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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







dimanche 30 mai 2010

Trinité C - 30 mai 2010

L'homélie que j'aurais donné aux jeunes de mon ancienne paroisse qui font aujourd'hui Profession de Foi.


Croire en un Dieu unique qui se révèle en trois personnes : voilà tout le défi de la foi chrétienne. Tenir ensemble que Dieu est UN alors que nous confessons notre foi en Dieu, Père, Fils et Esprit Saint. Pour nous permettre d'entrer dans ce grand mystère, je vais m'appuyer sur quelques questions qui vont être posées dans un instant à ces jeunes qui font profession de foi.


Croyez-vous, avez-vous confiance en Dieu, le Père, qui nous fait vivre et qui fait pour nous des merveilles ? Nous sommes invités à reconnaître que le Dieu des chrétiens est le Dieu de la vie, le Dieu des Vivants. Un Dieu qui ne se contente pas de créer la vie, mais qui s'engage encore dans cette vie : il fait pour nous des merveilles ! Il intervient dans notre vie parce qu'il nous aime. Il ne crée pas l'homme simplement parce qu'il a le pouvoir de le faire (nous ne sommes pas ses jouets !) ; il crée l'homme par amour et pour vivre avec lui une relation d'amour, une relation d'alliance. Ce n'est pas Dieu d'un côté et l'humanité de l'autre, mais bien plus Dieu et les hommes, ensemble. Nous pouvons relire les grands textes fondateurs dans le Premier Testament pour y trouver la trace de cet amour infini de Dieu pour l'humanité qu'il a créée. Ce Dieu, qui patiemment se révèle à l'homme, est bonté, amour et pardon. Nous pouvons lui faire confiance, nous pouvons croire en lui : de nombreux témoins l'ont fait avant nous et n'ont pas été déçus. De nombreux témoins l'ont fait avant nous et ils ont trouvé le chemin du bonheur que Dieu promet.


Croyez-vous, avez-vous confiance en Jésus, qui nous dit les secrets du Père, qui a donné sa vie pour nous et qui est vivant pour toujours avec le Père ? Ce Dieu Père n'est donc pas seul. Il ne peut pas être seul. Pourquoi ? Parce que nous avons dit que Dieu était amour ! A quoi cela servirait-il qu'il soit Amour s'il n'avait personne à qui manifester cet Amour de toute éternité ? Jésus affirme souvent dans l'évangile qu'il est le Fils du Père, qu'il est UN avec lui, qu'il est aimé du Père et qu'il aime le Père. Jésus est tellement proche de Dieu, il est tellement Fils, qu'il peut nous dire les secrets du Père. Ce qu'il nous dit ne vient pas de lui, de sa propre réflexion sur Dieu ; ce qu'il nous dit, il le dit à cause de sa relation particulière au Père ; si bien que lorsque Jésus nous parle de Dieu, il ne nous trompe pas. Qui, mieux qu'un fils, peut nous parler d'un père ? Qui, mieux qu'un fils, connaît les pensées secrètes de son père qu'il aime et dont il est aimé ?

Jésus se montre tellement fils qu'il partage avec le Père cet amour qui le caractérise ; il partage cet amour au point de donner sa vie pour nous, nous qui quelquefois rejetons Dieu, nous qui quelquefois avons du mal à nous reconnaître fils et filles de Dieu. Jésus est Dieu, Fils de Dieu, parce qu'il accueille cet amour venu du Père et qu'il le rend à son Père. Aimé de Dieu, il aime Dieu au point de ne faire plus qu'un avec lui. La volonté de Jésus et la volonté du Père, c'est tout un, c'est tout pareil. Dieu veut sauver l'humanité de la mort et du péché ? Voilà le Fils qui offre sa vie au Père pour que ce salut devienne possible ! La relation de Jésus à Dieu son Père est seulement une relation d'amour, amour donné et amour reçu. Nous pouvons avoir confiance en Jésus, nous pouvons croire en lui : ce qu'il a fait, il l'a fait pour nous tous, à travers le temps et l'histoire. En offrant sa vie, il a sauvé toute l'humanité : les hommes et les femmes qui vivaient à son époque, et nous qui, aujourd'hui, croyons en lui, croyons en la puissance d'un amour toujours offert.


Croyez-vous, avez-vous confiance en l'Esprit Saint qui nous unit au Père, nous fait connaître Jésus et nous rassemble dans l'amour ? Que le Père aime le Fils, c'est un fait. Que le Fils aime son Père en retour, c'est une évidence. Que cet amour entre le Père et le Fils déborde jusqu'à nous, c'est ce que nous pouvons croire. En Dieu, l'amour se partage. Il n'est jamais un amour qui enferme dans une relation exclusive ; il est un amour qui, sans cesse, se donne, largement. L'Esprit Saint est cet échange d'amour entre le Père et le Fils, entre Dieu et chacun de nous.

Par notre baptême, nous sommes identifiés au Christ. Nous devenons authentiquement des fils et des filles de Dieu, en Jésus, mort et ressuscité. Nous recevons de lui, par l'Esprit Saint, l'amour qui l'unit au Père et par lequel nous pouvons découvrir qui est Dieu pour nous. Jésus l'avait promis à ses disciples : l'Esprit vous expliquera tout, il vous permettra de comprendre tout ! Au baptême, nous avons été marqués de l'huile sainte, symbole du don de l'Esprit Saint. Nous pouvons croire en cet Esprit Saint, nous pouvons avoir confiance en lui par qui nous recevons l'amour du Père. Nous pouvons avoir confiance en lui quand il nous permet de comprendre qui est Jésus pour nous, comment il est de Dieu et retourne à Dieu. L'Esprit Saint ne nous trompe ni sur le Père, ni sur le Fils qu'il unit dans un même amour, ni sur nous-mêmes qu'il fait participer à cet amour.


Le mystère de la Trinité est d'abord cela : un mystère d'amour sans cesse donné, sans cesse reçu, sans cessse transmis. Croire au Dieu Trinité, c'est croire en un amour infini qui nous unit tous et nous permet de vivre comme Dieu, entièrement aimant ; comme le Christ, entièrement aimé ; comme l'Esprit Saint, entièrement amour unissant. Croire en un Dieu Trinité, c'est croire qu'avec l'amour de Dieu accueilli, offert et répandu, notre monde et notre vie peuvent devenir meilleurs. En faisant profession de foi dans un instant, vous nous dites que, vous aussi, vous voulez avoir part à cet amour ; vous aussi, vous voulez vous sentir aimés ; vous aussi, vous voulez aimer en retour ; vous aussi, vous voulez contribuer à améliorer notre monde. Puisque vous croyez en Dieu, l'Eglise vous fait confiance et compte sur vous pour que son message d'amour parvienne à tous les hommes. Amen.


(La Sainte Trinité, Détail d'une icône du monastère de Toplou, Crête)

lundi 24 mai 2010

Pentecôte - 23 mai 2010

Que fait l'Esprit Saint ? A quoi sert-il ? Ces questions reviennent presque chaque année dans la bouche d'enfants, de jeunes voire d'adultes. Nous savons bien que l'Esprit Saint existe puisque nous l'évoquons chaque fois que nous traçons sur nous le signe de la croix, mais de là à savoir parler de lui, il y a un gouffre ! Pourtant, chaque dimanche, lorsque nous allons à la messe, c'est bien l'Esprit Saint qui est à l'oeuvre.

Que fait l'Esprit Saint ? Il rassemble l'Eglise, il la construit. Chaque dimanche matin, lorsque nous nous rassemblons pour célébrer, c'est bien à l'Esprit Saint que nous le devons. C'est qui réunit des hommes et des femmes divers pour n'en faire qu'un seul peuple qui chante la louange de Dieu et écoute la Parole du Fils unique, Parole devenue, pour les croyants, Bonne Nouvelle. Oui, je crois que c'est l'Esprit Saint qui nous donne le goût de Dieu, le goût de le retrouver, le goût de le célébrer.

Que fait l'Esprit Saint ? Il nous fait entendre et comprendre la Parole de Dieu. Jésus lui-même l'affirmait à ses disciples : Quand il viendra lui, le Défenseur, il vous fera comprendre tout ce que je vous ai dit. L'intelligence de la Parole est un don que Dieu nous fait par l'Esprit saint. Nous évitons ainsi de croire que nous aurons un jour la connaissance de Dieu par notre seule force. En fait, c'est Dieu qui se révèle à nous, qui se dit dans sa Parole et qui nous permet de comprendre ce qu'il attend de nous par l'Esprit. D'où la nécessité de prier Dieu de toujours nous donner cet Esprit. Sans l'Esprit Saint, nous ne pouvons rien : ni comprendre la Parole, ni découvrir son projet d'amour pour nous, ni vivre le bonheur promis.

Que fait l'Esprit Saint ? Il rend présent le Christ dans le pain et le vin consacrés. C'est lui que nous invoquons dans l'épiclèse sur le pain et le vin : C'est pourquoi nous te supplions de consacrer toi-même les offrandes que nous apportons. Sanctifie-les par ton Esprit pour qu'elles deviennent le Corps et le Sang de ton Fils, Jésus Christ, notre Seigneur, qui nous a dit de célébrer ce mystère. Il rend le Christ présent à notre vie et il nous rend présents à la vie de Dieu. La deuxième épiclèse, celle sur le peuple, donc sur chacun de nous, nous fait invoquer l'Esprit Saint pour nous-mêmes, afin qu'il nous transforme et qu'il transforme nos coeurs en des coeurs que Dieu aime, comme nous le faisait prier une oraison de la semaine passée. Dieu et l'homme unis par l'Esprit Saint, comme le Père et le Fils sont unis par le même Esprit.

Que fait l'Esprit Saint ? A en croire Paul, il nous met en prière et nous rend capable de crier vers Dieu comme des enfants crient vers leur père en lui disant : Abba ! Père ! Papa ! La prière que Jésus commande de dire, nous ne pouvons la dire sans l'assistance de l'Esprit Saint ! C'est bien l'Esprit qui nous permet de voir en Dieu celui qui est à la source et à l'origine de notre vie. C'est bien dans l'Esprit Saint que nous pouvons demander à Dieu ce qui nous est nécessaire pour vivre. L'Esprit Saint nous empêche de radoter devant Dieu et nous fait exprimer des demandes justes.
Que fait l'Esprit Saint ? Il est celui qui nous renvoie dans notre quotidien à la fin de l'eucharistie. Nous ne venons pas à l'église pour nous évader du monde, mais y trouver les forces nécessaires pour affronter le monde et y témoigner de la radicalité de l'Evangile et de son actualité pour chacun. Nous pouvons vivre libres et heureux avec Dieu : nous en faisons l'expérience en chaque eucharistie et nous devons transmettre cette expérience à celles et à ceux qui ne la partagent plus ou qui ne la partagent pas encore. En étant personnellement ouverts à l'action de l'Esprit, nous pouvons permettre à cet Esprit de pénétrer d'autres coeurs afin que notre monde soit travaillé par lui comme la pâte est travaillée par le levain.

En permettant à l'Esprit d'oeuvrer en nous, et en témoignant de lui auprès de nos contemporains, nous permettrons à notre monde de grandir sous sa conduite : ainsi toute l'humanité parviendra à la connaissance de Dieu et marchera sur le chemin de vie que le Christ Sauveur a ouvert à tout homme par sa mort et sa résurrection. En quittant notre terre, en donnant son Esprit, Jésus ouvre le temps de l'Eglise, le temps où l'humanité est appelée à vivre sa Pâques à la suite du Ressuscité. Puisse-t-il en être ainsi désormais !


(Dessin de Coolus, blog du Lapin bleu. A consulter dans mes liens)

samedi 15 mai 2010

7ème dimanche de Pâques - 16 mai 2010

Que leur unité soit parfaite.
Quelle exigence ! C'est tout simplement la perfection qui nous est demandée. Comment y arriver ? N'y a-t-il pas quelque chose de décourageant, dès le départ, dans cette prière de Jésus ? Et si nous n'y arrivions pas à cette perfection de l'unité ? Est-ce grave, docteur ?

Il est vrai qu'il y a de quoi se décourager si nous prenons les paroles de Jésus comme quelque chose à faire : nous devons faire l'unité entre nous ! Et de manière parfaite ! Autant le dire tout de suite ; nous n'y arriverons pas de nos propres forces. Même avec la meilleure des volontés. Jésus demande-t-il donc quelque chose d'impossible ?

Relisons bien l'évangile de ce jour (Jean 17, 20-26). Nous sommes au soir du Jeudi Saint, avant la mort de Jésus. Comme déjà dit, ces paroles sont importantes, fondamentales. Mais là, Jésus ne s'adresse plus à ses disciples ; il a fini son discours d'adieu. Maintenant il prie son Père. La demande qui est faite n'est pas adressée aux disciples, elle n'est pas pour nous. Elle est adressée à Dieu. L'unité parfaite serait donc un don à demander, une grâce à accueillir. Jésus semble savoir que cette unité ne peut venir que de Dieu. Que voulez-vous : il connaît le coeur de l'homme. Il sait ce dont nous sommes capables ; il sait aussi nos manques, nos faiblesses. Il ne nous demande rien d'impossible ; il veut juste que nous soyons ouverts à la grâce de Dieu. Les choses importantes, c'est Dieu qui nous les offre à la prière de Jésus.

L'unité que Jésus demande à Dieu pour nous est cette même unité qu'il vit déjà avec son Père. En demandant que nous soyons unis entre nous et à lui, il ne demande rien de moins à Dieu pour nous que de nous partager sa propre vie : Qu'ils soient un comme nous sommes un : moi en eux, et toi en moi. L'unité parfaite des disciples de Jésus devient ainsi un signe puissant de la présence de Dieu à la vie du monde. Jésus est parti chez son Père, mais nous ne sommes pas seuls ; il continue de vivre avec nous, à travers nous ; et cette unité en est le signe. Dieu seul peut nous donner d'être des témoins vivants de sa présence au monde ; Dieu seul peut nous faire vivre de sa propre vie, unis à lui comme le Christ l'a été.

A la suite du Christ, nous pouvons reprendre cette prière de Jésus et la faire nôtre : Seigneur, que notre unité soit parfaite ! Et nous le faisons déjà, en quelque sorte, lors de chacune de nos eucharisties, lorsque nous échangeons un signe de paix. Ce n'est pas notre paix que nous offrons, mais bien la paix qui nous vient du Christ. Le souhait qui accompagne notre geste le dit bien : La paix du Christ ! Elle nous est bien donnée à ce moment précis de la messe, juste avant la communion, pour que nous manifestions cette unité de l'Eglise qui partage le Corps et le Sang du Christ. Partageant la paix que Dieu nous offre, ne vivons-nous pas, ne serait-ce qu'un court instant, cette unité parfaite que le Christ demande à Dieu de nous donner sans cesse ? Recevant le Corps du Christ, accueillant le Christ au plus intime de moi-même, je vis cette communion en union avec tous ceux et celles qui, comme moi, accueillent ce don de Dieu. En cet instant précis, nous sommes tous vraiment frères et soeurs en Christ puisque nous partageons le même pain, puisque nous accueillons la même vie. Ne serait-ce qu'un bref instant, notre unité est parfaite, par la grâce de Dieu. Puisse l'Esprit que nous nous préparons à accueillir nous y maintenir toujours. Amen.

jeudi 13 mai 2010

Ascension du Seigneur - 13 mai 2010

Galiléen, pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ?
Cette question adressée aux Apôtres nous introduit bien dans ce mystère de l'Ascension de Jésus ; elle permet de comprendre l'attitude présente de ces hommes soudain laissés seuls ainsi que l'attitude qu'ils doivent désormais avoir s'ils veulent rester fidèles à Jésus.

Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ?
La question peut sembler curieuse à tous ceux qui ont déjà vécu des moments forts, des moments qui vont nourrir une vie pendant longtemps. En effet, lorsque nous vivons un tel instant, n'avons-nous pas envie de le prolonger, de rester là, tout simplement, pour échapper à la morosité, à la grisaille et à la platitude du quotidien ? Au moment où Jésus disparaît, il semble qu'il y ait quelque chose de rassurant pour les disciples à rester là, à regarder le ciel. Jésus leur a promis qu'il reviendrait ; peut-être ne fera-il finalement qu'un aller-retour ! Autant rester, attendre et voir !

Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ?
La question renvoie pourtant bien les Apôtres à leur vie. Il n'y a rien à attendre ici et maintenant. Jésus est parti et il faudra s'y faire. Jésus est parti, mais la vie continue. Jésus est parti et pourtant l'avenir est possible, à condition de repartir, et de vivre, les yeux peut-être fixés au ciel, mais les pieds bien sur terre, là où vivent les hommes. Les yeux fixés au ciel pour y orienter le coeur des hommes, mais les pieds bien sur terre pour les chercher et les conduire vers ce ciel qui leur est désormais ouvert, puisque Jésus, vrai Dieu et vrai homme y est entré le premier.

Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ?
Cette question est aussi pour nous. Nous pouvons rêver du ciel, rêver que notre terre y ressemble un peu plus. Mais nous ne pouvons pas rester simplement à attendre. Attendre le retour du Christ, ce n'est pas être passif, ce n'est pas se tourner les pouces et attendre qu'Il fasse tout, comme avant, lorsqu'il était là, avec nous, sur terre. S'il est parti au ciel, s'il est entré dans la gloire de son Père, n'est-ce pas pour nous entraîner à sa suite ? N'est-ce pas pour nous mettre en route, pour que nous allions faire ce qu'il attend de nous ? Le ciel, la vie dans la gloire de Dieu, c'est notre but. L'annoncer aux hommes, c'est notre mission, parce qu'ils sont tous concernés. Jésus est parti, c'est vrai, mais nous sommes là pour dire encore son Evangile à tous les hommes. Jésus est parti, mais nous pouvons entraîner l'humanité à sa suite, afin qu'aucun ne se perde. Jésus est parti, mais nous sommes là et nous avons à tenir notre place.

Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ?
Le temps est venu de grandir. Grandir dans la foi en étant sûr que Jésus ne nous abandonne pas ; même s'il est retourné vers son Père, il continue de veiller sur nous. Grandir dans la mission en transmettant à d'autres ce que nous avons compris de l'Evangile. Grandir dans la charité, en aimant tous ceux et celles que le Père nous confie pour qu'ils découvrent combien ils sont aimés et attendus par Dieu. Grandir dans l'espérance, en sachant que nous verrons le Christ face à face lorsque nous serons appelés à la gloire du Royaume où il nous attend. Ne restons pas là, à attendre. Mais mettons-nous en route, mettons-nous au travail. le Royaume n'attend pas !

(Illustration du blog du lapin bleu, cité en lien. A consulter d'urgence pour grandir dans la foi grâce à l'humour de son auteur)

dimanche 9 mai 2010

6ème dimanche de Pâques - 09 mai 2010

Retranscription de l'homélie donnée au couvent du Bischenberg à l'occasion de la journée de rencontre des servants d'autel, pèlerins à Rome en Août 2010.



L'Evangile que nous venons d'entendre se situe à ce moment si particulier de la vie de Jésus, au soir avant sa mort. Et nous entendons cet Evangile à un moment particulier de l'année liturgique, quelques jours avant l'Ascension, avant le retour définitif de Jésus auprès de son Père. Et nous qui sommes ici en ce jour, nous entendons cet Evangile au moment particulier de notre préparation au pèlerinage à Rome. Ces trois moments ont en commun d'être des moments de départ pour quelqu'un. Lorsque l'on part, les paroles que l'on dit ne sont pas seulement de belles paroles, ce sont des paroles importantes, qui paroles qui veulent marquer ceux qui restent.

Au début des paroles de Jésus, il y a ce présupposé : Si quelqu'un m'aime ! Sans cela, les paroles qui vont suivre n'ont pas de sens. Sans ce présupposé, ce n'est qu'un discours de plus. Dans le pèlerinage que nous préparons, il en est de même. Sans cet amour de Jésus, ce ne sera pas un pèlerinage, mais de belles vacances. Nous partons aussi pour mieux aimer ; nous partons aussi parce que nous aimons Jésus.

Si quelqu'un m'aime, il restera fidèle à ma Parole ; mon Père l'aimera et nous viendrons chez lui. Aimer Jésus pour entrer dans une fidélité à sa Parole. Aimer Jésus, et accueillir dans notre vie Jésus et son Père (nous viendrons chez lui !). Partir en pèleriange, c'est se préparer à mieux accueillir Jésus ; partir en pèlerinage, c'est désirer une plus grande fidélité à Dieu ; partir en pèlerinage, c'est rencontrer Dieu qui vient à nous. Nous partirons pour mieux accueillir Dieu au coeur de notre vie.

Ce départ annoncé de Jésus n'est pas un abandon pour les disciples : Jésus fait une promesse. Quelqu'un d'autre viendra, l'Esprit Saint qui permettra de tout comprendre. C'est cet Esprit qui nous pousse à partir ; c'est cet Esprit qui nous acompagnera dans notre pèlerinage et qui nous permettra de revenir à la source véritable. C'est le mot d'ordre du pèlerinage international auquel nous participerons.

Avant de partir, Jésus donne sa paix à ses disciples ; c'est cette même paix qu'il leur donnera au soir de Pâques lorsqu'il ira à la rencontre de ses disciples. C'est dans cette paix du Christ que nous voulons voyager avec vous. C'est avec cette paix que nous irons à la rencontre des servants venus de l'Europe entière. C'est dans cette paix que notre foi pourra grandir et se renforcer. On s'imagine souvent qu'au début de l'Eglise, tout était mieux. Or, le passage des Actes que nous avons entendu aujourd'hui, nous montre une crise grave dans l'Eglise que nous aurions tort de sous-estimer. Ce qui était demandé à certains, c'était un vrai saut culturel : renoncer à la circoncision, marque de l'appartenance au peuple que Dieu s'est donné depuis Abraham pour ne garder que la foi en Jésus. Désormais, c'est elle seule qui sauve.

Le passage de l'Apocalypse, décrivant la nouvelle Jérusalem, ne va-t-il pas dans le même sens lorsqu'il annonce que les fondations de cette nouvelle Jérusalem, ce sont les Apôtres ? Certes, les portes sont nommés d'après les tribus d'Israël (on ne peut pas évacuer la Première Alliance, et il faut toujours passer par elle), mais désormais, tout repose sur ceux que Jésus a appelés. En partant à Rome, nous allons à la rencontre de Jésus en suivant le chemin de saint Tarcisius, Patron des servants d'autel, en suivant le chemin de tous les martyrs qui y ont versé leur sang à cause de Jésus. Nous irons à la tombe de Pierre, le premier des Apôtres ; nous irons à la rencontre de Paul, l'Apôtre des Nations.

A la suite de tous ceux-là, à la suite de nos Pères dans la foi, nous irons donc à Rome affermir notre foi, faire grandir notre amour, renforcer notre désir de toujours mieux connaître Jésus, notre désir de toujours encore le servir.

(photo de la chapelle du Bischenberg)

samedi 1 mai 2010

5ème dimanche de Pâques C - 02 mai 2010

Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres.



Les dernières paroles d'un homme sont considérées souvent comme les plus importantes, celles qui donnent sens à toute son existence, celles qui révèlent ce qu'il a essayé d'être toute sa vie durant. Il en est de même pour Jésus. Le long discours de Jésus, au soir qui le conduit vers sa mort, que Jean nous rapporte en son évangile, est comme une récapitulation de toute sa pensée, de toute sa vie. C'est dans ce cadre si particulier qu'il donne son seul et unique commandement à ses disciples : c'est de vous aimez les uns les autres.

Nous le savons par expérience : rien n'est plus volatile que l'amour, du moins à échelle humaine. L'homme est capable de brûler un jour ce qu'il adorait la veille, simplement pour une question d'humeur. Les grandes tragédies dans l'art théatrale ont toutes pour origine l'amour et ses déviances ou ses faiblesses : la jalousie, l'envie, le désir de possession. L'amour est sans doute la plus belle de toutes les choses terrifiantes en ce bas monde. Et pourtant, l'homme ne saurait se passer d'aimer. La question se pose alors : comment aimer vraiment ?

Lorsque Jésus invite ses disciples à s'aimer les uns les autres, il commence par dire : comme je vous ai aimés. Là est toute la différence entre notre manière d'aimer et celle de Jésus. Nous aimions, ou nous aimons quelquefois encore, comme des hommes. Jésus nous invite à aimer comme lui aime, comme Dieu aime. Et cet amour-là est vrai parce que débarrassé de toute envie, de toute jalousie, de tout désir de posséder. L'amour que Jésus nous porte n'est affecté que par un seul désir : celui de nous savoir sauvés, vivants. Il nous aime jusqu'à donner sa vie pour nous. Il nous aime jusqu'à s'offrir sur la croix en sacrifice pour nous libérer du Mal et de la Mort. Il nous aime jusqu'à nous donner sa propre vie pour que nous puissions vivre et partager la vie de Dieu même. L'amour de Jésus pour l'humanité va supporter la trahison, le reniement, l'abandon, la lâcheté.

Il n'est sans doute pas innocent que ce commandement de l'amour soit donné au moment où Jésus passait de ce monde à son Père. Il va quitter ce monde ; ses disciples ne le verront plus désormais comme au long de ces années à parcourir le pays pour annoncer la Bonne Nouvelle. Pour qu'ils ne soient pas complètement perdus, il leur laisse ce commandement comme un autre signe de sa présence. Jésus sera au milieu d'eux quand sa parole sera annoncée ; Jésus sera avec eux quand le pain sera rompu et partagé ; Jésus vivra à travers eux quand ils aimeront comme lui les a aimés. La présence du Christ est réelle à notre monde dans le partage de sa Parole, de son Eucharistie et de son Amour. Voilà pourquoi nous ne pouvons pas nous soustraire à cette obligation d'aimer. Jésus l'affirme lui-même : Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres. Parole exigeante, certes, mais incontournable !

C'est lorsque l'on a été trahi, rejeté, abandonné et bafoué comme Jésus, que l'on mesure le mieux et pleinement, ce que signifie aimer comme lui. Cela dépasse de loin l'amour humain de nos tragédies anciennes. Cela dépasse de loin souvent nos propres forces. Mais Jésus n'a-t-il pas promis d'être avec nous jusqu'à la fin des temps ? Avec lui, nous pouvons apprendre à aimer vraiment parce que lui nous a aimés jusqu'à l'extrême de l'amour, jusqu'au don suprême de sa vie. Devant la croix, nous mesurons la grandeur de son amour pour nous. Dans le mystère de sa résurrection, nous mesurons la puissance de son amour pour nous. L'amour véritable est bien celui qui nous ouvre toujours à plus de vie.

Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres.
Ne pouvant nous soustraire à ce commandement, demandons à Dieu la grâce d'aimer à la mesure de son amour pour nous. Que son Esprit oriente notre coeur vers Dieu. Ainsi accordés à Dieu à l'image du Christ, nous deviendrons capables d'aimer comme lui nous aime. Amen.

(Merci à Thomas & Titien pour l'autorisation de publier la photo)