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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 28 juin 2025

Solennité de Saint Pierre et Saint Paul, Apôtres

 Célébrer Pierre et Paul pour célébrer la mission de l'Eglise.







 

C’est une grande joie de célébrer dans une même fête Pierre et Paul, tous deux Apôtres du Seigneur, et reconnus depuis les origines comme les colonnes de l’Eglise. Les célébrer ensemble, revient à célébrer l’Eglise dans ce qu’elle a de plus fondamentale : sa mission d’évangélisation, ou pour le dire clairement l’obligation qui lui est faite d’annoncer le Christ, mort et ressuscité pour le salut du monde. En les désignant comme les colonnes de l’Eglise, nous disons que toute la mission que le Christ a confié à ses Apôtres, s’appuie sur eux. Toute l’Eglise s’appuie sur ces deux-là pour ne jamais trahir sa mission.

 Cette mission est représentée dans la pierre à Rome sur la célèbre place qui porte le nom du chef des Apôtres. Il y a là deux statues, l’une de Pierre et l’une de Paul. Pierre pointe son doigt vers le sol, Paul, le sien vers l’horizon. Les romains facétieux traduisent cela ainsi : Pierre dit « Ici on fait la Loi » et Paul dit « C’est là-bas qu’on l’applique ». Plus sérieusement, ils nous rappellent que la mission de l’Eglise est ad intra et ad extra, pour l’intérieur et pour le vaste monde. Et nous ne pouvons pas choisir l’un ou l’autre. Nous ne pouvons pas jouer Pierre contre Paul. Il faut, comme le fait la solennité qui nous rassemble, les tenir ensemble, quand bien même il ne faisait pas toujours bon de les avoir sous le même toit.

 Pierre, c’est un authentique disciple de Jésus, au sens où il l’a suivi pendant tout son ministère. Il fait partie des premiers appelés et il est celui à qui Jésus a confié l’Eglise : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise… Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. La mission principale de Pierre, après Pâques, va être de conduire ce peuple qui va s’agrandissant à la suite du Ressuscité. Souvenez-vous d’un des évangiles du temps pascal, lorsque Jésus prend Pierre à part pour l’interroger par trois fois : Pierre, m’aimes-tu ? et de lui confier ensuite sa mission : Sois le berger de mes agneaux, sois le berger de mes brebis. La mission de Pierre est d’abord dirigée vers l’intérieur, vers l’Eglise. Il doit la guider et la conduire à la suite du Christ, à la rencontre de Dieu. Il doit faire son unité. Et ce ne sera jamais simple. Il suffit qu’un Saul de Tarse, persécuteur de chrétiens, se convertisse, pour que la jeune communauté croyante s’agite. Pierre saura écouter, discerner et aider la jeune communauté à comprendre que Saul de Tarse, qui ne sera bientôt connu que sous le nom de Paul, a bien reçu une mission du Seigneur Ressuscité. Selon le témoignage de Paul lui-même, ils se sont partagé la mission : à Pierre, les croyants d’origine juive, à Paul, le vaste monde païen à qui le Christ veut aussi se révéler.

Paul est aussi Apôtre, bien qu’il n’ait ni accompagné, ni même rencontré Jésus de son vivant. Le premier contact de Paul avec le Christ, c’était sur la route de Damas où il se rendait pour ramener dans la voie droite les juifs qui se sont égarés en croyants au Christ. Sur la route donc, Saul de Tarse est saisi par Jésus ressuscité et converti. Le zèle qu’il employait pour éradiquer cette voie nouvelle, il le mettra désormais au service de voie nouvelle. Il sera le premier à mettre des mots sur la foi chrétienne et à l’expliquer à ceux qui étaient loin même du judaïsme. Il est le premier théologien du christianisme. Ses voyages missionnaires l’auront conduit dans tout l’empire romain, soit la totalité du monde connu à son époque. Apôtre il l’est devenu non pas accompagnement de Jésus, mais par révélation du Christ lui-même.

Entre Pierre et Paul, il n’est pas possible à l’Eglise de choisir. Elle tient et de Pierre et de Paul. Sa mission est pour elle-même, pour fortifier la foi de ses fidèles, pour les inviter à se convertir vraiment au Christ qui a donné sa vie pour ses amis. Nous ne sommes pas meilleurs que les autres hommes ; nous avons à faire le choix du Christ chaque jour, dans chacune de nos activités, dans chaque moment de nos journées. C’est l’œuvre de Pierre qui se poursuit en elle aujourd’hui. Mais sa mission est aussi de veiller à répandre la Bonne Nouvelle du Christ, toujours et encore, parce que le salut obtenu par le Christ sur la croix, est salut pour tous les hommes, pas uniquement ceux qui l’ont connu avant, pas uniquement ceux qui croient en lui maintenant. Tout homme venant dans ce monde est destiné au salut, destiné à entendre la Parole de Dieu. Contrairement à ce qu’affirmait récemment un homme politique français, les chrétiens ne mettent pas de l’huile sur le feu quand ils font la promotion du Christ. Ils font ce pour quoi ils ont été appelés par Dieu au moment de leur baptême : révéler le Christ par des mots certes, mais aussi et surtout par un art de vivre marqué du sceau de l’Evangile. Cet art de vivre se traduit par notre charité à l’égard de tous ; cet art de vivre se traduit aussi par le désir du salut du monde. Et pour que le monde soit sauvé, il faut lui faire connaître le Christ, sans violence, sans contrainte, mais par l’exemple d’une vie entièrement tournée vers le Christ. C’est notre devoir de baptisés ; c’est notre droit de citoyen d’un pays qui ne reconnaît aucune religion mais permet à toutes de s’exprimer et de se vivre. Nous ne portons pas atteinte à la laïcité en osant parler du Christ ; nous ne portons pas atteinte à la laïcité en osant le proposer ; nous ne portons pas atteinte à la laïcité en vivant de lui, dans toutes les dimensions de notre vie, qu’elle soit privée ou publique. En proposant le Christ, nous faisons le pari de la liberté parce que chacun doit avoir la possibilité de se déterminer, seul et en conscience, pour ou contre le Christ. En proposant le Christ, nous faisons le pari de l’égalité parce que nul n’est trop ceci ou pas assez cela pour entendre l’Evangile du Christ ; sa parole de vie et d’amour est pour tous, de la même manière. En proposant le Christ, nous faisons enfin le pari de la fraternité véritable, fondée sur l’amour et le don de soi du Christ sur la croix pour que tous les humains soient reconnus comme frères et sœurs en humanité et se reconnaissent frères et sœurs en Christ.

Puisqu’en ce jour, nous honorons ces deux Apôtres et géants de la foi, revendiquons-nous de l’héritage de l’un et de l’autre. Que Pierre et Paul soient les colonnes de notre propre vie spirituelle, nous invitant à une conversion toujours plus pleine, et nous poussant à témoigner, sans complexe, de celui qui nous fait vivre et qui a encore des réserves de vie et d’amour pour celles et ceux qui ne le connaissent pas encore, mais qui peuvent le côtoyer à travers nous. Qu’à la prière de Pierre et de Paul, nous devenions des disciples missionnaires pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Amen.

dimanche 22 juin 2025

Fête du Corps et du Sang du Christ C - 22 juin 2025

 Adoration, communion : pourquoi les opposer ?



 

 

            Tout a commencé le 7 avril de cette année, dans la rubrique A vif, du journal La Croix. Un prêtre témoigne comment le pape Jean-Paul II a marqué des générations de prêtres dans le monde. Il dit entre autres : Jean-Paul II insistait sur la centralité de la prière dans la vie du prêtre. Ma génération cherche à développer une spiritualité, souvent nourrie par l’adoration eucharistique, une forte dévotion mariale et un attachement à la liturgie. Rien de révolutionnaire ni d’extravagant. Cela a pourtant entraîné des réactions de lecteurs interrogeant le positionnement de ce prêtre. Une personne par exemple s’interroge : Qu’est-ce qui est le plus important, la communion eucharistique – qui fait des fidèles le Corps du Christ pour qu’ils témoignent de l’amour de Dieu pour tous –, ou l’adoration eucharistique – pratique individualiste, qui n’est pas sans risque de déviance (fascination pour l’hostie, chosification de la présence réelle dans un morceau de pain) ? La fête du Corps et du Sang du Christ qui nous rassemble, est l’occasion toute trouvée pour éclaircir ce questionnement parce que justement, nous y ferons les deux : communier et adorer !

             Ma première réponse serait de dire : pourquoi opposer communion et adoration ? Parce que la première serait communautaire et la seconde individuelle ? Tout alsacien qui se respecte sait que l’adoration est aussi communautaire. Il peut en faire l’expérience chaque année lorsque son secteur est d’adoration au Mont Sainte Odile. Depuis 1931, les paroisses se relaient dans ce haut-lieu de la foi chrétienne en Alsace pour porter devant le Saint Sacrement exposé la prière pour l’Eglise diocésaine et pour le monde. Jour et nuit, nous nous relayons, deux par deux, pour assurer cette prière devant le Christ présent dans l’Hostie exposée. Est-ce dangereux que de vouloir être présent à Jésus ? Est-ce dangereux que de se mettre à l’écoute de Celui qui a livré sa vie pour notre salut ? Est-ce dangereux de se confier et de confier le diocèse et le monde à l’Amour exposé et adoré ? Je ne crois pas, sinon je n’y entrainerais pas des jeunes chaque année. Adorer le Saint Sacrement, c’est justement croire à cette présence continue du Christ qui nous stimule, stimule notre foi et nous tourne vers les autres. Nous venons devant lui, avec nos peines et nos joies, avec les visages de celles et ceux qui nous ont demandés de prier pour eux. Nous venons devant lui accueillir son amour, non pour le garder jalousement pour nous, mais pour le répandre et le transmettre. Adorer ne sert à rien si cela ne nous relie pas aux autres ; adorer ne sert à rien si cela nous replie sur nous-mêmes. Le « risque de déviance » existe, mais pas plus qu’avec la communion eucharistique !

             Si l’adoration est importante, la communion eucharistique l’est tout autant. Elle nous fait accueillir physiquement à travers ce Pain rompu et partagé, le Christ qui s’est livré pour nous. C’est le sens même voulu par Jésus : Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. Faire mémoire, c’est plus que simplement se souvenir ; c’est rendre ce sacrifice unique, contemporain à notre vie. Et ce faisant, nous redisons le cœur de notre foi en Jésus qui s’est livré pour nous et dont nous attendons le retour.  Nous avons entendu Paul l’expliquer aux chrétiens de Corinthe : Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez à cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. Le risque de chosifier le corps du Christ est tout aussi réel dans la communion que dans l’adoration. Je peux communier en ne pensant qu’à moi et à mon petit Jésus qui se livre pour moi, oubliant qu’il s’est livré pour la multitude ! Que la communion eucharistique construise le corps du Christ est une réalité à laquelle je crois, mais ce n’est pas pour autant que chacun en a conscience, ni même que chacun ait le désir de grandir dans l’Eglise et de la servir. La communion ne garantit pas davantage une ouverture et une attention aux autres. C’est toujours une question personnelle : est-ce que je reçois l’Hostie pour moi tout seul ou pour que le Christ nourrisse ma foi et me rende courageux sur le chemin de la mission, à la rencontre des frères et sœurs en humanité qu’il met sur ma route ?

             En cette solennité du Saint Sacrement, nous allons communier, non parce que nous l’avons mérité, mais pour redire notre attachement profond au Christ et notre désir de nous laisser envoyer par lui, dans le monde, pour y vivre notre foi. Il est le Pain qui nous fait vivre et nous met en relation avec lui et les autres. En cette solennité du Saint Sacrement, nous allons aussi processionner et prendre un temps d’adoration, à l’issue de la messe. Nous porterons le Christ au cœur de cette cité, au cœur de la vie des hommes et des femmes de notre temps. Ils nous regarderont ou pas ; ils apprécieront ou pas. Cela les concerne et ne nous empêchera pas de rappeler que l’homme, à cause de Jésus, vaut plus que ce qu’il pense, qu’il est appelé à une vie qui le dépasse et le fait grandir jusqu’à être capable d’assumer Dieu. Parce que oui, l’homme est capable de Dieu. Capable de l’accueillir dans sa vie par la communion ; capable de le laisser transformer sa vie par l’adoration. Communion et adoration nous rapprochent du Christ qui nous renvoie toujours vers nos frères et sœurs en humanité qui sont comme un reflet de sa présence à notre monde. La communion comme l’adoration nous renvoie vers l’humanité pour que nous la servions comme nous essayons de servir Dieu. Que cette solennité nous le fasse comprendre davantage. Amen.

 



dimanche 15 juin 2025

Très Sainte Trinité c - 15 juin 2025

Notre Dieu n'est pas un Dieu seul et solitaire.







 

            A peine sortis du temps pascal, nous allons, pendant deux dimanches, comme prolonger l’esprit de fête et l’approfondissement de la foi chrétienne. La fête de la Trinité qui nous réunit est l’obstacle majeur à un rapprochement avec les autres religions monothéistes. Leur argument principal : nous serions idolâtres et polythéistes. Nous attentons, avec cette affirmation que Dieu est UN en trois personnes, à l’unicité et la sainteté de Dieu. Autrement dit, le Dieu UN ne peut être que seul et solitaire.

             Autant le dire tout de suite : chrétiens, nous croyons au Dieu UN. C’est notre héritage judaïque d’abord. Nous partageons avec nos frères juifs, la foi en Dieu qui se révèle comme l’Unique. Avec les prophètes, nous redisons que Dieu est le seul Dieu, et qu’il n’y en a pas d’autres en face de lui. Il est le Dieu créateur de tout ce qui vit et Père de tous les hommes. Cela ne se discute pas. Et nous voyons bien, dans l’Ancien Testament, comment ce Dieu qui s’est révélé d’abord comme le Dieu d’un peuple particulier qu’il avait choisi, devient peu à peu le Dieu de tous les hommes. Israël est le peuple particulier de Dieu pour que les nations païennes, voyant Israël vivre avec le Dieu UN, soient séduites et choisissent de rejoindre le peuple que Dieu se donne. Les prophètes du retour d’exil ont cette certitude que Dieu appelle toutes les nations à s’unir autour de lui. C’est notre foi la plus profonde. Nous avons entendu, dans la première lecture, comment la Sagesse (autre nom de l’Esprit Saint) et Dieu ne font qu’un. A toutes les étapes de la création, la Sagesse est présente et fait la joie de Dieu : Je grandissais à ses côtés. Je faisais ses délices jour après jour, jouant pour lui à tout moment, jouant dans l’univers, sur sa terre, et trouvant mes délices avec les fils des hommes. Un Dieu en deux êtres distincts : le Créateur et l’Esprit du Créateur qui va à la rencontre des hommes pour qu’ils puissent connaître Dieu.

             Dans l’Evangile, Jésus, le Fils éternel du Père, atteste bien de la dimension trinitaire du Dieu UN. Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Le Père et le Fils ne font qu’un, ce qui est à l’un est à l’autre ; et l’Esprit se joint à eux, dans cette unité, pour faire connaître Dieu et sa Parole aux hommes. Si Dieu ne se révèle pas, comment les hommes le connaîtraient-ils ? Si Dieu n’est pas relation en lui-même, comment serait-il relation avec les hommes ? Si Dieu n’est pas relation d’amour en lui-même, comment l’amour de Dieu se communiquerait-il aux hommes ? Si Dieu était seul et solitaire, il n’engagerait pas sa vie avec l’humanité. Il resterait seul et solitaire. Et les hommes n’auraient aucun modèle valable pour les élever, les pacifier, les inviter à aimer plus que tout. L’amour solitaire est un amour replié sur soi, et non pas ouvert aux autres. C’est bien parce que le Père aime son Fils Jésus et qu’ils sont unis par le lien d’amour de l’Esprit Saint, que cet amour de Dieu peut nous être communiqué. Si Dieu n’est pas en lui-même amour vécu et partagé, les hommes n’apprendront pas de lui à être, à leur tour, amour vécu et partagé. Heureusement que Dieu est UN en trois personnes, s’aimant d’un amour absolu et éternel. Il permet ainsi aux hommes de comprendre la grandeur de l’amour quand il est partagé. Il est un exemple humain qui nous fait comprendre la Trinité : le mariage. L’homme et la femme, qui se sont librement choisis pour vivre ensemble, dans l’amour, ne font plus qu’un, tout en restant deux personnes distinctes. Ils partagent un amour qui les unit, mais ont chacun leur manière d’être présent au monde, qui les reconnaît différents, mais unis dans un même amour. Cette certitude vient de la foi en Dieu UN et Trine. Un seul Dieu qui a choisi différentes manières d’être présent au monde. Il est le Père de tous qui envoie son Fils en messager de sa Parole unique. Je ne dis rien de moi-même, dira Jésus ; ce que je dis, je l’ai entendu de mon Père. Et l’Esprit confirme, répand et fait comprendre cette Parole donnée par le Fils, dite à lui par le Père. Ils sont UN, ces trois-là, unis dans un même amour, unis dans une même divinité. Rien ne sépare le Père du Fils et de l’Esprit.

             Pour les chrétiens, célébrer la Trinité, c’est célébrer la grandeur et la bonté de Dieu qui se révèle à nous selon ce que nous pouvons recevoir et porter. Cette révélation de Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, est la pédagogie choisie par Dieu pour nous faire comprendre à quel point il nous aime, à quel point il est engagé définitivement avec toute l’humanité. Rien n’est impossible à Dieu. Il n’est pas Dieu seul et solitaire, mais Dieu de relation et d’amour, en lui et avec nous. Et c’est parce qu’il nous aime comme il aime son Fils, que nous devenons, à notre tour, fils et filles de Dieu, unis à lui par l’Esprit que le Fils a promis et qui a été répandu à la Pentecôte. Croyants au Dieu UN, il nous est impossible de renoncer à la foi en la Très Sainte Trinité, le Dieu Père, Fils et Esprit Saint, sauf à vouloir courir le risque de ne plus nous savoir aimés d’un amour plus fort que la mort, aimés d’un amour qui est allé jusqu’à la mort pour notre salut et pour le salut de tous les hommes. Ce qu’à Dieu ne plaise. Amen. 


lundi 9 juin 2025

Pentecôte - 08 juin 2025

 Pâques, l'expérience de la vie dans l'Esprit Saint.






 

            Aujourd’hui s’achève le temps de Pâques. Durant cinquante jours, nous avons approfondi ce mystère pascal à travers les différentes expériences qu’il nous propose de vivre. Avec la Pentecôte et le don de l’Esprit Saint, nous découvrons que le mystère de Pâques se poursuit dans notre vie quotidienne, car Pâques, c’est aussi l’expérience de la vie dans l’Esprit Saint, donné pour faire de nous d’authentiques disciples du Ressuscité, capables de rendre compte de l’originalité de la foi chrétienne.

            Lorsque nous lisons les évangiles qui relatent la vie des disciples à partir du matin de Pâques et que nous ouvrons le livre des Actes des Apôtres, nous pouvons presque pousser un ouf de soulagement quand vient le jour de la Pentecôte. Tout change avec cet événement singulier : un violent coup de vent, des langues qu’on aurait dites de feu qui se partageaient et se posèrent sur chaque Apôtre. Vous aurez noté que Luc ne parle pas de flamme, mais bien de langues de feu. La conséquence est immédiate : les bouches s’ouvrent, les langues se délient, la Bonne Nouvelle est annoncée. Chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit, si bien que chacun qui les écoute, les entend dans son propre dialecte, sa langue maternelle. Nous comprenons immédiatement ce que Jésus disait au soir de sa mort quand il affirmait à ses disciples que l’Esprit Saint que le Père enverra en [son] nom enseignera tout et il [nous] fera souvenir de tout ce que [Jésus nous a] dit. C’est la première conséquence d’une vie dans l’Esprit Saint : nous comprenons la Bonne Nouvelle et nous sommes capables de la répandre, de la dire à notre tour. 

            Nous pouvons alors faire un pas de plus et entendre ce que dit Paul aux chrétiens de Rome. L’Esprit Saint nous libère de l’emprise de la chair. Il nous fait vivre selon l’esprit du Christ. Vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Nous avons donc en nous, par le don de l’Esprit, toute la force nécessaire pour rester ce que nous sommes devenus par la mort et la résurrection du Christ : des fils et des filles de Dieu. L’Esprit [nous] fait vivre de la vie même de Dieu. Et cela ouvre notre espérance de vivre désormais pour toujours avec Dieu, mais si la mort limitera toujours notre passage sur terre. Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. La vie dans l’Esprit, c’est la vie dans cette espérance de vivre pour toute éternité avec Dieu et en Dieu, parce que le Christ, mort et ressuscité, vit en nous. La conséquence de cette vie dans l’Esprit, c’est le rejet, par tout croyant, de tout ce qui conduit au mal et à la mort. Croire en Dieu, c’est refuser de vivre dans le mal. Croire en Dieu, c’est refuser de rendre le mal pour le mal. Il n’est pas possible de dire, sous la conduite de l’Esprit Saint, que Dieu est notre Père, et en même temps de continuer à répandre le mal, le mensonge, la haine… Vivre dans l’Esprit, c’est aligner toute notre vie, nos paroles et nos actes, sur l’enseignement de Jésus donné dans l’Evangile.

            Un dernier mot concernant l’Esprit Saint. Il n’est pas donné pour nous accuser si d’aventure nous tombions malgré tout sur le chemin. Il n’est pas donné pour nous condamner. Il est donné pour prendre soin de nous. Il est notre Défenseur ; c’est ainsi que Jésus l’appelle, et non pas notre procureur. Il est le feu qui ravive en nous le désir de vivre selon notre baptême ; il est la force qui nous relève lorsque nous succombons à la tentation ; il est le vent qui nous pousse lorsque le chemin se fait difficile ; il est la lumière qui éclaire nos décisions ; il est l’huile qui assouplit nos relations ; il est le parfum agréable de la présence permanente de Dieu dans notre vie. Quand l’Esprit vous saisit, ne luttez pas contre lui, mais luttez avec lui et votre vie sera belle, et votre vie aura un avenir radieux.

            En cette fête de la Pentecôte, que l’Esprit renouvelle notre manière d’être disciples du Christ, pour qu’à travers nous, il puisse renouveler la face de ce monde qui en a bien besoin, dans les crises successives qu’il connaît. Invoquons chaque jour sa présence à notre monde, à notre vie, pour que nous puissions vivre cette expérience d’une vie dans l’Esprit Saint. Que notre prière quotidienne nous fasse implorer sa présence : Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière. Amen.