D’où cela lui vient-il ? N’est-il pas celui que nous connaissons ?
Voilà les seules questions que se posent les habitants du village de Jésus lorsque celui-ci vient chez eux pour enseigner. A la joie de l’événement succèdent bien vite l’étonnement et l’hostilité. Pourquoi ? Simplement parce que ce que l’on sait de cet homme ne correspond pas à ce que l’on voit. Jésus est connu comme le charpentier du village et un charpentier, ça ne prêche pas !
D’où cela lui vient-il ? N’est-il pas celui que nous connaissons ?
A force de faire les questions et les réponses, les villageois ne sont pas capables de s’ouvrir au message de Jésus. Ils sont tellement sûrs de ce qu’ils croient savoir, qu’ils sont incapables de comprendre que cet homme, Jésus, a une mission à remplir. Ils sont tellement aveuglés par leur connaissance, supposée vraie, qu’ils ne discernent pas en lui l’envoyé de Dieu. Jésus se retrouve, de fait, dans la position de ces nombreux prophètes qui avaient un message à délivrer de la part de Dieu mais qui n’ont jamais été écoutés.
D’où cela lui vient-il ? N’est-il pas celui que nous connaissons ?
Puisque l’opposition est manifeste, puisque leur manque d’ouverture ne leur permet pas de reconnaître en lui un envoyé de Dieu, Jésus se trouve affaibli. Il lui est impossible de faire un seul miracle, le manque de foi de ses compatriotes étant plus fort que sa volonté de salut. Encore une fois, la toute puissance de Dieu est battue en brèche par la non foi de ceux qui auraient pu en bénéficier. Pas la peine de s’éterniser dans ce village ; ce serait une perte de temps. Il y a tant à faire ailleurs, là où les gens en ont vraiment besoin, là où les gens sont capables de s’ouvrir à la présence de Dieu, à sa volonté de salut.
D’où cela lui vient-il ? N’est-il pas celui que nous connaissons ?
Les temps n’ont pas beaucoup changé depuis ce jour où Jésus n’a pas été reconnu dans son propre village. Là se trouve sans doute la raison de la pratique ecclésiale qui consiste à ne jamais envoyer un pasteur dans son village d’origine, ainsi que le refus de l’Eglise de laisser les gens choisir leur pasteur. Pour l’Eglise catholique, le ministère se reçoit, de Dieu. Pour que celui qui l’exerce ne soit soumis à aucune pression, il est préférable que personne ne le connaisse. Comment pourrait-on percevoir la nouveauté de ce qu’il a à nous dire si, avant même qu’il n’ouvre la bouche, on s’imagine connaître ce qu’il va nous dire. Comme Jésus l’a été en son temps, le prêtre est le témoin de la nouveauté de Dieu, celui qui nous dit que Dieu n’est pas forcément là où nous l’avons toujours cherché, celui qui nous fait sortir de notre routine et de nos discours tout fait sur Dieu.
D’où cela lui vient-il ? N’est-il pas celui que nous connaissons ?
Le refus de la nouveauté a entraîné les contemporains de Jésus à vouloir le supprimer. Le refus de la nouveauté entraîne encore aujourd’hui des hommes et des femmes à vouloir supprimer celui qui dérange, celui qui nous empêche de faire comme nous voudrions, celui qui a une parole différente et originale. Autrefois, les gens lançaient des pierres ; aujourd’hui courent la calomnie, les propos méchants voire racistes, dans certains cas (pensez-donc, c’est un étranger ; que peut-il bien comprendre à notre société, à notre Eglise ?). Nous oublions souvent trop vite que celui que l’Eglise envoie comme pasteur ordinaire d’un peuple est envoyé de Dieu, chargé de poursuivre l’annonce de la Bonne Nouvelle, la même Bonne Nouvelle que Jésus annonçait déjà. Jésus lui-même a dit à ses disciples : qui vous accueille, m’accueille, sous entendu celui qui ne vous accueille pas, ne m’accueille pas non plus ! Chaque prêtre sait qu’il aura quelquefois des difficultés à se faire entendre. Mais chaque prêtre espère surtout que les gens sauront lui faire confiance sur le chemin où il veut les emmener. C’est toujours un chemin de service et d’amour. C’est souvent un chemin différent que le pasteur précédent, parce qu’il est lui-même différent du pasteur précédent ; mais ce chemin conduit aussi à Dieu. C’est le chemin qu’il connaît le mieux que le prêtre nous invite à suivre. Alors oui, ça dérange ; alors oui, ça change. Mais reconnaissons qu’un peu de nouveauté n’a jamais fait de tort à personne. Ce qui compte, c’est le but à atteindre. Ce qui compte, c’est que nous y arrivions ensemble. Ce qui compte, c’est l’amour que nous aurons su employer pour suivre le chemin et atteindre le but fixé. Le reste n’est que détail.
D’où cela lui vient-il ? N’est-il pas celui que nous connaissons ?
Pour suivre le Christ, il aura fallu que ces disciples acceptent de se décentrer, qu’ils se laissent entraîner sur ses chemins. Leur vie, leurs habitudes ont été bouleversées, mais toujours ils ont fait confiance. Au bout du chemin, ils ont trouvé la vie. La même confiance nous est demandée vis-à-vis de nos pasteurs. Au bout du chemin qu’ils nous invitent à suivre, il y a la vie, il y a le Christ. AMEN.
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