Maintenant, je vous appelle mes amis ! Voilà une parole forte de la part de Jésus, une parole qui nous dit l’amour dans lequel il nous tient, une parole qui dit ce qu’il attend de nous : à savoir une réciprocité dans l’amour. Ceci est vrai si j’en crois mon vieux Larousse qui définit l’ami comme une personne avec qui l’on est lié d’une affection réciproque. Attardons-nous donc sur cette parole de Jésus pour mieux la comprendre.
Maintenant, je vous appelle mes amis ! Vous aurez remarqué l’unilatéralité du message de Jésus. C’est lui, et lui seul, qui nous considère comme amis. En règle générale, une amitié se décide quand même à deux. Que veut-il alors nous dire en se prononçant seul, sans nous demander si nous voulons être ses amis ?
Il nous dit d’abord que nous avons du prix pour lui ; nous comptons pour Jésus, plus qu’un serviteur pour son maître. Pour lui, nous ne sommes pas de vagues connaissances ; nous faisons partie de sa vie. N’oublions pas qu’il prononce ces paroles, juste avant sa mort. Ce moment donne tout son poids à cette affirmation de Jésus. Il marche vers sa mort et il le fait pour nous, qui comptons à ses yeux ; pour nous qu’il déclare être ses amis.
En nous disant ses amis, il nous dit ensuite qu’il ne nous cache rien ! Il n’a pas de secret pour nous. Je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître ! C’est bien le propre d’un ami de connaître vraiment celui avec qui il partage une amitié. Ce qui est important pour Jésus, nous le savons désormais.
Enfin, en nous prenant pour amis, il espère quand même un retour d’amitié. Il nous choisit pour amis pour qu’à notre tour nous le choisissions, lui qui va donner sa vie pour notre vie.
Maintenant, je vous appelle mes amis ! Cette amitié que Jésus offre, il l’offre à tous. N’est-ce pas ce que Pierre a compris lorsqu’il a été poussé par l’Esprit chez le centurion Corneille ? Dieu ne fait pas de différence entre les hommes, affirme-t-il en arrivant chez ce païen qui l’a fait chercher. Le signe que cette amitié est offerte à tous, sans distinction, n’est-il pas justement que l’Esprit Saint s’empara de tous ceux qui écoutaient la parole de Pierre ? Je peux comprendre l’étonnement de Pierre et des autres croyants réunis à la vue de ce signe, eux qui pensaient que le Dieu de l’Alliance ne s’adressait qu’au peuple de l’Alliance ; voici que ce peuple prend de nouvelles proportions. Même les païens sont appelés à chanter la gloire de Dieu. Même les païens sont invités à entrer en amitié avec Dieu, puisque c’est pour eux-aussi que le Christ a donné sa vie. Pour entrer dans cette amitié, il suffit d’être ouvert à Dieu comme Corneille a su l’être. Jésus offre son amitié, mais il convient que nous l’acceptions en retour.
Maintenant, je vous appelle mes amis ! Puisque Dieu attend un retour, quel est donc le prix de cette amitié ? C’est tout simplement le prix de l’amour. Jésus a payé ce prix puisque c’est par amour pour nous qu’il a offert sa vie, scellant ainsi l’amitié renouvelée entre Dieu et les hommes. C’est parce qu’il nous aime, sans mesure et sans condition, que Jésus fait de nous ses amis. En retour, il nous demande de demeurer dans cet amour. Voilà une belle expression pour dire que nous accueillons Dieu dans notre vie. Nous demeurons dans son amour, nous habitons dans cet amour. Remarquez bien que jamais Jésus ne demande à ses amis de l’aimer lui ; il leur demande de s’aimer les uns les autres comme lui a aimé. Puisqu’il choisit de faire de tout homme un ami, nous n’avons pas d’autre choix que d’aimer tout homme, pour dire la réciprocité de l’amitié que le Christ nous porte. D’où l’invitation de Jean, dans sa première lettre : Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Et plus loin : Celui qui n’aime pas ne connaît pas Dieu, car Dieu est amour. Autrement dit, celui qui n’aime pas, ne partage pas l’amitié que Dieu lui porte. Pire même, il se coupe de l’amour de Dieu, il refuse l’amour de Dieu. Quiconque accepte l’amitié de Jésus, accepte d’aimer comme il est aimé. C’est bien dans l’amour partagé que se trouve la fidélité à l’amitié que le Christ nous offre.
Maintenant, je vous appelle mes amis ! Puissions-nous toujours mesurer la beauté de cette parole et des implications qu’elle comporte pour notre vie. Puissions-nous dire en vérité à Jésus : puisque tu m’as choisi pour être ton ami, je veux te choisir aussi et te suivre sur le chemin de l’amour. L’eucharistie que nous célébrons nous y aide et nous fait grandir dans la fidélité au nom de Jésus. Alors, risquerons-nous d’être amis dans le Seigneur ? Oserons-nous ouvrir la porte, ouvrir nos cœurs à cet homme, ce Dieu pour la vie, qui nous nomme amis ? A chacun d’y réfléchir et de répondre, en toute amitié. Amen.
(Image de Jean-François KIEFFER, Mille images d'Eglise, Presses d'Ile de France)
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