peut apporter aux hommes le salut. Ce que Jésus a fait pour nous, personne ne l’a fait avant lui et personne ne le refera après lui. En se donnant entièrement, il a tout donné, il a donné l’amour le plus grand et le plus puissant possible. C’est cet amour qui nous vaut la vie. C’est cet amour qui nous vaut le salut. C’est cet amour qui peut remettre de la vie là où il n’y a que la mort. C’est cet amour qui peut remettre de l’espérance là où il n’y a qu’angoisse et désespérance. C’est cet amour qui peut remettre de l’amour là où il n’y a que de la haine. Nous ne comprendrons peut-être pas vraiment l’utilité de ce jour, mais nous pouvons en rendre grâce à Dieu, parce que ce jour marque le début de quelque chose de nouveau. Au pied de la croix, nous ne voyons peut-être qu’échec, souffrance et désolation. Jésus y voit un avenir possible. C’est pourquoi il confie au disciple bien-aimé sa mère. J’aime à croire que c’est dans cet échange rare et profond – Femme, voici ton fils ; voici ta mère – que Jean a appris à prendre de la hauteur et à regarder le monde et les événements avec le regard de Jésus dressé sur la croix. Au pied de la croix, il n’y a que peine et misère ; sur la croix, au-dessus des hommes, il y a le regard d’amour de Dieu sur ce monde qui le rejette et qui a, plus que jamais, besoin d’être aimé, malgré le mal et la souffrance qu’il provoque. 

        La grande prière universelle qui va suivre sera l’occasion d’ouvrir notre prière à toutes et à tous, quelle que soit leur foi, quelles que soient leur misère ou leurs difficultés. C’est parce que nous croyons que sur la croix Jésus offre le salut à tous les hommes, que nous portons toute l’humanité dans la prière, sachant que Dieu ne peut rester sourd à nos appels et qu’il peut toujours quelque chose pour chacun. Puis nous marcherons vers la croix de notre Sauveur, pour la reconnaître comme la source de notre salut et nous adorerons celui qui nous l’offre. Enfin nous partagerons son Corps livré pour qu’il vienne dilater notre cœur et notre vie à la mesure de son amour. Sur la croix, nous pouvons faire mourir nos manques de fraternité, nos manques de charité. Que ce vendredi devienne la certitude de l’amour de Dieu pour nous, lui qui n’a pas refusé son propre Fils pour effacer notre indignité et nous recevoir comme ses enfants. Amen. 


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