La joie de Pâques retomberait-elle aujourd’hui, alors que nous célébrons le retour vers le Père du Christ ressuscité ? Notre joie s’éteindrait-elle avec la perspective de ne plus le voir physiquement présent au milieu de nous ? Certainement pas : plus que jamais, la joie de Pâques illumine nos vies justement parce que celui qui a vaincu la mort s’en retourne désormais chez son Père. Durant quarante jours, il a fortifié notre foi, réveillé notre espérance et stimulé notre charité. Désormais, en Jésus ressuscité, nous voici baptisés !
L’expression peut sembler curieuse et pourtant elle dit mieux que toute autre expression notre participation au mystère du Christ lui-même. Etre baptisé, c’est bien plus qu’être disciple ; c’est bien plus qu’être bien-aimé ; c’est bien plus qu’être ami. En fait, c’est tout cela à la fois et quelque chose de plus grand. En effet, vous pouvez vous considérer comme disciple du Christ sans être forcément baptisé : vous vous intéresseriez alors surtout à son enseignement mais sans vraiment vous investir ; un peu à la manière scolaire ! Vous pouvez considérer que vous êtes bien-aimés de Dieu sans vous attacher à la personne du Christ puisque Dieu est amour et qu’il aime tous les hommes, que ceux-ci croient au Christ ou non. Vous pouvez vous considérer amis du Christ sans être baptisé si vous recherchez honnêtement Dieu et que, dans votre réflexion, vous trouvez la personne du Christ attirante, intéressante pour votre vie. Pas besoin d’être baptisé pour cela ! J’en veux pour preuve les catéchumènes qui un jour découvrent le Christ, choisissent de faire un bout de route qui les conduira, après un temps plus ou moins long, au baptême. Durant leur temps de préparation, ils sont bien-aimés, ils sont disciples et se découvrent amis du Christ. Mais viendra le jour où ils seront baptisés, en Jésus ressuscité. Etre baptisé est donc bien quelque chose en plus de tout le reste. Mais si vous pouvez être bien-aimé, disciple et ami sans être baptisé, vous ne pouvez pas être baptisé sans être tout le reste.
Alors c’est quoi, être baptisé ? Être baptisé, c’est être plongé dans la mort de Jésus pour en ressortir vivant à la suite du Christ. C’est accueillir la vie du Christ dans sa propre vie. C’est devenir un autre Christ. C’est en tout être identifié au Christ. Avec le baptême, plus rien n’est comme avant parce que je suis déjà sauvé par la mort et la résurrection du Christ dont j’accueille toute la vie en moi. Cela signifie que j’ai renoncé au Mal et que j’ai choisi de vivre comme le Christ, entièrement donné à Dieu et aux autres. Avec le baptême, plus rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur puisque désormais nous lui sommes configurés. Marc, dans l’évangile entendu en ce jour, identifie à l’extrême le baptisé avec le Christ : en son nom, ils chasseront les esprits mauvais ; ils parleront un langage nouveau ; et s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. Ce que Jésus a fait, le baptisé devient capable de le faire puisque désormais le Christ vit en lui.
On comprend alors que la joie de Pâques n’est en rien diminuée, au contraire ; le baptisé est celui qui vit de cette joie en permanence. Il vit du Christ ressuscité, il vit avec le Christ ressuscité, il vit pour que le Christ ressuscité continue d’être porté aux hommes et aux femmes de son temps. Le baptisé est un authentique ambassadeur du Christ ressuscité, ambassadeur qui désire toujours plus vivre de celui qui l’a appelé des ténèbres à la lumière. Comme elle devient vraie alors la prière qui conclura notre célébration, après la communion : elle nous dit tout le mystère de cette fête qui réjouit nos cœurs parce que déjà nous sommes, en Jésus ressuscité et élevé dans la gloire, auprès de Dieu. Prenons un temps de silence pour la faire nôtre. Dieu, qui nous donnes les biens du ciel alors que nous sommes encore sur la terre, mets en nos cœurs un grand désir de vivre avec le Christ en qui notre nature humaine est déjà près de toi. Lui qui règne pour les siècles des siècles. Amen.
(Vitrail du Christ, dit de Wissembourg)
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