Jésus envoie en mission.
Un dimanche curieux que celui-ci.
Alors que tout le monde ne pense que vacances et voyages, voilà que la liturgie nous rappelle de manière forte et précise que Dieu nous appelle et qu’il nous envoie. Comme s’il n’y avait pas de repos dans l’annonce de la Bonne Nouvelle. Jusqu’à présent, Jésus s’occupait de cette annonce : maintenant, il partage sa tâche, il étend son pouvoir sur les forces du Mal à ses disciples. Il les envoie, deux par deux. Et les consignes sont plutôt strictes : ils n’ont droit qu’à un bâton et à une paire de sandales. En fait juste ce qu’il faut pour bien marcher, pour signifier que la foi est un chemin à emprunter et à suivre tout au long de sa vie.
En envoyant ainsi ses disciples, tous issus d’autres corps de métier, Jésus rejoint ainsi la pratique même de Dieu qui consiste à envoyer qui il veut, comme il veut, quand il veut, où il veut. Il n’y a pas de spécialistes de la parole, pas de grand théologiens ; simplement des pêcheurs, des paysans, des fonctionnaires ; monsieur tout-le-monde, quoi ! Comme jadis le prophète Amos avait été cherché derrière ses chèvres et ses boeufs par YHWH pour aller dans l’autre royaume pour porter la parole de Dieu. A prendre ainsi n’importe qui, l’on comprend les réactions de ceux qui pensent avoir tout compris, parce qu’ils sont du crû, parce qu’ils connaissent bien les gens du village, et qu’ils savent qu’ils n’aiment pas, eux, cette nouveauté de quelqu’un qui n’est même pas du pays. Mais allez donc dire à Dieu de mieux choisir ses envoyés !
Voilà donc nos disciples envoyés, avec le strict minimum. Un bâton, des sandales. Rien de plus ! Et comme message, pas de grand programme pastoral, pas de grands moyens de communication. Juste une invitation à se convertir et l’autorité nécessaire sur les forces du Mal pour appuyer leur témoignage. Nous serions perdus, nous qui avons besoin de tant de chose pour élaborer, réaliser et évaluer notre mission. Les disciples n’avaient que ces simples choses nécessaires pour bien marcher et la compagnie d’un frère. Parce qu’à deux, la parole a plus de poids. Parce qu’à deux, on peut se soutenir. Parce qu’à deux, on doit vivre aussi ce que l’on prêche. Parce qu’à deux, c’est forcément la parole de l’autre que l’on transmet et non ses propres élucubrations. Ils n’ont peut-être pas de programme pastoral, mais ils ont compris l’essentiel : témoigner de ce que l’on croit et vivre ce que l’on croit.
Aujourd’hui encore, Dieu envoie des hommes et des femmes pour témoigner de lui, pour annoncer encore la Bonne Nouvelle de Jésus Christ. Il y a en premier lieu les ministres ordonnés, appelés d’une manière particulière au service de l’Eglise. Mais il y a aussi tout croyant appelé à faire de sa vie un témoignage de sa foi. Que seraient nos églises sans la foi simple de celles et ceux qui prient pour elle ? Que serait l’annonce de la Bonne Nouvelle sans la patience de toutes ces catéchistes qui au long de l’année sont souvent obligées de prendre la place des parents pour dire les premiers mots de la foi aux enfants ? Que serait l’Eglise du Christ si seuls les prêtres et les religieux travaillaient à la vigne du Seigneur ? Chaque croyant doit faire totalement, mais seulement ce qui lui revient, en fonction de la place qui est la sienne. Totalement, cela signifie que personne ne peut se soustraire à l’obligation morale de témoigner de sa foi pour faire avancer et grandir le Règne de Dieu ; mais seulement ce qui lui revient, cela signifie que je n’ai pas à prendre la place d’un autre, ni vouloir m’occuper de ce qui lui revient de droit alors que je ne partage pas sa charge.
A ceux qui s’interrogent encore sur le « pourquoi il est nécessaire de témoigner », Paul répond dans la lettre aux Ephésiens dont nous avons entendu l’introduction : parce que Dieu nous a choisi, parce qu’il nous a destinés à devenir ses fils ; parce qu’il nous a donné la connaissance nécessaire en Jésus, son Fils, parce qu’il nous appelle à être de son peuple, un peuple fait de toutes les nations. Nous sommes, avec Dieu, responsables de la construction du Royaume. Nous avons notre part à tenir. Dieu nous appelle, Dieu nous envoie. Saurons-nous répondre gratuitement, par amour ?
(Dessin de Coolus, Blog du Lapin bleu)
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