C’est l’histoire d’une amitié entre Dieu et les hommes. Depuis le premier jour de la Création, Dieu a voulu le bonheur de l’homme et a ouvert pour lui le chemin de la Vie. Mais l’homme n’est pas très fidèle dans ses amitiés et Dieu va apprendre la patience et le pardon. C’est ce que nous dit la première lecture. Par amour pour l’homme, Dieu est prêt à oublier le passé, à effacer la faute de l’homme. C’est la grandeur de Dieu que de vouloir recommencer sans cesse ce que l’homme détruit : mais moi, oui, moi je pardonne tes révoltes, à cause de moi-même, et je ne veux plus me souvenir de tes péchés. Dieu est à ce point aimant, qu’il ne peut se renier lui-même. Il s’oblige à pardonner à l’homme, et prouve ainsi sa grandeur, sa divinité.
C’est l’histoire d’une amitié entre Dieu et les hommes, qui prend une nouvelle tournure avec l’avènement de Jésus, le fils unique de Dieu. Comme nous le redit Saint Paul, il n’a jamais été que OUI à Dieu ; en lui, toutes les promesses de Dieu ont trouvé leur OUI. Puisque l’homme semblait sourd aux appels de Dieu, il a fallu ce sacrifice qui s’achèvera sur la croix pour que l’homme comprenne combien il est aimé de Dieu, combien l’irruption de Dieu dans la vie des hommes est bonne nouvelle pour tous les peuples. A notre tour, nous avons à dire OUI à Dieu, à n’être que OUI au projet d’amour de Dieu tant de fois retardé, trop de fois rejeté.
C’est l’histoire d’une amitié entre des hommes que Marc nous rapporte dans son Evangile. Et cette histoire d’amitié humaine va rejoindre cette primordiale amitié entre Dieu et les hommes. C’est d’abord l’histoire d’un homme paralysé, incapable de vivre sans l’attention et la tendresse d’autrui ; lorsque ses amis apprennent la présence de Jésus, ils n’ont qu’une idée en tête : lui amener leur ami pour qu’il fasse quelque chose pour lui. Après tout, n’a-t-il pas guéri dans ce même village la belle-mère de Pierre et de nombreux malades ? Ne vient-il pas, dans un autre village, de guérir un lépreux ? La nouvelle a fait le tour du pays. Certainement, cet homme peut quelque chose pour ce paralysé. Mais voilà, il y a tant de monde qui se presse, tant de besoin chez les hommes, qu’il leur est impossible d’approcher Jésus. Exclu par sa maladie, le paralysé semble exclu de la guérison par cette foule compacte. Est-ce la fin de cette histoire ? L’amitié résistera-t-elle ou se découragera-t-elle ?
C’est l’histoire d’une amitié qui ne s’en laisse pas compter. Ils ne peuvent passer par la porte ! Qu’importe ! Dans ce pays chaud, le toit des maisons est plat, les murs sont faits de simples branchages, recouverts de boue. Pas difficile à construire ; pas difficile à démolir. Le malade est hissé sur le toit, les amis ont vite fait de faire une brèche et voilà le brancard qui descend et termine sa course devant Jésus. Un Jésus qui comprend que derrière cette intrusion se cache une histoire de cœur, une histoire qui fait que l’homme, quand il le veut, ne se décourage pas devant les difficultés, que l’homme ne se résigne pas devant la souffrance d’autrui. Il y a certainement quelque chose à faire. Ils ont le mérite d’avoir essayé.
C’est l’histoire d’une amitié entre les hommes qui rejoint à ce moment précis cette grande histoire d’amitié que Dieu a commencée avec les hommes à l’aube de la Création. Puisque ces quatre hommes ont fait l’impossible pour leur ami, il faut que Jésus, à son tour, s’engage envers ce malade. Comment pourrait-il le renvoyer chez lui sans une parole, sans un geste. La première parole donnée peut surprendre : mon fils, tes péchés sont pardonnés. Pourtant, elle dit toute la tendresse de Dieu pour un membre souffrant de son Corps ; elle dit l’engagement de Dieu au côté de celui que nous ne voyons pas et que nous laissons de côté. Jésus ne dit pas : Je te pardonne !, mais bien tes péchés sont remis. Autrement dit, Dieu te pardonne. Une nouvelle vie va commencer pour toi ; tu entres à nouveau dans cette grande amitié de Dieu pour les hommes. Aujourd’hui, il te manifeste cette amitié d’une manière toute particulière, en te donnant un cœur nouveau. Tous n’ont pas compris cette parole de Jésus, et dans le secret de leur cœur, ils s’interrogent : pourquoi parle-t-il ainsi ? Mais Jésus a compris, lui qui voit le fond des cœurs. Et pour leur montrer qu’il a pouvoir sur toutes les forces du mal, pour leur montrer que le moment est venu où Dieu va jeter hors de ce monde le prince des ténèbres, Jésus donne une seconde parole au paralysé : lève-toi, prends ton brancard et rentre chez toi ! Ce que l’homme fait sans attendre. Les quatre amis savaient-ils que cela se terminerait ainsi ? J’en doute ! Quand on s’engage pour un ami, on ne sait jamais jusqu’où cela mènera. Ce qu’il faut, c’est faire confiance ; la leur trouve sa récompense dans cette guérison.
C’est bien l’histoire d’une amitié entre les hommes et Dieu que Jésus est venu nous rappeler. En rendant la pleine santé à ce paralysé, il nous dit sa puissance sur tout ce qui empêche l’homme de vivre libre et heureux. Il nous redit que Dieu n’attend qu’un mot, qu’un geste pour restaurer l’amitié pleine et entière entre lui et nous. Lui a déjà fait le premier pas : il n’attend qu’un OUI de notre part pour que nous connaissions enfin une joie sans mesure. Nous n’en sommes encore qu’au début de l’histoire que Saint Marc nous raconte, mais déjà il nous faut nous prononcer sur ce Jésus : est-il pour nous celui qui nous ouvre à nouveau le chemin de l’amitié avec Dieu ou est-il celui qui nous en détourne comme le pensent certains opposants ? C’est l’histoire d’une amitié entre Dieu et les hommes. Cette histoire sera-t-elle notre histoire ?
(Dessin de Tomy Ungerer)
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