Bonne nouvelle année liturgique !
Bonne nouvelle année liturgique à
toutes et à tous ! Ben oui, quoi. Si dimanche dernier, la fête du Christ Roi
clôturait l’année liturgique, c’est ce dimanche que commence la nouvelle. Pas
lundi dernier, mais ce premier dimanche après le Christ Roi. Parce que c’est
bien le dimanche qui compte pour les chrétiens, ce jour où nous faisons mémoire
de la mort et de la résurrection du Christ. Nous ouvrons à nouveau le livre de
la Parole de Dieu, avec d’autres extraits et surtout un autre évangile, celui
de Matthieu. Certains pourraient se dire : j’étais déjà là, il y a trois
ans. J’ai été fidèle tout au long de cette année-là. L’évangile de Matthieu, je
l’ai entendu. Ai-je vraiment besoin de recommencer ? Une fois que j’ai
vécu un cycle liturgique, j’ai tout fait ; pourquoi revenir ?
La raison première, c’est qu’en trois ans, les choses ont changé. Oh, pas la Parole de Dieu, ni l’Ancien Testament, ni le Nouveau. Personne n’a réécrit l’Evangile de Matthieu en en modifiant fondamentalement le sens. Il n’y a pas eu de découverte qui ferait dire : nous nous sommes trompés dans l’interprétation des textes de Matthieu ; il faut tout reprendre. Non rassurez-vous, personne ne nous a changé la Bible. Mais quelque chose a bien changé, ou plutôt quelqu’un, et je ne parle pas ici de notre nouveau curé. Non, celui qui a changé, c’est toi, toi, et elle, et lui, et moi. Nous avons tous trois ans de plus, et donc de la sagesse en plus, de l’expérience en plus. Et à cause de cela, la manière dont nous entendrons à nouveau les mêmes textes qu’il y a trois ans, peut changer. Et j’en suis même certain, si nous avons pris au sérieux les paroles venues de Dieu, entendues au cours des trois dernières années. Parce que j’ai l’intime conviction que la Parole de Dieu nous change, nous fait grandir, nous fait relire le monde et ses événements différemment. Chacun de nous sait ouvrir une Bible ; il n’y a aucun exploit dans cette chose. Chacun de nous sait lire un texte biblique ; il n’y aucun exploit dans cette chose non plus. Quiconque sait lire une BD ou un journal, sait lire la Bible. Cependant, ce que chacun ne sait pas forcément faire tout seul, c’est bien comprendre ce qu’il lit. C’est pour cela aussi que nous nous rassemblons chaque dimanche ; pas uniquement pour recevoir le Corps du Christ, mais pour faire vivre ce Corps du Christ qu’est l’Eglise, donc un peu chacun de nous, à la lumière de la Parole proclamée et expliquée.
Dans
cette Parole entendue, Dieu est présent et se révèle, en fonction de ce que chacun
est capable de comprendre et d’assimiler. Il a une manière simple de le
vérifier : il suffirait à la fin de chaque messe de vous réunir à quelques-uns
pour échanger rapidement ce que vous avez compris des lectures du jour ;
il y aura forcément des différences entre vous. Et il y a une méthode très
simple pour que chacun puisse vérifier personnellement que sa manière de
comprendre les lectures du dimanche change ; il suffirait de tenir un
petit journal en y transcrivant après la messe, ce qu’il a compris des lectures
et de faire cet effort sur six ans, c'est-à-dire deux cycles liturgiques
complets et de comparer lors du deuxième cycle, ce que vous avez écrit avec ce
que vous aviez relevé lors du premier cycle. La différence ne sera pas
seulement due au changement de prédicateur, mais bien à cette présence
agissante de Dieu dans votre vie, qui vous fait grandir dans son amitié et dans
son amour. Plus nous allons à la rencontre du Seigneur, plus nous grandissons
dans la connaissance de sa Parole et de l’alliance qu’il veut nouer avec chacun
de manière particulière. Paul a bien raison de nous rappeler que le salut
est plus près de nous maintenant qu’à l’époque où nous sommes devenus croyants.
Cela est vrai parce que le temps s’écoule lentement mais sûrement vers la
récapitulation de l’histoire en Christ ; mais cela est vrai aussi parce
que notre fréquentation de la Parole de Dieu nous la rend plus familière, plus
facile d’accès et que nous comprenons mieux ce salut que le Christ nous
propose.
Jésus l’affirme avec force dans l’évangile de ce dimanche : Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. La Parole de Dieu nous assure juste que ce retour aura lieu. Et si l’histoire de Noé nous semble bien vieille et bien lointaine, la situation n’a pas beaucoup changé. Il y a ceux qui seront sauvés et il y aura les autres. Parce que même si le projet de Dieu est de sauver tout le monde, il ne sauvera personne malgré lui ou contre lui. Veiller, ce n’est donc pas rester tranquillement chez soi en attendant ce jour, en limitant les risques de mal faire, mais c’est vivre activement, dans notre monde, à l’âge qui est le nôtre, à toujours mieux connaître ce Christ qui vient à notre rencontre, à toujours mieux faire sa volonté, à toujours être davantage frères et sœurs de celles et ceux que Dieu met sur notre route. Ne faisons pas à notre tour l’erreur de nos ancêtres au temps de Noé. En cette nouvelle année liturgique, je forme le vœu que l’écoute attentive de la Parole de Dieu, et sa compréhension approfondie par l’expérience acquise, nous garde éveillés, dans l’attente joyeuse de la venue de notre Seigneur. Amen.

