Veillez !
A nouvelle année, nouveau parcours biblique ! Et ce parcours sera marqué cette année par l’évangile de Luc. Nous ne commençons pas sa lecture par le chapitre premier, mais par cet appel de Jésus à rester éveillé. Dès le début de cette nouvelle année liturgique, nous voici donc établit veilleur. Mais qu’est au juste cet état de veille dans lequel nous sommes censés demeurer ?
Jésus nous donne une première réponse dans l’évangile : veiller, c’est rester éveillé ! Nous pourrions dire, après quelques années de pratiques liturgiques, que nous savons tout sur tout, tout sur Dieu. Plus rien ne nous surprendrait ! Cette nouvelle année liturgique ne sera différente des autres : et de fait, elle va dérouler le même temps liturgique, dans le même ordre immuable : Avent, Noël, un bout de temps ordinaire avant que nous ne plongions dans le Carême, la Semaine Sainte pour en ressortir à Pâques. Nous vivrons alors un temps pascal sur sept semaines avant de revenir à l’ordinaire… Une succession de temps et de fêtes qui ne nous dérange pas plus que cela et qui rythme notre vie religieuse et civile. Rien de neuf sous le soleil comme dirait l’ecclésiaste. Et bien non, veiller, ce n’est pas subir ainsi le temps, comme si nous n’avions sur lui aucune prise. Veiller, selon Jésus lui-même, c’est justement regarder ce temps et le vivre en y repérant les signes que Dieu nous donnera, en guettant la venue de celui qui doit venir et être prêts à l’accueillir. Il ne faut donc pas subir le temps, mais nous y engager pleinement et sans cesse donner le meilleur de nous-mêmes.
Saint Paul nous livre alors une seconde piste pour veiller justement : grandir dans l’amour fraternel. Je ne veille pas pour moi tout seul, je veille aussi sur les autres. Il s’agit bien, pour Paul, de ne pas nous reposer sur nos lauriers : vous avez appris de nous comment il faut vous conduire pour plaire à Dieu ; et c’est ainsi que vous vous conduisez déjà. Faites donc de nouveaux progrès. Nous n’aurons jamais fini de devenir chrétiens, nous n’aurons jamais fini de l’être toujours plus. Nous n’aurons jamais fini de grandir en sainteté. C’est un état permanent, dans lequel Dieu seul peut nous maintenir. Nous comprenons alors mieux l’importance de la prière soulignée par Jésus dans l’Evangile : priez en tout temps. Tout est lié : l’amour de Dieu manifesté par nos cœurs à cœur avec lui dans la prière et l’amour des frères manifesté par une vie conforme à l’enseignement des Apôtres. Veiller, dans un esprit chrétien, c’est bien tenir le tout ensemble, sans jamais ralentir, sans jamais laisser notre foi s’affadir. Si Benoît XVI a proclamé cette année, une année de la foi, c’est peut-être parce qu’il nous faut reprendre à frais nouveau ce que nous croyons savoir, ce que nous vivons déjà et ce que nous pouvons encore améliorer. Et ce n’est pas un hasard non plus qu’elle ait commencé par un synode sur l’évangélisation qui nous a redit avec force l’urgence de vivre notre foi sérieusement pour qu’elle soit remarquable et désirable par d’autres, par ceux qui ne connaissent pas encore le Christ. Si nous vivons notre foi comme de tristes sirs, comment d’autres pourraient-ils avoir envie de venir à la foi et de la partager avec nous ?
Quand cela est posé, nous pouvons alors relire le prophète Jérémie : il nous dit pour qui nous veillons ; il nous indique le but ultime. C’est bien sûr la venue du Sauveur promis par Dieu. Ce n’est pas une promesse en l’air, nous dit le prophète : elle se réalisera. C’est pour ce jour que nous veillons, c’est ce Germe de Justice que nous attendons dans la foi. Et quand il viendra, notre monde sera transformé : droit et justice seront exercés, et nous goûterons enfin ce bonheur après lequel nous courons si souvent. La seule venue du Messie comblera toutes nos soifs, toutes nos attentes, toutes nos espérances. Dieu ne viendra pas nous punir, il viendra nous rendre heureux. Ce bonheur mérite que l’on s’y prépare par notre veille incessante.
De l’invitation de Jésus à veiller, à prier sans cesse, du rappel de Paul que Dieu seul peut nous maintenir dans la sainteté que nous sommes appelés à vivre, il ressort que notre temps de veille sera un temps avec Dieu ou ne sera pas. C’est donc vers lui que je vous invite à vous tourner toujours, dans la prière. Vous pourrez le faire en reprenant les mots du psaume 24 que nous avons chanté ensemble (Vers toi, Seigneur, j’élève mon âme). Je veux le faire maintenant en votre nom avec mes propres mots :
Au moment où nous commençons une nouvelle année liturgique, Seigneur, tu nous invites à entrer en veille. Non pas à nous éteindre ou à nous reposer, mais à t’attendre activement en scrutant les signes des temps. Accorde-nous, Seigneur, de veiller à ton retour avec toute l’ardeur nécessaire. Que ce temps de l’Avent soit pour nous l’occasion de nous rapprocher de toi, le Vivant pour les siècles des siècles. Amen.
(Dessin : Détail d'un Retable de Noël, site Prions en Eglise)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire