Avec ce trente-troisième dimanche du temps ordinaire, nous refermons l’Evangile de Marc pour ne l’ouvrir à nouveau que dans trois ans. Nous achevons ainsi une année de compagnonnage avec ce témoin de Jésus Christ. La page d’Evangile qui nous est proposée peut nous paraître bien sombre : on y parle de chute des astres, de grande détresse. Et pourtant, loin d’être entraînés à la désespérance, nous sommes invités à la joie et à la confiance. Nous terminons ainsi cette année comme nous l’avions commencée : dans la joie de l’attente de celui qui doit venir : Jésus, le Ressuscité, victorieux de la mort et des ténèbres. Tout au long de cette année, Marc nous a livré des motifs d’espérance. Avec vous, je voudrais parcourir une dernière fois son Evangile pour les y retrouver.
Le premier motif d’espérance, c’est l’annonce de la venue d’un Sauveur. Aux hommes qui doutent, aux hommes qui sont emportés par le tourbillon de l’histoire, il est annoncé qu’il vient, le Messager de Dieu. Nous devons nous préparer à sa venue, pour pouvoir le reconnaître lorsqu’il viendra. De faux prophètes se lèveront, mais celui qui est fidèle à la parole du Christ saura discerner les signes de son retour. Il ne vient pas juger le monde ; il vient annoncer une Bonne Nouvelle : l’homme est fait pour vivre !
Deuxième motif d’espérance. L’homme pécheur n’est pas perdu ; il lui est possible encore de se convertir. Marc ne cesse d’appeler ses lecteurs à la conversion, au changement radical de vie. Il nous invite à porter sur notre vie, sur notre monde, sur les autres, le regard même de Dieu. Non, l’homme n’est pas enfermé dans son mal : il a cette merveilleuse possibilité de changer de vie s’il reconnaît en Jésus son Sauveur. Il n’est pas trop tard pour que nous réorientions nos choix, il n’est pas trop tard pour renouer des amitiés humaines, pour renouer notre amitié avec Dieu. Nous pouvons être délivrés du mal en prenant la route de la liberté que le Christ a inauguré dans l’acte même de sa passion. Dans sa mort/résurrection, il ouvre en effet à tout homme un chemin de vie.
C’est là le troisième motif d’espérance : ce Jésus qui vient et qui invite à la conversion est plus fort que le Mal. Il commande aux esprits mauvais et ils lui obéissent. Il marche sur la mer, montrant ainsi qu’il ne se laisse pas submerger par les forces obscures. Par sa mort et sa résurrection, il a définitivement mis un terme au règne de la mort même. L’ultime adversaire, l’ultime obstacle à la vie est vaincu par la croix, arbre de vie éternelle. Le Christ inaugure le Royaume qu’il annonce !
Quatrième motif d’espérance : ce Royaume est déjà à l’œuvre dans le cœur des hommes qui écoutent la parole du Christ. Si nous laissons cette parole grandir en nous, si nous la laissons réaliser son œuvre de conversion en nous, nous deviendrons des témoins et des bâtisseurs de ce Royaume. De pardons donnés en pardons reçus, nous progressons – et le monde progresse avec nous – dans la construction et la venue définitive du Règne de Dieu.
Cinquième motif d’espérance : Jésus vient pour tous les hommes. Pour preuve, son alternance à réaliser sa mission aussi bien à Jérusalem que dans la Galilée des nations. Jérusalem est cette ville fermée sur elle-même, refuge des bien-pensants, sûrs de leur vérité et n’acceptant pas qu’on la conteste. La Galilée des nations est au contraire un lieu d’ouverture. Certains pensaient qu’il n’en sortirait jamais rien de bon : Isaïe pourtant avait annoncé que Dieu s’y manifesterait aux païens. Et c’est bien là que Jésus passe son enfance, qu’il vit, prêche et que les foules l’accueillent avec enthousiasme. Cette région est ouverte et c’est de là que Jésus se rendra à Tyr et à Sidon. L’Evangile parvient ainsi à tous les hommes, quelle que soit leur culture.
Sixième motif d’espérance : Jésus se révèle Pasteur de son peuple. C’est lui qui est chargé par Dieu de rassembler, d’instruire et de nourrir son peuple. Par deux fois, il nourrit une foule considérable. A ce peuple sans espoir et sans repère, il redonne courage et indique la route à suivre pour vivre pleinement heureux. Il réoriente le regard vers les autres, vers le Tout-Autre.
Septième motif d’espérance : Jésus redonne à l’homme – et à Dieu – leur dignité. En guérissant de nombreux malades, Jésus vient réaffirmer le droit de chacun à être considéré tel qu’il est ; il vient redire que la souffrance n’est pas une punition divine et que Dieu ne se venge pas de l’homme. Le Dieu de Jésus Christ est Dieu pour la vie. En guérissant les malades, Jésus réaffirme que tout homme, même malade, estropié, aveugle, muet…a sa dignité et qu’il n’y a pas là motif à rejet. Il vient redire avec force que les petits sont les préférés de Dieu et que l’amour pour Dieu se traduit dans l’amour du prochain, du petit.
Le huitième motif d’espérance se trouve justement dans ses signes apocalyptiques dont parle l’Evangile de ce jour. La chute des astres annonce la fin du règne des divinités et la venue ultime du Fils de l’Homme. Pour celui qui a essayé de vivre fidèlement selon la parole du Christ, il n’y a pas à s’inquiéter : au contraire ! Lorsque tous les faux dieux disparaîtront, le Fils de l’Homme pourra enfin être reconnu par tous et notre espérance trouvera en lui sa récompense. Alors nous verrons de nos yeux celui dont nous attendons la venue dans la gloire : Jésus, le Ressuscité, Dieu vivant à jamais, celui dont Marc justement témoigne.
Aujourd’hui, nous refermons l’Evangile de Marc. Mais ne fermons pas notre espérance. Soyons témoins, à notre tour, de ce Christ qui vient sans cesse frapper à notre porte. Approfondissons notre foi en lui et nous pourrons proclamer avec le centurion romain : vraiment, cet homme est Fils de Dieu. AMEN.
(Photo de l'auteur : Saint Marc, Détail de stalles de la catédrale de Zagreb)
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