Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ?
Je me garderai bien de répondre à cette question, car elle n’a que deux réponses possibles : oui ou non. Mais est-ce si simple que cela ? Comment savoir ce qui est indispensable pour appartenir au peuple croyant ? Comment pouvoir dire en vérité : je crois ? Les textes proposés par la liturgie de ce jour nous indiquent trois réalités qui permettent de vivre un chemin de Foi. Ces trois réalités ne sont pas à opposer, à mettre en concurrence, mais à tenir ensemble, dans un même mouvement.
Première réalité : la foi, c’est une question de confiance en Dieu. C’est Moïse qui nous le rappelle dans la première lecture. Avec le peuple libéré d’Egypte, il erre dans le désert et doit faire aux attaques des tribus nomades. Le passage du Livre de l’Exode que nous avons entendu, nous livre le récit d’une de ces batailles. Elle symbolise la lutte du bien contre le mal. La victoire finale est obtenue non par les armées, mais par Dieu qui assiste son peuple tant que Moïse tend les bras vers lui. Et quand la confiance baisse, quand la fatigue et le découragement gagnent, ceux qui accompagnent Moïse sur la montagne l’aident à garder les bras levés, témoignant ainsi aux combattants la présence de Dieu à leurs côtés. L’acte de confiance de Moïse et de tout le peuple, en la puissance du Dieu qui les a tirés d’Egypte, leur accorde la victoire.
La foi ne commence-t-elle pas par un acte de confiance au Dieu qui nous fait vivre ? Il nous a promis sa présence au cœur de notre vie ; en donnant son fils, il nous redisait son engagement au service du bonheur et de la vie des hommes. Avons suffisamment confiance en Dieu pour croire qu’il nous accompagne et qu’il veille sur chacun de nous ?
Deuxième réalité : la prière, la prière insistante. Si Dieu accompagne chaque instant de notre vie, comment ne pas croire qu’il répondra à nos appels ? Comment douter de la bonté de Dieu envers ceux qui crient vers lui ? Vous pourrez me dire que ce serait plus simple s’il intervenait seul, sans que nous ayons besoin de l’appeler ! C’est vrai. Mais Dieu ne s’impose pas à l’homme, et la prière vient nous rappeler la nécessité de bien savoir ce dont nous avons besoin pour progresser en justice, en charité, en fraternité. Dieu ne vend pas la paix, ni la justice, ni la compassion : il nous en offre les graines. Il nous offre les moyens de devenir plus juste, plus aimant, plus fraternel. La prière, c’est l’art de demander à Dieu de changer notre cœur en profondeur pour que nous soyons capables de vivre selon son Evangile, et non demander à Dieu de faire le travail à notre place. La première des choses à demander à Dieu, c’est le don de l’Esprit Saint, seul capable d’éclairer nos intelligences et de transformer nos cœurs.
Osons-nous encore prier Dieu de nous transformer en profondeur ? Osons perdre un peu de temps quotidiennement, pour l’œuvre de la prière ? Croyons-nous encore que la prière de la communauté rassemblée vient renforcer et purifier notre prière personnelle ?
Troisième réalité : l’Ecriture Sainte à garder, à méditer et à partager comme un trésor. L’Ecriture Sainte comme lieu de vérification de notre foi et de la volonté de Dieu pour chacun de nous. Cette Parole est à garder telle qu’elle a été transmise. On ne transige pas avec elle ; on ne l’accommode pas au goût du jour ; on ne la trafique pas. Paul souligne l’importance de la Parole dans la vie du croyant : elle sert à l’enseignement, à l’éducation à la justice, à la dénonciation du mal sous toutes ses formes. Elle est l’arme par excellence du croyant qui pourra toujours y puiser la vérité ultime sur l’homme et sur Dieu.
Qu’avons-nous fait de cette parole ? Aimons-nous y puiser notre chemin de vie ? Avons-nous l’habitude en famille de la lire, de la méditer ? Osons-nous en parler et la répandre autour de nous ?
Avoir confiance en Dieu, prier avec insistance – seul et en communauté – se nourrir de l’Ecriture sainte : voilà des caractéristiques du croyant. Elles ne sont pas les seules, certes : mais elles sont indispensables, car ce sont ces trois réalités-là qui, bien vécues, nous permettront ensuite une vie conforme à l’esprit de l’Evangile. Que cette eucharistie nous permette de nous situer en vérité devant notre Dieu : qu’elle soit l’occasion de lui redire notre confiance, de lui confier notre vie et d’accueillir sa Parole, pour repartir plus fort dans notre quotidien. Amen.
(Photo prise en Roumanie)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire