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dimanche 11 novembre 2012

32ème dimanche ordinaire B - 11 novembre 2012

Quand les pauvres nous évangélisent !



Deux pauvres veuves ; deux époques différentes et pourtant une même histoire. L’histoire d’une femme pauvre qui partage ce qu’elle a de plus essentiel pour sa propre survie. Voilà posé le tableau de l’enseignement de ce dimanche. Nous pourrions l’intituler : Quand les pauvres nous évangélisent !

La première veuve est celle de Sarepta, au temps du prophète Elie. Il y avait alors, sur l’ordre de Dieu, une grande sècheresse dans le pays, à cause des nombreuses offenses faites à Dieu par les rois successifs. Qui dit sècheresse, dit famine si celle-ci dure de trop. Plus d’eau, donc plus de récolte, donc plus rien à manger. Le prophète est envoyé par Dieu à Sarepta, chez cette veuve. Mais elle n’a plus rien : juste de quoi faire un dernier pain et attendre la mort, avec son fils. Elle s’est résignée à cette éventualité. Va-t-elle partager le peu qui lui reste ? Elle choisit de faire confiance à la parole du prophète et la jarre de farine ne s’épuisa pas et le vase d’huile ne se vida pas. Est-ce le miracle du prophète ? Est-ce un miracle de Dieu ? C’est d’abord le miracle de cette femme qui choisit de faire confiance à Dieu à travers son prophète, alors que dans le pays, depuis longtemps, les hommes s’étaient détournés de lui. Elle a cru à l’impossible ; elle a cru qu’en donnant tout, elle recevrait tout. Et c’est ce qui fut. Dieu n’abandonne pas ceux qui lui font confiance ; la fidélité à sa Parole est récompensée.

La deuxième veuve ne fait pas de miracle ; elle se présente juste à la salle du trésor, comme tant d’autres, et va mettre son offrande dans le tronc. Ce n’est pas grand choses : deux piécettes, autant dire trois fois rien. Trois fois rien qui ont dû être remarqués par certains qui donnaient plus ; sans doute même, certains se moquèrent-ils en leur for intérieur : si c’est pour mettre si peu, elle aurait pu le garder. J’imagine la discrétion de cette femme, ainsi que sa gêne à passer après que des riches aient déposé de grosses sommes. Elle ne doit avoir qu’une hâte : rentrer chez elle. Mais voilà, son geste n’est pas passé inaperçu. Jésus était assis là, à regarder. Et il fait l’éloge de cette femme à ses disciples. Pour lui, ce ne sont pas les grosses offrandes des riches qui sont impressionnantes, mais bien les deux piécettes de cette femme, veuve et pauvre. Parce que cette femme, comme jadis la veuve de Sarepta, a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre, précise Jésus. Elle n’a pas fait de miracle, mais elle a posé un geste qui est d’abord geste d’amour, geste de partage, malgré son indigence. Ceux qui ont donné de grosses sommes, ont donné de leur surplus : cet argent ne leur manquera pas. Mais elle, elle n’avait que cela, et même cela elle l’a donné. D’où le constat de Jésus : elle a mis dans le tronc plus que tout le monde. Elle y a mis sa vie. Il n’est pas dit qu’elle a eu la même chance que la veuve de Sarepta ; mais il est certain qu’elle a gagné ainsi sa place dans le Royaume que Jésus annonce. N’a-t-elle pas, avant l’heure, imité Jésus qui donnera sa vie pour le salut du monde ?

J’aime beaucoup la gravure que Gustave Doré a faite de cette page d’Evangile parce qu’il nous montre déjà la femme dans la lumière de Jésus. Elle est comme prise dans une auréole qui répond à l’auréole du Christ. En donnant tout, elle est comme entré dans le cœur de Jésus, prise dans sa sainteté. Elle a la même attitude que lui. Elle pose un acte d’amour comme Jésus seul sait le faire : elle donne sans rien attendre en retour. Dans sa pauvreté, elle pense à plus pauvre qu’elle et donne encore. Ce qu’elle donne, ce n’est pas grand-chose, mais cela peut faire la différence pour celui qui n’a même pas deux piécettes à lui.

Sur la gravure de Gustave Doré, la lumière qui l’enveloppe éclaire aussi, à la marge, les riches, drapés dans leur contentement, et qui semblent prendre la pauvre femme de haut. Mais on comprend bien, à regarder l’œuvre, qui doit être imité, qui est digne d’éloge. Et si vous faites le rapprochement avec l’Evangile de dimanche dernier, alors vous comprendrez aussi pourquoi elle est digne d’éloge. Pas seulement parce qu’elle a partagé, mais parce que, à travers cet acte, elle montre qu’elle aime comme Dieu seul aime, comme Dieu nous demande d’aimer.

Ainsi, l’histoire de cette femme interroge notre propre histoire, notre propre pratique, notre propre amour. Si, comme Jésus nous le demandait dimanche dernier, nous savons accueillir l’amour de Dieu dans notre vie, alors notre vie en sera bouleversée, transformée de l’intérieur. Nous deviendrons toujours plus capables d’être et d’aimer comme Dieu. Cette femme n’avait rien, si ce n’est Dieu ! Dans ce don qu’elle fait de ce qui est nécessaire pour elle, elle donne plus que deux piécettes : elle donne tout l’amour dont elle est encore aimée de Dieu alors que les hommes l’avaient mise de côté. Sa pauvreté aurait pu la refermer sur elle-même : personne ne m’aide, pourquoi est-ce que j’aiderais les autres ? Mais elle a choisi d’aimer, encore et toujours, comme Dieu seul sait aimer. Nous aussi, nous pouvons faire ce choix, quelles que soient les difficultés et les épreuves de la vie. L’amour que nous donnons nous sera toujours rendu et notre vie en sera plus belle ! C’est pour cela que Jésus est venu chez nous ; c’est pour cela que nous le célébrons dimanche après dimanche : parce que nous voulons le remercier de tout ce qu’il fait pour nous. Et s’il est important de le remercier ici, il est aussi important de le remercier en poursuivant son œuvre d’amour, en aimant toujours plus et toujours mieux.

Pour y parvenir, n’hésitons pas à reprendre la prière qui ouvrait notre eucharistie : Dieu qui est bon et tout-puissant, éloigne de nous tout ce qui nous arrête, afin que sans aucune entrave, ni d’esprit ni de corps, nous soyons libres pour accomplir ta volonté. C’est ainsi, en accomplissant ce que Dieu veut, que nous parviendrons au Royaume où Dieu lui-même nous attend. Amen.

(Gravure de Gustave DORE, L'obole de la veuve)

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