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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 29 novembre 2025

1er dimanche de l'Avent A - 30 novembre 2025

Bonne nouvelle année liturgique ! 





 

            Bonne nouvelle année liturgique à toutes et à tous ! Ben oui, quoi. Si dimanche dernier, la fête du Christ Roi clôturait l’année liturgique, c’est ce dimanche que commence la nouvelle. Pas lundi dernier, mais ce premier dimanche après le Christ Roi. Parce que c’est bien le dimanche qui compte pour les chrétiens, ce jour où nous faisons mémoire de la mort et de la résurrection du Christ. Nous ouvrons à nouveau le livre de la Parole de Dieu, avec d’autres extraits et surtout un autre évangile, celui de Matthieu. Certains pourraient se dire : j’étais déjà là, il y a trois ans. J’ai été fidèle tout au long de cette année-là. L’évangile de Matthieu, je l’ai entendu. Ai-je vraiment besoin de recommencer ? Une fois que j’ai vécu un cycle liturgique, j’ai tout fait ; pourquoi revenir ?

            La raison première, c’est qu’en trois ans, les choses ont changé. Oh, pas la Parole de Dieu, ni l’Ancien Testament, ni le Nouveau. Personne n’a réécrit l’Evangile de Matthieu en en modifiant fondamentalement le sens. Il n’y a pas eu de découverte qui ferait dire : nous nous sommes trompés dans l’interprétation des textes de Matthieu ; il faut tout reprendre. Non rassurez-vous, personne ne nous a changé la Bible. Mais quelque chose a bien changé, ou plutôt quelqu’un, et je ne parle pas ici de notre nouveau curé. Non, celui qui a changé, c’est toi, toi, et elle, et lui, et moi. Nous avons tous trois ans de plus, et donc de la sagesse en plus, de l’expérience en plus. Et à cause de cela, la manière dont nous entendrons à nouveau les mêmes textes qu’il y a trois ans, peut changer. Et j’en suis même certain, si nous avons pris au sérieux les paroles venues de Dieu, entendues au cours des trois dernières années. Parce que j’ai l’intime conviction que la Parole de Dieu nous change, nous fait grandir, nous fait relire le monde et ses événements différemment. Chacun de nous sait ouvrir une Bible ; il n’y a aucun exploit dans cette chose. Chacun de nous sait lire un texte biblique ; il n’y aucun exploit dans cette chose non plus. Quiconque sait lire une BD ou un journal, sait lire la Bible. Cependant, ce que chacun ne sait pas forcément faire tout seul, c’est bien comprendre ce qu’il lit. C’est pour cela aussi que nous nous rassemblons chaque dimanche ; pas uniquement pour recevoir le Corps du Christ, mais pour faire vivre ce Corps du Christ qu’est l’Eglise, donc un peu chacun de nous, à la lumière de la Parole proclamée et expliquée.

Dans cette Parole entendue, Dieu est présent et se révèle, en fonction de ce que chacun est capable de comprendre et d’assimiler. Il a une manière simple de le vérifier : il suffirait à la fin de chaque messe de vous réunir à quelques-uns pour échanger rapidement ce que vous avez compris des lectures du jour ; il y aura forcément des différences entre vous. Et il y a une méthode très simple pour que chacun puisse vérifier personnellement que sa manière de comprendre les lectures du dimanche change ; il suffirait de tenir un petit journal en y transcrivant après la messe, ce qu’il a compris des lectures et de faire cet effort sur six ans, c'est-à-dire deux cycles liturgiques complets et de comparer lors du deuxième cycle, ce que vous avez écrit avec ce que vous aviez relevé lors du premier cycle. La différence ne sera pas seulement due au changement de prédicateur, mais bien à cette présence agissante de Dieu dans votre vie, qui vous fait grandir dans son amitié et dans son amour. Plus nous allons à la rencontre du Seigneur, plus nous grandissons dans la connaissance de sa Parole et de l’alliance qu’il veut nouer avec chacun de manière particulière. Paul a bien raison de nous rappeler que le salut est plus près de nous maintenant qu’à l’époque où nous sommes devenus croyants. Cela est vrai parce que le temps s’écoule lentement mais sûrement vers la récapitulation de l’histoire en Christ ; mais cela est vrai aussi parce que notre fréquentation de la Parole de Dieu nous la rend plus familière, plus facile d’accès et que nous comprenons mieux ce salut que le Christ nous propose.

Jésus l’affirme avec force dans l’évangile de ce dimanche : Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. La Parole de Dieu nous assure juste que ce retour aura lieu. Et si l’histoire de Noé nous semble bien vieille et bien lointaine, la situation n’a pas beaucoup changé. Il y a ceux qui seront sauvés et il y aura les autres. Parce que même si le projet de Dieu est de sauver tout le monde, il ne sauvera personne malgré lui ou contre lui. Veiller, ce n’est donc pas rester tranquillement chez soi en attendant ce jour, en limitant les risques de mal faire, mais c’est vivre activement, dans notre monde, à l’âge qui est le nôtre, à toujours mieux connaître ce Christ qui vient à notre rencontre, à toujours mieux faire sa volonté, à toujours être davantage frères et sœurs de celles et ceux que Dieu met sur notre route. Ne faisons pas à notre tour l’erreur de nos ancêtres au temps de Noé. En cette nouvelle année liturgique, je forme le vœu que l’écoute attentive de la Parole de Dieu, et sa compréhension approfondie par l’expérience acquise, nous garde éveillés, dans l’attente joyeuse de la venue de notre Seigneur. Amen. 

samedi 22 novembre 2025

Le Christ, Roi de l'univers C - 23 novembre 2025

 Sommes-nous à la hauteur d'un tel roi ?




(Statue du Christ Roi, Swiebodzin, Pologne)




 

 

            La solennité du Christ, roi de l’univers, clôt notre année liturgique. Depuis le premier dimanche de l’Avent, 01er décembre 2024 jusqu’à aujourd’hui, nous avons relu et médité la vie et le message du Christ à travers la compréhension qu’en avait l’évangéliste Luc. En ce dernier dimanche, l’Eglise nous invite à contempler le Christ que Luc nous a présenté, à travers cet extrait singulier de la Passion qu’on ne trouve que chez lui : Jésus en croix et son dialogue avec l’un des malfaiteurs crucifiés avec lui, plus connu sous le titre de Jésus et le bon larron. La royauté du Christ s’exprime là, sur la croix, et pas à cause de l’humiliante couronne d’épines qui orne son front. La première question qui se pose alors est : les gens étaient-ils prêts à accueillir ce roi ?

            D’évidence, la réponse est non. En-dehors du bon larron, tous se moquent de Jésus : Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Elu ! ou encore Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! Et enfin la réplique d’un des malfaiteurs : N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! Une dernière bravade de la part d’un mourant qui ne croit ni en Dieu, ni en diable probablement. Pour ce bandit, comme pour les soldats romains et les chefs du peuple juif, un roi, c’est quelqu’un de fort, quelqu’un qui lève des armées pour se défendre et non pas quelqu’un qui meurt misérablement de la mort du dernier des humains, exposé nu à la vue de tous les passants. Pour bien comprendre, il faut relire ici le début de la royauté en Israël, à la fin de la vie du prophète Samuel. L’histoire est racontée au premier livre de Samuel, au chapitre 8, 4-22.

Tous les anciens d’Israël se réunirent et vinrent trouver Samuel à Rama. Ils lui dirent : « Tu es devenu vieux, et tes fils ne marchent pas sur tes traces. Maintenant donc, établis, pour nous gouverner, un roi comme en ont toutes les nations. » Samuel fut mécontent parce qu’ils avaient dit : « Donne-nous un roi pour nous gouverner », et il se mit à prier le Seigneur. Or, le Seigneur lui répondit : « Écoute la voix du peuple en tout ce qu’ils te diront. Ce n’est pas toi qu’ils rejettent, c’est moi qu’ils rejettent : ils ne veulent pas que je règne sur eux. Tout comme ils ont agi depuis le jour où je les ai fait monter d’Égypte jusqu’à aujourd’hui, m’abandonnant pour servir d’autres dieux, de même agissent-ils envers toi. Maintenant donc, écoute leur voix, mais avertis-les solennellement et fais-leur connaître les droits du roi qui régnera sur eux. » Samuel rapporta toutes les paroles du Seigneur au peuple qui lui demandait un roi. Et il dit : « Tels seront les droits du roi qui va régner sur vous. Vos fils, il les prendra, il les affectera à ses chars et à ses chevaux, et ils courront devant son char. Il les utilisera comme officiers de millier et comme officiers de cinquante hommes ; il les fera labourer et moissonner à son profit, fabriquer ses armes de guerre et les pièces de ses chars. Vos filles, il les prendra pour la préparation de ses parfums, pour sa cuisine et pour sa boulangerie. Les meilleurs de vos champs, de vos vignes et de vos oliveraies, il les prendra pour les donner à ses serviteurs. Sur vos cultures et vos vignes il prélèvera la dîme, pour la donner à ses dignitaires et à ses serviteurs. Les meilleurs de vos serviteurs, de vos servantes et de vos jeunes gens, ainsi que vos ânes, il les prendra et les fera travailler pour lui. Sur vos troupeaux, il prélèvera la dîme, et vous-mêmes deviendrez ses esclaves. Ce jour-là, vous pousserez des cris à cause du roi que vous aurez choisi, mais, ce jour-là, le Seigneur ne vous répondra pas ! » Le peuple refusa d’écouter Samuel et dit : « Non ! il nous faut un roi ! Nous serons, nous aussi, comme toutes les nations ; notre roi nous gouvernera, il marchera à notre tête et combattra avec nous. » Samuel écouta toutes les paroles du peuple et les répéta aux oreilles du Seigneur. Et le Seigneur lui dit : « Écoute-les, et qu’un roi règne sur eux ! » 

            Je ressens toujours la solitude du prophète qui veut rester fidèle à Dieu et la résignation de Dieu devant ce peuple qu’il a libéré d’Egypte et qui semble faire une crise d’adolescence : Il nous faut un roi ! Nous serons, nous aussi, comme toutes les autres nations. Mais le peuple que Dieu s’est donné n’a pas vocation à être comme les autres ; il est le peuple particulier de Dieu, celui que Dieu a choisi parmi tous les peuples de la terre. Mais ce peuple ne veut plus de ce roi, et Dieu en est conscient : ils ne veulent pas que je règne sur eux. Le portrait du roi humain, fait par le prophète, aurait dû les ramener à la raison, mais non : Il nous faut un roi ! Vu de près, c’est une rébellion ; vu de loin, une décision stupide comme seuls les humains en ont le secret. En rejetant Dieu et sa Sagesse, ils font le choix de l’arbitraire, le choix du pouvoir corrompu, le choix d’une fausse liberté. Les humains veulent des rois à leur taille, à leur image, quitte à les raccourcir d’une tête, s’ils ne conviennent plus. Milles rois corrompus semblent préférables à un roi juste, fidèle et aimant. L’histoire de ce peuple va désormais se confondre avec les turpitudes de ceux qui seront établis roi en Israël. Le peuple n’était pas à la hauteur de Dieu ; ses rois successifs, à quelques exceptions près, ne seront pas à la hauteur du peuple que Dieu leur confie. L’histoire ne pouvait que mal finir. Quand le peuple n’est pas à la hauteur de son roi, il s’en choisit un, semblable à lui en toutes choses, y compris le péché, et rejette le roi qui lui était semblable en toutes choses, à l’exception du péché.

Une autre question se pose alors, et elle nous concerne : c’est quoi, être à la hauteur de ce roi élevé de terre sur la croix ? Luc a cherché de nous le faire comprendre au long des pages de son Evangile, à partir des textes qui lui sont propres. C’est être prêt, comme Marie, à accueillir l’inattendu de Dieu et célébrer la grandeur de Dieu comme elle le fait dans le Magnificat : Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! C’est discerner les merveilles de Dieu toujours à l’œuvre, comme le fait le vieux Zacharie quand il chante le Benedictus : Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, qui visite et rachète son peuple. Il a fait surgir la force qui nous sauve dans la maison de David, son serviteur, comme il l’avait dit par la bouche des saints, par ses prophètes, depuis les temps anciens. C’est avoir la simplicité des bergers qui se rendent à la crèche et s’émerveillent devant l’Enfant nouveau-né : Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaîtreAprès avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. C’est reconnaître en Jésus le Messie promis par Dieu depuis des siècles comme le fait le vieillard Syméon qui entonne le Nunc dimittis : Maintenant au Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole, car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples… C’est savoir faire preuve de miséricorde comme nous l’enseigne la parabole du fils prodigue : Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! Je pourrai continuer longtemps encore la relecture de l’œuvre de Luc. Il nous dévoile, récit après récit, la royauté du Christ qui culmine là, sur la croix dans ce aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis. Pas une plainte pour ce qui lui arrive ; pas un reproche à celui qui reconnaît le mal qu’il a fait. 

La dernière question qui se pose alors est la plus personnelle à chacun de nous : je n’y répondrai pas, parce que ma réponse, comme votre réponse, n’est que pour Dieu : sommes-nous aujourd’hui davantage à la hauteur de ce roi livré par amour pour nous ? Quelle est notre marge de progrès dans un amour qui se devrait d’être réciproque ? Que notre communion au Corps du Christ nous donne d’être toujours plus à la hauteur de ce roi livré, humilié, abandonné, crucifié, mais qui pourtant ne pense qu’à nous, n’aime que nous, ne vit que pour nous. Sa vie est donnée pour notre vie et pour la vie de chacun. En cela, il est et sera pour toujours le Christ, le Roi de l’univers. Amen.

samedi 15 novembre 2025

33ème dimanche ordinaire C - 16 novembre 2025

 Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu.





(Foi, espérance et charité, Source Pinterest)



 

 

            La fin de l’année liturgique approche, et déjà nous sont donnés à entendre des textes de type apocalyptique, non pas pour nous effrayer, mais pour nous faire entrer dans la révélation des fins dernières. Ne l’oublions pas, en effet : l’histoire de l’humanité aura une fin. Peu importe quand, peu importe comment. Ce qui compte pour nous, c’est d’intégrer cette fin et de vivre chaque jour dans cette perspective ultime : le Seigneur va revenir, notre espérance n’est pas vaine, notre salut est proche.

            L’évangile de Luc, au-delà des catastrophes annoncées, nous invite à la confiance, car, dit Jésus, pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. Pour rassurer ceux qui rencontrent quelques difficultés capillaires, comprenez que pas un cheveu de votre tête n’est tombé pour rien. Personne ne maîtrise totalement ce qui lui arrive, mais le Seigneur nous assure que lui, il veille, même sur le moindre de nos cheveux. Rappelons-nous toujours que nous avons du prix pour Dieu, et que son projet pour nous ne comprend pas notre perte ; son projet pour nous est un projet de salut, intégral. Nous serons sauvés corps et âme. Il nous faut rejeter Platon et Socrate qui pensaient que le corps était un tombeau pour l’âme, tombeau duquel elle devait se libérer. L’homme est corps, âme et esprit, et c’est tout cela qui sera sauvé : Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. D’où vient alors la crainte des fins dernières ?

            Peut-être principalement d’une mauvaise interprétation des textes et d’une prédication destinée à faire peur à certaines époques, il faut bien le reconnaître. Ensuite, le seul fait que les textes parlent de catastrophes ne nous incitent guère à la confiance. Personne n’aime les temps difficiles ; personnes n’aiment les catastrophes, fussent-elles naturelles ; personne n’aime les guerres et les persécutions. Si les textes convoquent ainsi nos grandes peurs, est-ce pour nous dire que cela arrivera réellement ou plutôt pour nous dire que même nos plus grandes peurs ne doivent pas effacer notre espérance ? L’affirmation de Jésus : C’est par votre persévérance que vous garderez la vie, m’incite à pencher pour cette seconde hypothèse. L’annonce de ces catastrophes doit renforcer notre foi en la puissance de Dieu, renforcer notre espérance du salut réalisé par Jésus mort et ressuscité pour nous. Puisque Jésus est vainqueur de la mort et du péché, nous avons notre victoire en lui si nous nous attachons à lui dans la foi et vivons de lui dans une réelle charité. N’est-ce pas la promesse ancienne du prophète Malachie : Pour vous qui craignez mon nom, le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement. 

        Les fins dernières, plutôt que de nous inquiéter, doivent nous stimuler dans un art de vivre conforme à l’Evangile du salut proclamé par Jésus Christ. Faut-il rappeler que Foi, Espérance et Charité sont les vertus théologales, c'est-à-dire les vertus qui nous tendent vers Dieu, parce que, justement, elles viennent de Lui. Personne ne vit de foi, d’espérance et de charité de sa propre initiative. Ces vertus sont le fruit de l’accueil de la grâce de Dieu dans notre vie. Elles nous permettent de lutter contre leurs opposés que sont les vices de l’incrédulité, de la désespérance et de la haine. La célébration de l’eucharistie est le sacrement qui nous permet le mieux de lutter contre eux, parce qu’elle nous fait célébrer le cœur de notre foi – Jésus qui se donne dans son corps et son sang pour notre vie – ; proclamer notre espérance dans l’anamnèse – Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus, nous proclamons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire – et enfin nous invite à vivre dans la charité en nous renvoyant chez nous, à la rencontre de nos frères et sœurs en humanité – Allez en paix, glorifiez le Seigneur par votre vie.

            Que notre célébration de l’eucharistie dominicale nous maintienne dans la foi au Christ mort et ressuscité ; qu’elle renforce notre espérance dans le salut qu’il nous offre ; qu’elle nous fasse vivre une véritable charité envers tous ceux que Dieu met sur notre route. Ainsi nous avancerons avec confiance dans notre vie, et nous parviendrons au Royaume où Dieu nous attend. Avec lui, nous nous réjouirons ; avec lui, nous vivrons pour toute éternité. Amen.   

samedi 8 novembre 2025

Dédicace de la Basilique du Latran - 9 novembre 2025

Vous êtes la maison que Dieu construit. 




(Chaire papale- Saint Jean de Latran)



 

            Vous êtes une maison que Dieu construit. Cette affirmation de Paul, dans sa première lettre aux Corinthiens, dit bien la réalité de l’Eglise, peuple rassemblé par Dieu en une seule et même famille, une seule et même maison. En ce jour où nous célébrons la dédicace (l’anniversaire de la consécration) de la basilique du Latran, à Rome, il est bon de nous souvenir que nous sommes tous, par notre baptême, membre d’un même corps, membre d’un même édifice.

            Vous êtes une maison que Dieu construit. La basilique du Latran est le premier signe visible de cette maison que Dieu construit, parce qu’elle est la cathédrale du Pape en tant qu’évêque de Rome. Au fronton de la basilique sont écrits ces mots : Mère et tête de toutes les églises de la ville et du monde. Autrement dit, tout part de là ; tout existe à cause de cette Mère et tête. Même nos petites paroisses de la campagne alsacienne n’existent que parce qu’existe saint Jean de Latran. Certes, ce n’est pas l’évêque de Rome qui a ouvert ou construit nos églises, mais en étant le premier parmi ses pairs (primus inter pares), en ayant la responsabilité de nommer les évêques, l’occupant des lieux permet à la foi catholique de se répandre, de se structurer, de vivre et de faire vivre. Depuis l’empereur Constantin, qui a fait don à l’Eglise du domaine pour y construire la basilique, le baptistère et le palais, jusqu’à nous, c’est de là, de ce lieu symbolique et structurant, que tout est parti, que tout part encore. Si elle est la mère de toutes les églises, cette basilique est la basilique de chaque croyant, le lieu d’où la foi se dit, se transmet et se répand dans le monde entier. C’est pour cela que l’anniversaire de cette cathédrale, et de celle-là exclusivement, est célébrée dans le monde entier, permettant à chaque catholique de célébrer son attachement à l’Eglise catholique et apostolique. La basilique est dédiée à deux Jean : saint Jean le Baptiste, celui qui a annoncé la venue du Messie (Voici l’Agneau de Dieu) et saint Jean l’Evangéliste, celui qui a révélé dans son Evangile que le Verbe s’est fait chair. De cette basilique ne cesse de résonner ces deux paroles de ces amis de Jésus pour que le monde reconnaisse dans le Verbe fait chair, l’Agneau immolé qui porte le salut au monde.

            Vous êtes une maison que Dieu construit. Attachons-nous maintenant à comprendre ce que ce verset signifie pour nous, concrètement. Si nous sommes une maison que Dieu construit, nous sommes chacun un élément essentiel à cette construction et nous ne pouvons donc pas simplement nous en retirer. Imaginez-vous un instant ce que serait votre maison si, pendant que vous êtes réunis ici, vos fenêtres décidaient qu’elles ne faisaient plus partie de votre maison et la quittaient ?  Il y ferait rapidement plus froid avec la météo que nous connaissons ces derniers jours. Il en est de même pour notre Eglise. Il y fait plus froid quand des membres décident qu’ils peuvent être croyants sans être de l’Eglise, sans être attachés à leur Mère et tête. Elle est aussi moins belle quand manquent les visages de celles et ceux qui se sont éloignés. Elle est peut-être plus uniforme, mais moins harmonieuse parce qu’il en manque des voix. A l’heure où beaucoup pensent que l’uniformité doit être de rigueur, la fête de la dédicace du Latran nous rappelle que l’harmonie est plus importante. Les voix différentes ne sont pas des voix discordantes, mais des voix qui éclairent autrement l’unique Parole révélée par les deux Jean tutélaires de la basilique. Chacun y a sa place parce que chacun est appelé par Dieu à être de cette maison qu’il construit. Aujourd’hui, son Esprit rassemble l’Eglise, rassemble les croyants pour qu’ils soient cette œuvre d’unité voulue par Dieu. Une Eglise sans croyant n’est qu’une coquille vide ; un croyant sans Eglise n’est qu’un homme sans terroir, sans enracinement. L’Eglise que Dieu rassemble n’est pas une collection de bâtiments de styles différents, mais une collection d’hommes et de femmes qui se reconnaissent frères et sœurs malgré leurs différences d’origine, d’opinion, d’approches liturgiques, d’expériences spirituelles. Ce qui nous unis, c’est l’appel unique de Dieu adressé à chacun dans sa singularité et dans son originalité. Si vous avez visité un jour saint Jean de Latran, vous avez pu aimer ou pas son style architectural et ses dorures ; mais vous avez nécessairement reconnus son harmonie et sa capacité à dire quelque chose du mystère de cette Eglise que Dieu appelle et construit. Là tout est à sa place, tout concourt à l’harmonie, la sérénité et la beauté qui nous parlent de Dieu et de son amour pour nous qu’il appelle en sa maison.

            Vous êtes une maison que Dieu construit. Ayons une conscience toujours plus grande de cet appel à être une partie de cette maison et que notre place y est unique et irremplaçable. Personne ne peut prendre la place qu’un autre laisse libre. Nous pourrions appliquer à l’Eglise ce proverbe qui dit : un être vous manque et la terre est dépeuplée. Oui, un croyant vous manque et l’Eglise est dépeuplée. Prions Dieu de renouveler en nous l’Esprit de notre baptême, l’Esprit qui continue de construire son Eglise, pour qu’elle soit belle et harmonieuse, accueillante pour tous, Mère aimante pour chacun, tête qui nous entraine toujours mieux à la suite du Christ qu’elle a mission d’annoncer et de servir. Amen.  

samedi 1 novembre 2025

Commémoration de tous les fidèles défunts - 2 novembre 2025

 Nous sommes faits pour la vie.



 

 

            Par cinquante-sept fois, depuis la Toussaint 2024, notre communauté de paroisse s’est réunie pour accompagner une famille dans le deuil et célébrer notre foi en la vie plus forte que la mort et en l’amour miséricordieux de Dieu. En ce 2 novembre, l’Eglise commémore tous les fidèles défunts et nous invite à prier pour eux. Les textes liturgiques retenus nous permettent d’entrer dans cette célébration en nous rappelant quelques fondamentaux.

            Le livre de la Sagesse nous a rappelé la foi de nos pères. Dès l’Ancien Testament, il y a cette certitude que la mort, souvent comprise comme un malheur, est en fait le passage vers le Dieu des vivants. Ils sont dans la paix… l’espérance de l’immortalité les comblait. La peine qui est la nôtre lorsque nous perdons un proche est normale ; elle témoigne de notre attachement au défunt. Mais notre tristesse ne doit pas nous faire oublier l’essentiel : les âmes des justes sont dans la main de Dieu ; aucun tourment n’a de prise sur eux… Dieu les a trouvés dignes de lui. Il y a dans ces affirmations toute notre espérance d’une vie plus forte et plus grande que la mort. Des siècles plus tard, saint Paul dira que même la mort ne peut nous séparer de l’amour de Dieu. Il s’inscrit parfaitement dans cette foi exprimée par l’auteur du livre de la Sagesse. Ce n’est donc pas une nouveauté chrétienne, mais bien une certitude qui travaille le cœur de l’homme depuis fort longtemps. Celui qui a donné la vie, ne peut pas donner la mort ; il appelle sans cesse à plus de vie.

            Dans l’Evangile de la résurrection du fils de la veuve de Naïm, Jésus montre qu’il est celui qui combattra la mort et rendra la vie à toute l’humanité. Cette petite résurrection doit nous préparer déjà à la grande résurrection, celle de Jésus, qui manifestera définitivement que notre Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Jésus est venu dans le monde pour rappeler aux hommes la présence de Dieu à leur vie, et que Dieu veut leur salut, c'est-à-dire qu’ils vivent avec Lui pour toute éternité. La foule à Naïm ne s’y trompe pas. Devant ce signe d’un fils mort rendu à sa mère, veuve, les gens s’écrient : Un grand prophète s’est levé parmi nous, et Dieu a visité son peuple. Quand Dieu visite son peuple, ce n’est pas pour le punir ou le faire mourir, mais pour lui offrir la vie.

            L’Apôtre Paul expliquera ce mystère d’une vie plus forte par la résurrection de Jésus. Et surtout, il nous fera comprendre que ce mystère, s’il est réalisé par Jésus, nous concerne. Si nous avons été unis à lui (au Christ) par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection qui ressemble à la sienne. La résurrection n’est pas la récompense de Jésus pour avoir accepté la croix ; elle est la conclusion glorieuse de son incarnation. Si Dieu a envoyé son Fils dans le monde, ce n’est pas pour le faire mourir, mais pour nous faire vivre par lui, avec lui et en lui. Et pour que nous puissions vivre libérés du péché, il fallait que le Christ fasse mourir le péché avec lui sur la croix. Et puisque la mort est venue en conséquence du péché d’Adam, quand le péché meurt, la mort disparait ; elle n’a plus de pouvoir, elle ne peut plus retenir les hommes dans ses filets. Par la résurrection du Christ, nous sommes libérés du péché et de la mort. La mort n’est plus que le passage vers la vie en plénitude, notre accouchement à la vie éternelle. Si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. Ce passage par la mort, nous l’avons déjà tous vécu : c’est notre baptême qui l’a accompli pour nous : Nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême. Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui est ressuscité d’entre les morts.

            Il ne faut alors pas se tromper sur le sens de cette commémoration de tous les fidèles défunts, ni sur le sens des messes que nous pouvons faire dire pour eux. C’est une belle tradition qu’il nous faut comprendre justement. Il ne s’agit pour nous de leur acheter une place au Paradis, ni de marchander avec Dieu leur place auprès de lui. Cette place, ils l’ont ! Elle leur est assurée, comme elle nous est assurée, par la mort et la résurrection de Jésus. Sur la croix, il nous a déjà sauvé. Le sens de la messe pour les morts, c’est bien de prier pour eux, pour que leur cœur, dont nous ne connaissons pas le fond – Dieu seul le connaît ! – pour que leur cœur donc soit pleinement ouvert à l’amour miséricordieux de Dieu. En célébrant ce jour pour tous nos défunts, comme en faisant dire une messe pour un défunt que nous avons connu et aimé, nous voulons comme « réveiller la foi de nos morts » et leur demander d’accepter de se laisser aimer jusqu’au bout, si d’aventure ils ne l’avaient pas déjà fait. Le Dieu des vivants nous veut tous vivants avec lui. Il ne saurait tolérer que la mort retienne ne serait-ce qu’un des nôtres. Il nous a faits pour la vie, et la vie en plénitude. Acceptons cette donnée de notre foi, et acceptons son amour qui nous fait vivre en lui, aujourd’hui, demain et toujours. Amen.